Gilets jaunes, déçus mais toujours là
Le 17 novembre beaucoup de gilets jaunes ont pensé que le soutien des routiers serait là. Déception.
Ensuite l’espoir s’est porté, surtout en Tarn-et-Garonne sur les agriculteurs. Déception.
Il y a eue seulement des soutiens temporaires et individuels.
Pour d’autres le soutien allait venir des étudiants et lycéens. Déception.
Déceptions et pourtant ils sont toujours là même si certains du début on rangé le gilet, et d’autres qui l’avaient oublié ont décidé de s’en emparer.
Le gilet est toujours là mais masque des mutations du mouvement issues du mouvement lui-même. Preuve qu’il s’agit, non pas d’une simple explosion, mais d’une quête d’un autre avenir.
A présent je vois naître l’espoir en une grève générale. Je prends le risque de l’écrire : la déception sera aussi au bout. Elle se manifeste fortement à Toulouse où dans le dernier défilé un mouvement politique a enfreint la tradition gilets jaunes, en défilant avec son drapeau : Lutte ouvrière.
Toulouse est toujours un cas à part et la CGT a fait quelques efforts pour coopérer avec les gilets jaunes. A Montauban la dirigeante du syndicat a même lancé la grève générale et reconductible en novembre ! Mais attention, il ne s’agissait pas de se montrer solidaire des gilets jaunes, mais plus fort que les gilets jaunes ! Sur le site internet du syndicat pas la moindre évocation des actions quotidiennes des gilets jaunes. Sur le site CGT 31, c’est pas mieux. Allez voir, le détour vaut le voyage ! Si vous demandez « gilet jaune » sur leur moteur de recherche voici le message : «Désolé, mais rien ne correspond à votre recherche. Veuillez réessayer avec des mots différents.» Que hier des gilets jaunes aient obtenu une rencontre à la Bourse du Travail, ce n’est pas d’actualité sur le site du syndicat !
Pourtant j’en conviens, si Airbus se mettait en grève ça serait peut-être le début d’une autre forme du mouvement mais comme je l’ai écris, j’en doute.
En fait les gilets jaunes doivent l’admettre : ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes à condition qu’ils ne se déçoivent pas eux-mêmes. Pour ça la structuration devient l’élément le plus urgent ! Il peut m’arriver, à mon tour, d’être déçu et de voir le mouvement l’effilocher pour se réduire petit à petit à une poignée de noyauteurs. Pour éviter cette fin, un appel pour le 19 janvier proposant une journée nationale d’assemblées populaires avec l’objectif de désigner non pas deux chefs par groupes mais deux représentants pour arriver par exemple à la mise au point d’une plateforme départementale internet, et à une coordination ne se substituant en rien aux décisions des uns et des autres, mais faisant circuler l’info, il me semble que ça serait un pas en avant. Sur les facebook il est frappant de constater que les gilets jaunes s’intéressent plus à Macron et sa police, qu’à ce que fait le groupe gilet jaune de la ville voisine !
Quant à cet autre espoir qui germe ici ou là, une rencontre entre les gilets jaunes et le «peuple» des banlieues, là aussi je pressens que c’est peine perdue.
Ailleurs j’ai déjà expliqué les raisons des diverses déceptions mais à l’occasion j’y reviendrais.
Jean-Paul Damaggio