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Vie de La Brochure
27 mars 2019

Le temps des diasporas

A en croire le dictionnaire historique de la langue française le mot diaspora est entré voici peu dans la langue française (1908) en venant du grec où il signifiait la dispersion des juifs. L’autre exemple donné est celui de la diaspora arménienne. Les Espagnols ont le même mot mais je ne sais depuis quand. Il apparaît donc pour désigner la dispersion religieuse. Puis le sens s’est étendu et banalisé. J’y reviens à cause de la fête de l’Indépendance de leur île que des Mauriciens ont célébré à Marseille et dont René Merl m'a informé. Nous pourrions évoquer la diaspora algérienne qui vient de se regrouper en soutien aux révoltes de leur pays. Et nous sommes en mars 2019 avec la célébration de La Retirada qui a produit en France une "diaspora" espagnole. Raisons religieuses, politiques, économiques, ont toujours provoqué et provoquent des exils en tout genre. Tous les exils donnent-ils lieu à une diaspora ?

Et d’ailleurs pourquoi ce mot arrive-t-il si tard dans notre langue pour signifier une réalité si ancienne ?

Parlait-on au XIXe siècle d’une communauté juive pour désigner la diaspora ? Le mot communauté est beaucoup plus vieux et s’allie à présent avec celui d’identité. En fait la question cruciale est celle du rapport de l’individu au collectif. Notre monde de l’atomisation générale isole toujours plus l’individu, qui, en retour, se cherche une identité, une communauté, une diaspora.

Or autre fois le collectif était si puissant, celui religieux, de village, familial, voire national, que la diaspora était naturelle et n’avait donc pas besoin d’être nommée.

La communauté italienne s’installant dans le Sud-Ouest de la France de 1924 à 1938 transportait dans ses bagages une histoire qu’il n’était pas nécessaire de reconstruire (que même certains cherchaient à oublier). C’est comme le cas d’un village de l’Aveyron qui immigra presque tout entier en Argentine pour y faire fortune.

La diaspora induit deux phénomènes : l’individu qui se cherche un groupe perdu et en plus un repère vénéré, une origine célébré. Beaucoup ont été surpris par la ferveur algérienne manifestée ces derniers temps, par des habitants d’origine algérienne vivant en France. Le phénomène avait fait discussion au cours d’un match de foot France-Algérie : des drapeaux algériens furent brandis par des Algériens de France. D’où le discours : mais si vous aimez tant l’Algérie, revenez-y !, discours qui ne peut qu’alimenter la revendication des origines.

En fait, dans le monde actuel, l’individu ne retrouve dans de telles occasions communautaires que l’illusion d’une diaspora car l’individu reste plus fort que le groupe ce qui est réjouissant quand on se souvient que les règles imposées par le groupe (familial, de village, religieux) étaient des prisons. Mais le repli individuel peut lui aussi enfermer l’individu devenu libre. D’où, pour lutter contre ce risque le succès de skype, facebook et autres outils numériques qui font que l’éparpillement des familles peut se rétablir virtuellement. Et à certaines occasions, le virtuel donne lieu à un «événement» qui enfin le rend visible.

L’atomisation du monde va-t-il susciter la reconstruction des féodalités ? Le capitalisme impose cette évolution car elle permet de contourner les acquis démocratiques qui reposent sur des collectifs plus vastes, plus divers, plus mélangés, plus mobiles.

Contre l’atomisation on a assisté à des épurations ethniques dans des pays où les diverses communautés cohabitaient pour le phénomène «national». Ce n’est pas la France qui est composée de milles origines mais le fait national français qui a permis ce phénomène. Il est sidérant de constater que ceux qui dénoncent les nations existantes, j’enthousiasme pour la création de nations à créer qui ne sont pas des nations mais des féodalités ! Je pense bien sûr au cas catalan.

Cracher sur les nations a toujours pris deux formes : celles d’extrême-droite qui met telle nation au-dessus de la voisine (le nationalisme), et celles d’extrême-gauche qui désigne telle nation comme plus oppressive que la voisine (l’anti-nationalisme).

Et le capitalisme jongle avec les deux postures pour mieux perpétuer sa propre domination économique dont nous savons aujourd’hui qu’elle est la plus grande force de « l’internationalisme » !

Comment transformer la rencontre, par-dessus les frontières, d’individus connectés au monde, en force démocratique ? J-P Damaggio

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