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Vie de La Brochure
21 août 2019

Après la mort de Garcia Lorca

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Août c’est toujours le moyen d’une pensée pour Lorca. J’ai déjà évoqué cette question de la mort du poète et je reprends ici cet article de Regards, revue proche du PCF. J-P Damaggio

 Regards 9 juin 1938

LES LETTRES

Federico Garcia Lorca poète fusillé.

 INTERPRÉTÉE par Le Rideau de Paris, de Marcel Herrand et Jean Marchat, la pièce de Federico Garcia Lorca : Noces de Sang, vient d'être présentée, - pour la première fois en France, par l'Association internationale des écrivains pour la défense de la culture. Emouvant hommage à la mémoire du poète espagnol qui, dans l'été 1936, fut fusillé par les bandes du traître Franco !

Né à Grenade en 1899, Lorca était le type même de l'intellectuel ouvert à toutes les lumières. Licencié en droit, il se consacra exclusivement aux Lettres et, dès 1918, il publia dans sa ville natale un, ouvrage de prose : Impressions et paysages. En 1921, il fit paraître une plaquette de vers : Libro de Poemas, qui reçut un accueil aimable de la part des milieux lettrés.

Grand voyageur, il fit plusieurs séjours en Angleterre, aux Etats-Unis et à Cuba.

Je ne parle pas de la France, qu'il aimait entre tous les pays, qu'il fréquentait assidûment et qu'il refusait de considérer comme un pays étranger au sien.

De 1921 à 1927, le jeune écrivain ne publia rien. Il voyage, s'instruit, accumule les matériaux.

Poète essentiellement national — ce qui ajoute encore à la honte des auteurs de sa mort paradoxale — Federico se sent l'âme d'un folkloriste acharné. Il explore tous les recoins de sa chère patrie et y recueille une moisson abondante et bigarrée de chansons populaires. Il exhume, en même temps, de vieux romances oubliés qu'il enregistre lui-même, pour les archives du Centro de Estudios historicos. Ainsi, il contribue, dans une large part, à enrichir le patrimoine national.

En 1927 il publie à Malaga un recueil de Chansons. Mais ce n'est qu'en 1928, -il est alors âgé de 29 ans - qu'il fait paraître son chef-d'œuvre poétique : le Romancero gitano. Publié d'abord par la Revue d'Occident, à Madrid, l'ouvrage donne lieu à une seconde édition en 1929.

Entre temps, Lorca s'occupe activement de théâtre. Sa première pièce, Mariana Pineda, est représentée pour la première fois -à Madrid, en octobre 1927.

Successivement en 1930, 1931 et 1933, trois autres pièces : La Cordonnière prodigieuse, L'Amour de Dom Perlimpin et Noces de Sang (Bodas de Sangre, celle-là même que l'on vient de jouer à Paris) sont représentées au Théâtre Espagnol et au Théâtre Maria-Isabel de Madrid.

Au lendemain de la chute de la monarchie, Federico Lorca, qui s'est toujours tenu à l'écart de la vie politique, est nommé membre des missions pédagogiques que vient de créer le nouveau gouvernement républicain. On sait que l'une des premières tâches qui s'imposèrent aux nouveaux chefs de l'Espagne — lesquels n'étaient ni des marxistes, ni des socialistes révolutionnaires, mais seulement des démocrates, des bourgeois cultivés, des réformistes — la première tâche fut de secouer l'inimaginable torpeur dans laquelle l'oppression de la Couronne et du Clergé avait tenu une grande partie de la population et notamment celle des campagnes. Lorca fut un de ces hommes chargés, non d'apprendre à lire à ses concitoyens les plus retardataires, mais seulement de les éveiller à la simple conscience humaine.

Le dernier chapitre de la vie du poète, son lâche assassinat par les fascistes, nous ne le savons que trop; il est évoqué dans l'un des plus beaux poèmes d'Antonio Machado, intitulé Le Crime eut lieu à Grenade, et qui se termine ainsi :

«…On les vit s'éloigner. ,

Taillez, amis,

dans la pierre et le rêve, à l'Alhambra,

une tombe au poète,

sur une fontaine où l'eau pleure

et éternellement dise :

le crime eut lieu à Grenade, dans sa Grenade ! »

Si Lorca n'est pas le seul poète qui, célébrant l'Andalousie, a conquis toute l'Espagne (Rafaël Alberti, le poète du peuple, a, lui aussi, chanté admirablement la plaine légendaire), du moins restera-t-il le grand magicien qui a orchestré le plus fidèlement possible la primitive mélodie jaillie de la terre andalouse.

Remarquables par l'éclat et la plasticité de la forme, ses chants présentent la singularité de jouer à tout instant sur deux claviers à la fois. L'un est un clavecin, charmant pour tout ce qu'il éveille en nous d'archaïque tendresse; l'autre, au contraire, un puissant piano moderne, sur lequel le poète plaque des accords dissonants. Tantôt on croit entendre un vieux romance, tantôt l'écho d'une tragédie actuelle.

C'est parce qu'il est resté fidèle à la tradition populaire que Lorca est à la lois puissant et pur. Il sait insérer, dans le moule ancien, des notations toutes neuves. Il redore un blason, avec une dorure nouvelle dont il est l'inventeur.

A la mort d'un ami, Lorca s'écrie :

« Deux voix résonnent, l'horloge et le vent,

Voici sans toi flotter la matinée. »

 

Désormais, ô Federico, poète assassiné par les brutes fascistes, nos matinées flottent sans toi, mais non point sans tes chants. François Drujon

 

François DRUJON.

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