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Vie de La Brochure
17 juillet 2020

Digne et Alexandra-David-Neel

2 juillet 1926 La fronde

Alexandra-David-Neel a son musée à Digne où elle est décédée. Existe-t-il femme plus extraordinaire ? Je ne connaissais rien de son existence en entrant dans le musée, mais je connaissais parfaitement le journal où elle participa parmi ses multiples activités. Avant d'en dire plus, voici un article de La Fronde qui évoque une de ses conférences, et en illustration, une mention du 2 juillet 1926 qui lui attribue un prix d'athléisme pour avoir été la première européenne à entrer à Lhassa. J-P Damaggio

La Fronde 20 novembre 1901

UNE CONFÉRENCE

Les amis de la Fronde sont venus hier à notre appel pour entendre la conférence de Mme Alexandra Myrial, annoncée par le journal sur « le Féminisme et quelques femmes d'Extrême-Orient ».

Mme Alexandra Myrial est une jeune et jolie femme à laquelle une conviction énergique, ses connaissances et ses voyages donnent une incontestable et naturelle autorité.

Il y aurait à glaner beaucoup parmi les détails si variés et si nombreux entre lesquels il a plu à la conférencière de promener nos esprits attentifs.

Cependant comme elle nous a promis d'offrir aux lecteurs de la Fronde le manuscrit de son éloquent discours nous n'empiéterons pas, même pour louanger, sur le terrain promis.

Nous dirons cependant que le début, du plaidoyer nous a paru particulièrement heureux et plein de bonne grâce :

« Le féminisme, a dit Mme Myrial, et les questions qui s'y rattachent ont certainement été bien souvent traités devant vous. Peut-être risqué-je donc d'être importune en y revenant une fois de plus. Excusez-moi. Je suis à peine une civilisée; moitié par atavisme, moitié par l'effet de séjours en des pays lointains, il m'arrive de considérer les choses sous un aspect un peu différent de celui qu'on leur connaît généralement ; par cela même peut-être réussirai-je à mériter votre attention pendant quelques instants. » Mme Myrial est trop modeste, car elle a mérité et retenu notre attention pour d'autres raisons encore.

L'oratrice qui est membre de la Société d'Anthropologie de Paris a pu remonter jusqu'à la matière même des causes d’où sont nées les différences originelles. « Je ne puis admettre de hiérarchie parmi les êtres » a-t-elle dit excellemment, avant de nous entretenir avec une simplicité exempte de tout pédantisme et une jolie ironie sur la vanité «des déductions»,  des résultats scientifiques produits par l'analyse et la dissection. Les différences entre les cerveaux masculins et les cerveaux féminins peu sensibles dans l'enfance augmentent vers l'âge mûr. " Ce qui revient il dire que lo cerveau do la femme privé d'exercice ou moins bien exercé que celui de l'homme ne peut se développer autant que lui. »

Et après nous avoir conduit de la femme primitive à la femme selon le Christianisme et selon l'Eglise, Mme A. Myrial arrive enfin au point le plus intéressant de son étude, à ce qui pour nous est véritablement le sujet nouveau, à l'histoire de quelques héroïnes inconnues de nous, ligures mystérieuses et hardies que vous connaîtrez bientôt ; ce sont d'abord deux sœurs, deux « femmes lettrées » annamites: Trung-Trac et Trung-Nhi, qui soulevèrent le pays opprimé et dont la première fut proclamée reine. C'est ensuite la Chinoise Pan-Hei-Pan, surintendante de la bibliothèque impériale, auteur d'innombrables et savantes exégèses et qui dirigea les travaux des lettrés contemporains.

Enfin Mme Myrial ne veut pas nous quitter sans avoir dit quelques mots du féminisme moderne. Elle a dit avec beaucoup de force et de justesse en parlant de ses sœurs : « Beaucoup semblent attendre une permission, solliciter une licence. — De qui ?... En pareille question, Mesdames, on n'a que ce que l'on prend... Je n'aime pas l'expression «réclamer ses droits ». J'y vois une sorte de soumission... C’est reconnaître implicitement à ceux que l'on sollicite, l'autorité de juger, de décider, et enfin de vous accorder ou de vous refuser l'exercice de vos droits. »

Mme Myrial croit fermement que la participation des femmes à l'examen et il la discussion des questions sociales sera le point de départ d'une ère nouvelle. Et elle souhaite que bientôt la femme «libre et consciente» brisant les barrières qu'on lui oppose puisse enfin devenir Elle-même.

C'est pour les qualités de son esprit que nous voulons féliciter Mme Alexandra Myrial, du succès obtenu par son beau plaidoyer. Car pour la cause, elle était gagnée d'avance...

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