Le 14 juillet 1881 à Bruniquel
Témoignage rare d'une action originale. J-P Damaggio
« La Justice 31 juillet 1881
On nous envole de Bruniquel, en Rouergue (Tarn-et-Garonne) le pittoresque tableau suivant de la célébration de la Fête nationale.
C'est le récit d'un patriote de l'endroit :
Jamais il n’y avait eu une si belle fête en notre pays. Le 13 juillet, au soir, un terrible feu de joie flambait; alimenté sans cesse par les fagots que chaque citoyen jetait tour à tour dans le brasier. Aussitôt qu'il fut éteint, retraite aux flambeaux et chants patriotiques. Le lendemain, grand dévouement (sic), toutes les maisons étaient couvertes de verdures ; on ne voyait que couronnes et cordes de buis, entremêlées de fleurs rouges. A midi précis, un char grandiose de sept mètres de haut et traîné par un magnifique mulet portant le buste de la République, entouré de drapeaux et quatre belles petites demiselles (sic) vêtues de blanc.
Le cortège, composé de vieillards, d'enfants, de femmes et de jeunes hommes, parcourt notre ville rocailleuse et tout en pente. A tous les contours, àtoutes les descentes, le char était maintenu par les patriotes et poussé par eux quand il escaladait un raidillon, aux chants de la Marseillaise et du Ça ira vers quatre heures, un grand banquet a lieu. Des toast sont portés aux démocrates de la France et du monde, y compris l'Italie. Enfin les convives se lèvent, nouvelle promenade aux flambeaux. Cette fois le char environné de torches ardentes, est précédé d'une Immense bannière portant cette inscription :
Pour obtenir satisfaction et justice,
Vivent les lumières! Vive la République
Toute la ville, illuminée, rayonnait, et l'Aveyron, qui en baigne le pied, luisait comme un miroir. Impossible de dépeindre le bonheur de ces braves villageois qui, pleurant de joie, se séparèrent en se donnant pour le 14 juillet prochain, un rendez-vous auquel aucun d'eux ne manquera. Nous avons l'orgueil de le dire : ce jour-là, Bruniquel est sorti de l'ornière! »