Zadkine-Prax-Ramey à l’UTAM

L’Université du Troisième Age à Montauban est une très grosse association qui organise en permanence des conférences. Il m’est arrivé d’y intervenir et là j’ai été invité à proposer un thème. J’ai choisi d’évoquer le mariage de Zadkine à Bruniquel. Grâce au débat si sympathique je me suis rendu compte que je vis sous influence de Bruniquel, car en fait j’aurai pu choisir comme thème : le Christ de Zadkine à Caylus (d'où la reprise de cette photo). Un livre en soi au sujet d'un Christ dont Zadkine dit qu'il a été bien accepté alors qu'une personne précisa que sa nudité choqua.

D’ailleurs le titre de  mon livre à la base de mon intervention dit bien : Ramey-Zadkine-Prax Bruniquel-Caylus.

Et d’ailleurs, y compris Valentine Prax, dit bien tout le plaisir qu’elle a eu de vivre ses vacances à Caylus pendant dix ans, ce qui n’était pas donné dès le départ vu son amour pour les couleurs de la mer.

Car il faut s’entendre : pour les trois artistes en question Bruniquel et Caylus sont des lieux de vacances et non des lieux de résidence, l’essentiel de leur vie se passant à Paris. Et si je suis attaché à Bruniquel je ne le suis pas moins à Caylus grâce à l’amitié du fils du quincailler, copain d’Ecole normale et connu sous le nom de Vidocq à qui il arriva de vivre à deux pas de Bruniquel, à Montricoux.

Choisir un thème d’intervention n’est pas pour moi la même chose que de choisir un thème de livre car pour le livre on est seul face à la page blanche et pour parler on est face au public qu’il faut capter. Or pour moi l’intervention orale ne peut pas se faire en lisant un texte écrit, deux modes de communication que je différencie radicalement. Je sais que cela me vaut de mauvaises appréciations car à lire un texte minutieux ça donne plus de sérieux au propos. Oui mais l’oral ne peut pas se substituer à l’écrit ! Il m’arriva un jour une aventure amusante dans ce qu’on appelle une conférence pédagogique. L’animatrice voulait qu’on classe parmi les moyens de communication ce qui appartient à l’oral et ce qui appartient à l’écrit, et à classer le théâtre dans le monde de l’oral, j’ai eu droit à son ricanement, vu qu’une pièce de théâtre c’est d’abord de l’écrit et seulement ensuite de l’oral ! J’avais eu l’occasion de travailler avec Benedetto avec qui j’avais mesuré comment l’oral conduit à l’écrit. Alphonde Daudet dira même : "Je parle donc je pense". Tous ne travaillent pas de même mais à monter une pièce de Molière je considère que le texte écrit passe au second rang vu tous les éléments sur scène qui viennent le compléter. Le théâtre est de l'art vivant et l'écrit une langue morte d'où les efforts permanents des romanciers pour y inclure la langue parlée !

Revenons-en au trio Zadkine-Prax-Ramey. Ma conférence qui a cherché à mettre en valeur Valentine avant Ossip a surpris car même des personnes ayant vu les musées Zadkine n’avaient pas noté la force de l’art de Valentine Prax, qui grâce aux quelques reproductions projetées sur l’écran, a séduit plusieurs personnes. Dans la peinture nous savons les efforts de ce qu’on appela « l’orientalisme » c'est-à-dire des peintres partis en Algérie ou au Maroc y chercher une lumière dont ils avaient besoin (Delacroix en est la plus grande figure). Pour Valentine le chemin fut inverse, elle a amené cette lumière à Paris. Par amour elle accepta de se plonger dans l’univers des campagnes, des forêts et donc des paysans. Elle accepta de rompre avec sa vie passée et je ne sais pas quelques rapports elle continua à avoir avec l’Algérie (dans son livre de mémoires elle n’en parle pas) mais elle garda en elle des couleurs éclatantes. J-P Damaggio