Un militant CGT de Caussade en 1932
En février 1998 j’ai publié une brochure Miss Cantecor et les chapeaux que j’avais présentée à Caussade. La rencontre n’a pas suscité grand intérêt à part pour le public des amis de Gauche 92. Or il s’agissait de célébrer une industrie qui a fait les grandes heures de Caussade au début du XXème siècle. Je dois reconnaître que je n’ai pas eu plus de succès quand j’ai publié un livre à la gloire de la GUIMA. Comme si l’univers industriel était sans intérêt ! Les circonstances font que je me penche à nouveau sur ce vieux dossier si présent sur ce blog. Je reprends ce document symbolique d’une ignorance que je regrette profondément. Surtout quand, passant dernièrement au cimetière de Caussade, je n’ai pu manquer les tombes grandioses de la famille Rey.
J-P Damaggio
La mort d'Antoine Borrel
L'Action ouvrière Mai 1932
Une pénible nouvelle vient d'attrister l'Union départementale. Notre ami.
Antoine Borrel, secrétaire du Syndicat des chapeliers de Caussade, vient de mourir.
Nous avons été prévenus trop tard pour aller accompagner à sa dernière demeure le dévoué militant si sympathique qui disparait en pleine force de l'âge. Que nos camarades de Caussade qui lui ont rendu si nombreux le dernier devoir d'affection veuillent bien nous en excuser.
Borrel fut dans toute l'acceptation du terme un bon militant. Comme nous l'écrivait Marthe Marcellin, il ne fut pas seulement un brave cœur, un honnête homme estimé de tous, et un excellent ouvrier, il fut aussi, en des périodes critiques, le camarade ferme qui sut prendre toutes ses responsabilités en toute indépendance, dans la pleine conscience des devoirs que lui imposait le poste où l'avait mis la confiance unanime de ses camarades. Il paya d'ailleurs de sa place la fermeté de son attitude vis-à-vis du patronat caussadais.
Victime de l'ostracisme insidieux de ce patronat, ce même patronat qui, politiquement, ose se réclamer du programme de la Confédération générale du travail, victime expiatoire d'un patronat rétrograde qui voulut en sa personne faire un exemple et montrer son autorité, il ne trouva pas à s'employer à Caussade, après la dernière grève et dut aller à la journée extraire du gravier.
Malgré cela malgré la vie difficile qui fut la sienne, ces derniers temps, nous ne l'avons jamais entendu se plaindre, et s'il parlait de la situation, c'était pour en tirer cette conclusion que la classe ouvrière ne sera jamais assez unie, jamais assez solidaire pour poursuivre son émancipation.
Il continua jusqu'à la fin à venir assidument dans les diverses commissions où il représentait soit l'Union, soit le Syndicat des chapeliers.
Nous aimions l'y retrouver, nous aimions le bon sourire un peu grave qui éclairait sa physionomie robuste et vigoureuse. Il nous semble impossible de ne plus le revoir.
Puisse l'affectueux souvenir qu'il laisse chez tous ses camarades, atténuer un peu la tristesse de sa famille.
Voilà pour le moment la seule note sur Le Maitron :
« Militant syndicaliste du Tarn-et-Garonne, Borrel était en 1923 secrétaire du syndicat des ouvriers chapeliers de Caussade et membre de la commission exécutive de l’Union interdépartementale CGT qui couvrait les départements de l’Ariège, de l’Aube, de la Haute-Garonne et du Tarn-et-Garonne. »