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Vie de La Brochure
1 mars 2022

Cladel condamné pour défense des communards

Voici le compte-rendu du procès fait à Léon Cladel pour la publication d’une nouvelle « Trois fois maudite » où le tribunal invoque le « délit d’outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs » pour masquer le fait que la nouvelle était à la gloire des communards ! Ce tour de passe-passe a été rendu possible car La Maudite est obligée de se prostituer pour vivre, depuis la condamnation de son mari communard. J’ai souvent évoqué la question mais je retrouve aujourd’hui ce compte-rendu dont la perfidie est terrible. Non seulement Cladel fera un mois de prison, non seulement il paiera 500 francs d’amende mais il perdra son travail car toute condamnation judiciaire vaut qu’on soit rayé de la fonction publique ! La Commune avait été massacré cinq ans avant mais l’Ordre bourgeois veillait ! J-P Damaggio

La nouvelle est disponible ICI

Son séjour en prison est évoqué ICI.

 Le Courrier du Tarn et Garonne 21 avril 1876

Chronique Judiciaire. Tribunal correctionnel de la Seine.

AFFAIRE DE « L’ÉVÉNEMENT. »

Présidence de M. Hua.

L’affaire du journal L’Evénement a été appelée aujourd’hui devant la 9 e chambre du tribunal correctionnel. MM. Léon Cladel, publiciste, et Filliatre, gérant de L’Evénement, étaient accusés du délit d’outrage à la morale publique pour un article paru dans le numéro du 1er avril.

M. l’avocat général Bloch remplissait les fonctions du ministère public.

La défense de M. Léon Cladel, signataire de l’article, était confiée à Me Sandrique. Me Lachaud plaidait pour le gérant du journal.

M. Léon Cladel, gravement malade, n’ayant pu se rendre à l’audience, Me Sandrique et après lui Me Lachaud ont prié le tribunal de renvoyer l’affaire à une prochaine audience.

Conformément à la demande de M. l’avocat de la République, le tribunal a retenu l’affaire.

Défaut a été donné contre M. Léon Cladel. M. Filliatre, gérant du journal, interrogé, déclare que, retenu par des devoirs de famille, il n’avait pu prendre connaissance de l’article. Me Lachaud, son défenseur, ayant fait observer que l’absence de l’auteur de l’article l’empêchait de plaider au fond, la parole a été donnée à M. l’avocat de la République. M. Bloch a donné lecture de l’article incriminé et a déclaré qu’il ne s’agit pas à proprement parler d’un délit de presse, mais bien d’une action résultant d’une imagination malsaine. Le délit, selon lui, était nettement caractérisé, il requiert contre Léon Cladel et Filliatre l’application énergique de la peine corporelle et pécuniaire prévue par la loi de 1819. Me Lachaud, réclamant l’indulgence du tribunal pour son client, établit qu’au moment où l’article a paru, Me Filliatre se trouvait retenu auprès de son beau-père mourant. Rappelant que M. Léon Cladel appartient à une grande administration, qu’il est d’une honorabilité parfaite et qu’en conséquence le gérant pouvait avoir confiance dans un écrivain dont la moralité a été constatée même par le directeur de L’Univers, il ne peut s’empêcher de regretter que M. l’avocat général ait réclamé une pénalité aussi sévère. Sans vouloir entrer dans la discussion, Me Lachaud ajoute qu’il ne peut partager l’avis du ministère public sur le sens et la portée de l’article incriminé; il termine donc en implorant l’indulgence du tribunal, non-seulement pour son client, mais encore pour Léon Cladel. Après en avoir délibéré, le tribunal, reconnaissant que M. Filliatre s’est rendu coupable en publiant un article faisant appel à la licence et aux mauvaises passions, du délit d’outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs, délit prévu par l’article 8 de la loi du 17 mars 1819 ; Et attendu que M. Léon Cladel s’est rendu complice du délit en rédigeant l’article et en le donnant pour être imprimé; Faisant application des articles 59 et 60 du code pénal, et des articles 5 et 6 de la loi du 23 janvier 1876, condamne: Filliatre à un mois d’emprisonnement et 500 francs d’amende ; Léon Cladel à un mois d’emprisonnement et 500 francs d’amende ; Ordonne l’insertion du jugement dans le journal L’Evénement.

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