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Vie de La Brochure
9 avril 2022

Campagnac-Cladel le décentraliseur

Le Quercy

Sous une autre forme ce texte est déjà sur ce blog mais j'ai plaisir à la reprendre sous la plume d'Edmond campagnac et dans le cadre de ce journal d'avant la première guerre mondiale dont malheureusement il manque sur gallica, la première année en 1910 (il va durer jusqu'en 1914). JP Damaggio.

Le Quercy 24 novembre 1912

Léon Cladel, décentralisateur

Au moment où la Réforme électorale a pour conséquence immédiate de mettre à l'ordre du jour le passionnant problème de la réforme administrative, il nous parait intéressant de publier une curieuse profession de foi régionaliste fort peu connue du grand public ; elle est datée du 18 juillet 1889 et signée du maitre styliste Léon Cladel ; c’est l’érudit Paul de Beaurepaire Froment qui eut le rare mérite de la citer pour la première fois dans un article de la revue, Terre de France, de 1894. « Savez-vous, écrit l’auteur des Bouscassié, au félibre Auguste Quercy, pourquoi je lutte depuis trente ans et pourquoi je suis l’auteur français (hélas !) que l’on admet le plus difficilement en France ? Eh, mon cher, Paris sait, ou plutôt il sent que je suis un homme de race indomptable et que si je parle la langue de nos conquérants du Nord, les Francs, les seigneurs féodaux, les nobles, les aristocrates, les tyrans, je ne pense pas autrement que les vieux Gaulois, nos pères vaincus, mais non pas soumis... Et, de plus, un fédéraliste qui ne veut pas que ceux du Midi soient mangés par ceux du Nord, et que Paris continue à nous prendre toute la sève et tout le sang dont nous avons besoin pour rallumer la vie régionale à peu près éteinte en notre Quercy ; bref, enfin, un communard c’est à dire un citoyen qui veut bien comme en Amérique, une fédération des peuples de sa nation, mais qu’il entend bien que le pays dans lequel il naquit ait voix au chapitre ou bien au Congrès. Voilà ma profession de foi. Un jour viendra, je le vois, je le sens, où Paris sera bien heureux de ne pas nous avoir tout à fait démarqués, et ce sont les provinces qui, tôt ou tard, en reprenant les vieilles franchises et chacune son langage particulier, sauveront la France que la centralisation a complètement émasculée et que les Prussiens ; achèveraient s’il n’y avait pas sur notre sol des hommes décidés à tout pour rendre son lustre au pays natal, qu’il se nomme l’Auvergne ou la Guyenne, ou la Gascogne, ou le Rouergue, ou le Quercy. »

Il était dans la logique des choses qu’il fut un fervent décentralisateur, ce mâle écrivain, qui devait, avant de mourir, dédier son œuvre à sa terre natale. Sa lettre au félibre Quercy — d’une si fière allure — méritait doublement d’être citée, non seulement parce qu’aujourd’hui la réforme administrative est à l’ordre du jour, mais parce que bientôt, dans le jardin du Luxembourg, se dressera, due au ciseau du sculpteur Marius Cladel. la statue de celui qui fut tout à la fois un paysan passionnément amoureux de la glèbe, un grand artiste et un grand démocrate.

Edmond Campagnac.

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