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Vie de La Brochure
5 août 2022

Vallejo : départ pour Moscou

Pablo_Abril_de_Vivero

Aujourd'hui César Vallejo est une planète dont on peut visiter les divers continents. Celui de sa correspondance n'est pas des moindres. Voici donc son état d'esprit avant de partir pour Moscou. On peut y noter la mention d'une fatigue qui le bloqua trois mois et qui est peut-être en lien avec la maladie qu'il traîne et qui serait la cause de sa mort dix ans après pour avoir été mal soignée : le paludisme ? Je donne ma traduction et la verison en espagnol car quelques mots me manquent. Son correspondant est le plus fidèle. Il est né à Lima en 1894 (deux ans de moins que César) et est mort à Monte Carlo en 1987. J-P Damaggio

 

LETTRE À PABLO ABRIL DE VIVERO (84ème lettre)

Paris, le 19 octobre 1928

Mon cher Paul :

Aujourd'hui je pars pour Moscou. Mes pensées, en partant, vont vers toi et j'écris ces lignes pour t'offrir mon étreinte fraternelle forte.

Je t’avais déjà parlé de ce voyage il y a longtemps. Aujourd'hui je le fais, après m'être reposé pendant environ trois mois à la campagne. Je me sens refait et capable d'affronter à nouveau la vie et tous ses revers.

Cher Pablo : en pleine convalescence, je me sens fort à nouveau, et peut-être plus que jamais, tourmenté par le problème de mon avenir. Et c'est, justement, mû par le désir de le résoudre, que j'entreprends ce voyage. Je me rends compte que mon rôle dans la vie n'est ni celui-ci ni celui-là et que je n'ai pas encore trouvé ma voie. Or je veux la trouver. Peut-être qu'en Russie je la retrouverai, puisque dans cet autre bout du monde où je vis aujourd'hui, les choses bougent par des ressorts plus ou moins semblables aux lois rouillées d'Amérique. A Paris, je ne ferai jamais rien. Peut-être qu'à Moscou je me défendrai mieux de l'avenir.

De Russie, je vous écrirai continuellement. Je ne sais pas si je pourrai y rester en permanence, ce qui serait mon idéal. Et si je reviens, je ne sais toujours pas quand. La seule chose qui me fait peur c'est le terrible froid de la Russie. Je t'écrirai dès que j'arriverai à Moscou.

Malheureusement, le billet qui m'est parvenu n'était que de deuxième classe, c'est-à-dire 50 £. Sinon, mon voyage à Moscou m'offrirait moins de danger. Cependant, je dois le faire, advienne que pourra.

Si vous n'avez rien pu faire au sujet de ma recommandation à Bustamante, ne vous embêtez pas et ne faites rien. Il semble que cet ami ait déjà réglé toute son affaire. Au contraire, je vous serais reconnaissant si vous pouviez retourner les papiers : adressez-les sous enveloppe à Bustamante, Consulat du Pérou à Paris. Merci beaucoup, cher Pablo.

Écrivez-moi au sujet de votre promotion. Qu'as-tu appris de nouveau ? J'espère qu'ils vous le donneront plus tôt que plus tard. Tu sais déjà combien je t'aime et que tout ce qui te concerne, je le ressens comme mien. Je sais que le jour où tu iras bien, tu m'aideras comme tu l'as déjà fait tant de fois avec tant de noblesse.

En attendant mes lettres de Moscou, reçois l'étreinte fraternelle affectueuse et l'invariable, mon ami.

César

 

CARTA A PABLO ABRIL DE VIVERO (84)

París, 19 de octubre de 1928

Mi querido Pablo:

Hoy parto para Moscú. Mi pensamiento, al partir, va hacia usted y le pongo estas líneas para enviarle mi apretado abrazo fraternal.

De este viaje ya le había hablado hace mucho tiempo. Hoy lo hago, después de haberme reposado cerca de tres meses en el campo. Me siento rehecho y capaz de afrontar de nuevo la vida y todos sus reveses.

Pablo querido: en medio de la convalecencia, me siento otra vez, y acaso más que nunca, atormentado por el problema de mi porvenir. Y es, precisamente, movido del deseo de resolverlo, que emprendo este viaje. Me doy cuenta de que mi rol en la vida no es éste ni aquél y que aún no he hallado mi camino. Quiero, pues, hallarlo. Quizás en Rusia le halle, ya que en este otro lado del mundo donde hoy vivo, las cosas se mueven por resortes más o menos semejantes a las enmohecidas tuerca de América. En París no haré nunca nada. Quizás en Moscú me defienda mejor del porvenir.

De Rusia le escribiré continuamente. No sé si podré quedarme allí definitivamente, que sería mi ideal. Y si vuelvo, no sé todavía cuándo. L’único que me da miedo es el terrible frío de Rusia. Ya le escribiré, ape ñas llegue a Moscú.

Por desgracia, el pasaje que me vino sólo fue de segunda clase, es decir, 50 libras. De otra manera, mi viaje a Moscú me ofrecería menos peligros. Sin embargo, tengo que hacerlo, salga lo que salga.

Si no le ha sido posible hacer nada en mi recomendación sobre Bustamante, ya no se moleste ni haga nada. Parece que este amigo ha arreglado ya todo su asunto. Le agradecería, más bien, devolver los pápele: dirigiéndolos en un sobre a Bustamante, Consulado del Perú en París Mil gracias, querido Pablo.

Escríbame usted sobre su ascenso. ¿Qué de nuevo ha sabido usted? Ojalá se lo den cuanto antes. Ya sabe usted cuánto lo quiero y que todo lo que se relaciona con usted, lo siento yo como cosa mía. Yo sé que el día que usted esté bien, me ayudará como ya lo ha hecho tantas veces con tanta nobleza.

Hasta de escribir de Moscú., reciba el cariñoso abrazo fraternal et invariable amigo.

César

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