Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vie de La Brochure
20 octobre 2022

SOS Racisme et Ras l’Front, le bilan

Encore une suite à mon intervention d’hier à Castelsarrasin.

Qu’est-ce que l’anti-racisme ? Une réponse à l’extrême-droite ?

En 1984, en France, à la surprise générale, aux Elections européennes, le Front national fait presque jeu égal avec le PCF. Nous allons assister alors de la part du Parti socialiste, devenu très puissant grâce aux moyens des appareils d’Etat, à une double opération politique :

1 ) Vivement que le FN divise la droite

2 ) Vivement qu’un mouvement anti-raciste dénonce le FN.

Quand on est vieux comme je le suis, et qu’on a participé aux 40 ans de batailles, on a le droit de chercher à comprendre pourquoi un tel échec sur les deux plans ! Car entendons-nous bien, SOS Racisme n’a pas fait reculer le racisme, et Ras l’Front n’a pas fait reculer le FN !

Il m’est arrivé plusieurs fois d’interroger des acteurs des ces luttes sans la moindre réponse.

Peut-être, les deux organisations ont été en manque de moyens, ce qui fait qu’elles n’ont aucune responsabilité dans leur échec.

Je prétends depuis longtemps que, la double opération du PS, s’est lancé sur de mauvaises bases et qu’y compris Ras l’Front, opposé à cette opération, a fait fausse route.

Revenons aux Italiens victimes du racisme en France, victimes diverses, à diverses époques et en divers lieux. Mais c’est quoi le racisme ? Facile, à expliquer puisqu’il existe depuis toujours, en tous lieux et… pour toujours ! Sauf que souvent il est réduit à un comportement humain : suis-je ou ne suis-je pas raciste ? Pour ne pas l’être il me suffit de porter une petit main, un insigne : « Touche pas à mon pote » ? Une petite main qui en retour peut éventuellement conforter les racistes !

Le racisme est à deux étages. Au rez-de-chaussée le simple travailleur qui galère et voit venir la concurrence d’un étranger qui, parce qu’il galère encore plus, accepte de gagner moins et lui prend son travail. A l’étage celui qui se sert de la situation pour en faire une stratégie politique.

Toute dénonciation du travailleur du rez-de-chaussée (qui insulte l’étranger, ou prétend le prendre sous son aile) fait le bonheur du stratège de l’étage ! Surtout après 1980, à l’ère de la nouvelle mondialisation. Je dis nouvelle car la mondialisation existe depuis au moins la découverte des Amériques.

D’un côté l’anti-racisme de SOS Racisme a alimenté la coupure entre la gauche et les classes populaires, et de l’autre la montée du FN a pu capter (et capte) ces classes populaires. La tenaille est parfaitement au point ! Mais que fallait-il faire ?

Vous voulez louer un appartement, et il y a de la discrimination. Dire ne « touche pas à mon pote », pour la victime, ça lui fait une belle jambe. La question c’est d’avoir une loi qui pénalise fortement l’auteur d’une telle discrimination.

Vous ne voulez pas que l’étranger soit le concurrent du travailleur français. Dire ne « touche pas à mon pote », pour la victime ça lui fait une belle jambe. La question c’est d’avoir une loi qui pénalise fortement l’auteur d’une telle discrimination.

Aucune loi ne résout d’un coup de baguette magique un problème. Depuis des décennies des luttes tentent d’appliquer ce rêve pour les femmes : « à travail égal, salaire égal ». Mais il ne faut pas perdre le fil.

Pour le dire autrement : le raciste du rez-de-chaussée ne peut pas être l’adversaire sous peine d’aider l’opération politique du premier étage !

Oui, il a été souvent répété aux travailleurs qu’ils se trompent, quand ils désignent comme source de leur malheur, l’étranger. Sauf que, pour une part, c’est vrai dans le monde tel qu'il est ! Alors la morale c’est bien beau, mais ça n’apporte pas de pain sur la table !

Pour revenir aux Italiens si nombreux en Lot et Garonne, Renaud Jean pour le PCF a su conduire entre 1926 et 1939 des luttes capables d’unir paysans étrangers et locaux, pour la défense de leurs intérêts, en organisant par exemple des manifestations empêchant physiquement des saisis. La grande question, c’est de tenir les deux bouts de la chaîne, ce qui a toujours été son obsession, à Renaud Jean : être aux côtés y compris de ceux qu’on disait racistes, et clairement s’opposer à l’extrême-droite de l’époque ! D’où la colère des chemises vertes à son encontre ! Mais bon…

 SOS Racisme a toujours été un mouvement paternaliste envers les étrangers.

Ras l’Front a toujours été un mouvement rejouant les batailles d’un autre temps.

Et pendant ce temps le FN-RN a pu capter les oubliés d'hier, d’aujourd’hui et de demain.

Mais je ne détiens aucune vérité…

J-P Damaggio

Publicité
Publicité
Commentaires
Vie de La Brochure
Publicité
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 1 024 065
Publicité