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Vie de La Brochure
15 novembre 2022

André Tabarly, Ruffin et le travail

Je retrouve ce texte écrit à la gloire de mon ami André Tabarly lors de son décès, lui qui passa tant de temps à courir pour vivre :

« Chez les adeptes éternels du contre-sens, le sens de l’effort apparaît réactionnaire pour deux raisons : une ancienne, qui veut que le droit à la paresse donc au loisir soit celui de la démocratie, et une moderne, qui préfère le ludique au classique.

Bien sûr, combien de fois est répétée une maxime en effet réactionnaire qui veut qu’il faut en baver pour atteindre le bonheur, et qu’il faut gagner le paradis à la sueur de son front. Courir pour courir, l’effort pour l’effort, ça n’est pas l’effort, c’est la soumission.

Courir pour être avec d’autres, pour vivre avec d’autres, voilà une autre forme de l’effort, celle de l’effort partagé, celle que la foule est venue communier autour du cercueil tragique. Il existe encore une France capable de vibrer au rappel de telles valeurs ! Même oublié, dédaigné, méprisé, elle existe, elle était là sans bruit.

Les adeptes du contre-sens ont toujours mal compris que le monde des petits paysans ait eu envie d’accéder à la propriété, n’y voyant que l’appât du gain. Ils oublient que cette propriété est la source de leur indépendance, qu’ils peuvent alors cultiver à leur guise, mais une indépendance qu’ils savent devoir payer au prix de gros efforts, mais des efforts dans la liberté, opposés aux efforts sous la contrainte de propriétaires, pour le métayer. »

 Une polémique qui n’avait pas lieu d’être au sein de la gauche est revenue sur la table. Oui la droite depuis qu’elle s’assume à droite prétend qu’elle est bien placée pour porter "la valeur travail", une opération pour cacher qu’elle porte "la valeur argent" ! Et alors en réaction la gauche doit porter le droit à la paresse pour ne pas se faire exploiter ?

On vient de m’offrir le livre de François Ruffin sorti en septembre 2022, Je vous écris du front de la Somme, un livre qu’il aurait voulu prendre le temps de peaufiner mais un éditeur le pousse et le livre est là. Comme toujours chez Ruffin, le livre est produit par une expérience concrète, celle de sa dernière campagne des élections législatives. Il se met en avant mais pour dire les autres, et en l’occurrence pour rappeler la sens du travail dans les couches populaires.

 Le capitalisme a contré la gauche en la doublant sur sa gauche et l’extrême-droite en tire les bénéfices. Trente ans que ça dure dans le monde entier car la révolution conservatrice orchestrée aux USA est aussi celle de la mondialisation.

Ce n’est pas parce que le capitalisme a fait du droit aux vacances la plus forte industrie du monde qu’il faut cesser de prendre des vacances.

Ce n’est parce que le capitalisme a fait du droit à la différence une machine contre le droit à l’égalité qu’il faut cesser de pointer les différences.

Ce n’est pas parce que le capitalisme a fini par accepter les allocations chômage qu’il faut cesser de vanter les mérites du travail.

Pour combattre l’extrême-droite le PS a mis en avant, à partir de 1985 la question de l’immigration. Sauf que... « Le grand enjeu politique qui prédispose à un vote RN c’est l’assistanat ». Noter ce fait réel ne signifie en rien qu’il faut cesser tout assistanat. C’est comme pour l’inflation : nous avons connu des décennies sans inflation et c’était le bonheur du capitalisme, puis arrive l’inflation et c’est le bonheur du capitalisme. Le capitalisme fonctionne pour gagner sous diverses formes. 

Et François Ruffin n’est pas gentil quand il écrit :

« Aucun observateur qui vit ici un peu politiquement averti n’en est surpris [de la domination du RN]. C’est un regard différent, forcément, des experts et des chefs qui devisent et décident à Paris, depuis une capitale où le Rassemblement national est quasi-inexistant, depuis une île-de-France que se partagent macronistes et divers gauche.»

 Et à la fin  comment encore ne pas être d’accord avec Ruffin :

« «Le vivre-ensemble» cette expression m’a toujours gonflé, mièvre et mielleuse, gluante. Il nous fallait, pourtant, communier à ce truc de communiant gnangnan. Je la rejetais, sans me l’avouer et sans m’en vanter. Je n’avais jamais réfléchi pourquoi. Maintenant j’ai compris. »

 Il a certes compris mais il reste trop franco-français. «Le vivre ensemble» vient du fameux «Ne touche pas à mon pote». Il vient de cette gauche qui ne pouvait plus être la gauche car le PCF ayant un score marginalisé, elle se mit à célébrer les « bons sentiments» d’une classe moyenne célébrée.

 Ruffin va-t-il être écouté ou marginalisé ? Il passe encore dans les médias mais ça ne va pas durer sauf quand il s’agira de le caricaturer. J-P Damaggio

Je ne fais que me répéter : voir par exemple François Ruffin sur Marianne

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