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Vie de La Brochure
22 janvier 2023

Jacques Desmarais et la laïcité (9)

Il est un point sur lequel, avec Marie-France, nous ne pouvions être d’accord avec Jacques : la laïcité. Ce qui n’a rien de surprenant vu le désaccord avec tant d’amis en France !

Dans le monde, la grande majorité des pays se retrouve avec une seule religion si majoritaire qu’elle efface les autres. La lutte des protestants en France a fait que notre pays s’est trouvé partagé. Le Canada aussi mais dans un autre contexte. Au face à face linguistique anglais/français, il y a eu le face à face protestants/catholiques et donc le face à face multiculturalisme/inter culturalisme.

Au Québec le catholicisme fut plus qu’une religion, à savoir l’instrument politique de défense d’une identité. En conséquence l’église fut partout et je ne serais pas surpris, si elle a joué un rôle dans le fait que le droit de vote des femmes y a été établi avec retard par rapport au reste du Canada.

Bref, c’est seulement avec la révolution dite tranquille (mais qui en 1970 l’a été moins) que la pression catholique a commencé par reculer.

Et la surprise est de constater que sans loi de 1905, la question laïque récente donne les mêmes débats qu’en France avec là-bas un nom : les accommodements raisonnables, que j’appelle plutôt de la laïcité à l’eau de rose. Ce qui fait donc de moi un laïque bien peu raisonnable, disons même un intégriste de la laïcité, or par définition la laïcité lutte contre les intégristes.

Quand les mêmes Québécois luttent pour défendre le français face à l’anglais se font-ils les promoteurs d’accommodements raisonnables ? C’est plutôt notre cas en France quand on accepte le mot STOP alors qu’il est si facile d’écrire sur les panneaux : ARRET !

Conséquence pratique politique : la droite et plus encore l’extrême-droite fait de la défense de la laïcité son drapeau ! Je ne vais pas refaire tout le débat.

En France, les protestants se sont souvent attribués le beau rôle de force de gauche, oubliant ainsi que la Révolution française fut conduite par un grand nombre d’abbés, à la source d’un catholicisme de gauche qui a eu son heure de gloire entre 1848 et 1851, ce qui fait que le Second empire le lui a fait payer très cher. Mais ce courant a continué avec la république donnant à la gauche française son originalité, traduite dans la loi de 1905.

Voyons le Canada considéré laïque dans les débats de 1905 : quand enfin il a eu des premiers ministres issus du Québec ils ont été plus à gauche que les Conservateurs venus du Canada anglophone ! Si aujourd’hui Trudeau est premier ministre du Canada c’est après avoir battu un Conservateur. C’est vrai, il est seulement libéral mais face aux Conservateurs il fait figure d’homme de gauche. Bref le courant plus à gauche est venu surtout du Québec catholique, plus que du Canada protestant.

Bref une gauche à l’eau de rose qui en conséquence ne peut que produire une laïcité à l’eau de rose !

Bref, contre toute attente le Canada actuel est dirigé par un Québécois libéral, quand sa province est dirigée par un centre-droit qui est plus à droite qu’au centre ! Une inversion de l’histoire classique !

Trudeau va donc être le champion des accommodements raisonnables et Parizeau s’y opposer.

C’est donc, comme en France, la droite qui par « la loi adoptée le 16 juin 2019 par le Parlement du Québec, intitulée « Loi sur la laïcité de l’État», définit et consacre formellement la laïcité de l’État dans le cadre législatif actuel, notamment en fixant cette exigence dans la Charte québécoise des droits et libertés de la personne et en interdisant le port de signes religieux à certaines personnes en position d’autorité, y compris le personnel enseignant ainsi que les directrices et les directeurs des établissements primaires et secondaires publics. Elle solutionne également certaines difficultés d’application quant aux services à visage découvert. »

Une loi qui cependant ne concerne pas les élèves et n’a pas d’effet rétroactif  pour les personnes portant le voile.

Il faut mesurer qu’au Québec la grande majorité des nouveaux arrivants parlent anglais et est-ce un accommodement raisonnable que d’oublier de les pousser vers le français ?

Le monde anglophone ne rêve que d’une chose : noyer le Québec dans le statut d’une communauté à côté des autres communautés suivant le principe du multiculturalisme qui leur est cher.

Or le Québec n’existe encore, qu’en tant que nation ! Les cultures s’échangent mais pour se fondre dans un fond commun.

La question est moins celle de l’indépendance que celle de l’existence. Pendant un temps il est apparu que l’existence passait par l’indépendance mais le lien n’est plus aussi naturel.

D’autant que la droite au pouvoir constate sans mal que les religieux n’ont jamais dit leur dernier mot sur divers sujets ce qui fait que je me retrouve d’accord avec cette observation d’un Québécois :

« La laïcité au Québec, elle s'est construite à travers un principe de séparation des Églises et de l'État. On va le voir sur tout un ensemble de lois qui ne sont pas qualifiées comme laïques dans le débat social, mais qui pourtant sont d'importantes lois de laïcité ou d'importants moments de laïcité.

La dépénalisation de l'avortement est un important enjeu de laïcité.

En 2005, quand on ouvre le mariage aux conjoints de même sexe, c'était un important moment de laïcité pour lequel les principaux opposants ont d’ailleurs été les groupes religieux.

Aujourd'hui, un des débats majeurs de laïcité, c'est tout ce qui concerne l'aide médicale à mourir, qui implique une dissociation de la loi religieuse et de la loi civile et à laquelle s'opposent… les groupes religieux. »

Petit à petit chacun a pu constater que le combat des islamistes était la face publique d’une relance du pouvoir de tous les religieux.

Mais bon je ne suis plus en mesure d’en discuter avec Jacques. J-P Damaggio

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Commentaires
G
On lit souvent des âneries au sujet du rapport entre politique et religion en Amérique du Nord. Pour les États-Unis, c'est assez simple : dès l'indépendance, il y a eu séparation des Églises et de l'État mais dans le sens inverse de la loi française de 1905. Le but, dans ce pays étant de protéger les diverses religions contre toute tentative hégémonique. En effet, ce nouveau pays est né de l'opposition contre le Royaume Uni qui avait une religion d'État alors que plusieurs variantes du christianisme coexistaient aux États-Unis. Pour le Canada, je ne reviens pas sur tes analyses que je partage en grande partie mais, dans ce pays, il faut tenir compte de l'héritage anglais et américain mélangés. Au Québec, on constate plutôt un front renversé. Les libéraux québecois et canadiens sont partisans, comme tu le dis d'une société "multiculturelle" qui considère le particularisme francophone comme une singularité culturelle comme d'autres et non comme une identité constitutive. Le plus grave est que le parti considéré comme étant de gauche (le NPD) est ultra "libéral" sur ce point. Quant à Québec Solidaires, le parti de gauche québecois, il est laïque mais il a peur de s'aliéner un électorat de culture musulmane et ses positions manquent un peu de fermeté.
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