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Vie de La Brochure
22 septembre 2020

Actualité algérienne en France

Les menaces des batalguias

Trop de richesse est un bienfait pour l’âme ! Ce dimanche 20 septembre 2020, les républicains des deux rives se sont donnés rendez-vous place de la République à Paris. 

Pour les Français, il s’agissait de fêter le 228e anniversaire de la naissance de la Première République française, née officiellement le 22 septembre 1792 au lendemain de Valmy lorsque les parlementaires ont voté l’abolition de la monarchie constitutionnelle. Le décret de la Convention stipule que les actes publics seront datés de « l'an premier de la République française». 

De l’autre côté de la célèbre statue qui trône au centre de la place, les Algériens de « la double rupture, ni militaires ni islamistes » installaient leur bastringue pour donner la parole à qui la voulait à la condition de respecter le tour et le temps de parole.

Du côté des républicains français, ce sont de nombreuses associations, organisations et partis politiques qui ont appelé à la manifestation. Ce sont, entre autres, République souveraine, la Licra, le Grand Orient de France, le Mouvement des Citoyens et Esprit Laïque. Quelques orateurs sont montés sur l’estrade et les observateurs pointilleux ont noté que deux algériens étaient inscrits sur la liste des intervenants. Il s’agissait de Djemila Benhabib, écrivaine et politologue, autrice de « Ma vie à contre-Coran » et de « Les Soldats d'Allah à l'assaut de l'Occident » ainsi que de Kamel Bencheikh, écrivain et poète, auteur de « Prélude à l’Espoir » et de « La Reddition de l’hiver ».

Tant Djemila Benhabib que Kamel Bencheikh sont connus pour être des militants universalistes, proches des milieux laïques algériens et français, et plaident, l’un et l’autre, pour une stricte application de la laïcité en France et une instauration de cette même laïcité dans leur pays d’origine. 

Les deux intellectuels sont également, l’un et l’autre, les cibles régulières des milieux fondamentalistes islamistes en France ou en Europe. Djemila Benhabib et Kamel Bencheikh ont donc, après quelques intervenants, discouru sur le principe inviolable de la République une et indivisible mais à partir de leur vécu algérien et des atrocités des années 1990 où nombre de leurs amis ont été assassinés. 

 Une fois leurs interventions terminées, les deux intellectuels ont été sollicités par les militants de « La double rupture : ni militaires ni islamistes » qui maintiennent haut le drapeau des démocrates algériens sur le forum du hirak. Arrivés sur place, on apprend qu’un intervenant hurlant dans son micro que l’Algérie était musulmane et que sa Constitution devait le confirmer haranguait la foule. Derrière lui, accrochés à un arbre, une affiche montrant Ali Belhadj était visible de tout un chacun. Ayant chauffé ses troupes, il a été constaté que l’un de ceux qui assistaient à son laïus avait pris au mot le discours de haine et s’est précipité sur le barnum de « La double rupture » pour le lacérer au cutter.

Les choses étant retournées à la normale, le micro de « La double rupture » a été tendu à Djemila Benhabib qui a mis en exergue les heures sombres de notre pays et a exhorté l’assistance à ne jamais oublier les crimes commis par les tenants de l’islam politique. Puis le micro est revenu à Kamel Bencheikh qui se proposait de lire un poème et a commencé par expliquer qu’il le dédiait à ses amis Tahar Djaout et Youcef Sebti, assassinés par les intégristes islamistes, ceux-là même qui se cachaient désormais sous un autre nom et qui n’avaient pas abandonné la partie. Juste à ce moment, une bonne cinquantaine de jeunes voyous ont pénétré dans l’agora pourtant cloturé par des rubans multicolores et ont menacé l’assemblée alors même que Kamel Bencheikh n’avait pas commencé la lecture de son poème. Les batalguias, véritables mercenaires de la cause islamiste, ont voulu en venir aux mains et agresser l’auditoire qui ne s’en n’est pas laissé conter.

Une fois les nervis mis dehors par la foule, Kamel Bencheikh a repris la lecture sans se laisser démonter en insistant sur ces sublimes cris de rage :

«Ils sont venus par les années et par les sourires avec leurs habits

trainant dans la poussière une queue de venin,

une bourse sans semence ils sont venus avec leur intolérance

semant dans la terre orages et désolation

ils sont venus avec leur obscurantisme
et leurs potences et leurs lois comme des menaces
sur nos toits sur nos enfants sur poèmes
ils sont venus avec leur cadence et leur salive
baver sur nos livres et dans nos siècles. »

Hafida Zitouni

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