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Vie de La Brochure
11 février 2023

Jean-Michel Aguirre, du rugby et après

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J’ai un lien particulier avec Bagnères de Bigorre. Depuis très longtemps et qui s’est souvent renouvelé. Alors j’ai suivi le cas Jean-Michel Aguirre (il a presque exactement mon âge) et aujourd’hui je donne une page du livre que lui a consacré Jean-Paul Rey en 1977. Il était un enseignant débutant et nous savons qu’il a fini par perdre « le feu sacré » mais la faute au rugby. Ceux qui ont donné beaucoup à ce sport veulent ensuite lui rendre ce bonheur alors ils deviennent entraîneur. Wikipédia indique (j’ai repris la photo) « Après sa carrière d'entraîneur, à Trévise et la Section paloise, il est cadre dans la collectivité territoriale pendant vingt ans, chargé de la culture et des sports à la mairie de Bagnères (1992-2002), puis directeur de la station de ski de La Mongie jusqu'en 2012. Il a également occupé le poste de consultant sportif sur RMC de 1983 à 1999. »

Il est très beau de le retrouver en 1977 ! J-P Damaggio

Je l’ai déjà évoqué ICI

 

La parole à Jean-Michel Aguirre

Lorsque j’affirmais «n’être pas rugby», cela voulait dire qu’étudiant, je passais mes semaines au CREPS de Lespinet à Toulouse où l'on ne parlent ni rugby ni sport. Je n’étais jamais au contact des supporters, de leurs passions. Je ne venais même pas m’entraîner le mardi ou le jeudi : songez qu’il a fallu ma libération du service militaire et mon premier poste d'enseignant en 1974 pour que je m’entraîne enfin avec mon équipe de Bagnères !

Alors, le rugby représentait simplement pour moi un bon passe-temps. La préparation au professorat d’éducation physique était autrement importante à mes yeux. J'ai toujours eu dans la tête de devenir enseignant : l’influence de mon père sans doute. Il était instituteur, puis est devenu professeur de physique et de mathématiques au CES Massey de Tarbes. Je le voyais épanoui dans son travail, je m'étais rendu compte qu’il avait pas mal de temps libre, beaucoup de vacances: cette disponibilité m'a attiré, mais pas autant qu'Henri Bedin qui fut un de mes professeurs au lycée de Tarbes. Un petit gars trapu, souriant autant qu’intransigeant avec ses élèves, enthousiaste. C’est avec lui que j’ai découvert qu’enseigner «la gym » pouvait être un formidable plaisir : il ne nous faisait jamais faire la même chose deux fois, nous forçait tous à nous surpasser, doués ou pas. Il était heureux, et nous avec lui. II représentait la nouvelle vague de ce métier au lycée, et il a profondément marqué tous ceux qui l’ont connu comme prof. Il m’a révélé une possibilité d’enseignement qui m’a séduit. Aujourd’hui cela me fait tout drôle d’être enseignant à ses côtés, d’être un de ses «collègues» !

Au sortir de mes études je me suis retrouvé le premier jour de classe avec un diplôme, mais sans «recettes» pour enseigner, sans pratique. Ces gosses, qui attendaient je ne sais quoi de moi, m’ont aussitôt fait peur. J’imagine que tous les enseignants ont ressenti cela. Aujourd’hui, pour ma seconde année au lycée de Tarbes avec également des heures au CES Victor-Hugo qui lui est rattaché, j’éprouve moins de problèmes pratiques. Je ne veux pas faire de ces enfants des « sportifs» au sens propre du terme. Cela ne m’intéresse pas, même si je suis totalement opposé à ceux des membres de ma profession qui dénigrent le sport et refusent la compétition. Mais enfin, je suis avant tout professeur d’éducation physique. Alors je tente de mettre mes élèves dans des situations nouvelles pour eux afin qu’ils sachent s’y adapter, que cela leur serve plus tard dans n’importe quelle circonstance de la vie. Ainsi, lorsque je leur apprends à sauter en «fosbury flop » ce n’est pas pour qu’ils sautent nécessairement plus haut, mais afin qu’ils découvrent ce monde inconnu qu’est le «dos», le «derrière-soi». Moi-même j’éprouve une appréhension à me lancer ainsi dans le vide, en arrière. Eux aussi, et nous progressons tous ensemble en utilisant cette manière de sauter. Quelle que soit la hauteur.

J’essaie de ne pas être « Aguirre » pour mes élèves, mais un professeur comme un autre. Je ne veux pas être admiré par eux, mais je ne suis pas non plus «un prof copain». L'autorité, c’est important.

Je n’ai jamais aimé les élèves trop doués qui ne travaillent pas pour progresser, vivant sur leur acquis. Peut-être en raison des tours que cela m’a joué personnellement sur le plan du rugby au début de ma carrière ! Ainsi, à performance égale, je donnerai toujours une note supérieure à un gosse peu doué qui a réussi à se surpasser grâce à son travail personnel, tandis que je diminuerai celle du garçon doué qui a fait ce que je demandais sans chercher à progresser, par-dessus la jambe.

Aurai-je toujours cette passion de l’enseignement de l’éducation physique et du sport (le samedi, j’officie aussi spontanément à l’école de rugby de Bagnères ) ? C’est une question que j’avoue me poser : je crains qu'avec l’âge je ne perde le feu sacré. Si cela se produisait, il est certain que je cesserais d'enseigner : je ne veux pas devenir un «fonctionnaire» ; l’éducation ne peut se réduire à cela. Sinon au détriment des enfants. Mais je resterais actif dans le domaine du sport, car c’est ma vie. Recycler peut-être les enseignants, ou sur un plan plus «rugby», en faire de même avec les éducateurs ? Mais, au fait, pourquoi ne serais-je pas passionné jusqu'au bout ? Henri Bedin l’est toujours autant. Pourtant il enseigne depuis près de 20 ans! Jean-Michel Aguirre

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