La lutte sur les retraites et Gérard Noiriel

Le Samedi à midi nous écoutons pendant le repas l’émission de France Inter et aujourd’hui Natacha Polony pose une question à Gérard Noiriel sur un point qui me touche particulièrement (je cite de mémoire) : «L’existence de l’URSS n’était-elle pas un facteur qui poussait le capitalisme à lâcher du lest ? » La réponse ne fut pas très claire.

Gérard Noiriel a rappelé toutes les luttes historiques victorieuses sur les retraites en observant que, c’est vrai, la lutte vient de loin.

Sauf que depuis 1995 les luttes en question qui furent d’immenses mobilisations, ont été des défaites populaires ! C’est vrai en 1995 ce ne fut qu’une demi-défaite puisque le gouvernement a partagé la poire en deux : la loi est imposée au privé mais pas au public ! Et je suis gentil pour dire demi-défaite car la solution du gouvernement fait qu’ensuite quand en 2003 seul le public fut touché, il ne pouvait y avoir la mobilisation du privé…

Pour les luttes de 2003 j'ai publié mon journal de la grève qui aujourd'hui fait figure de document rare car cette grève reconductible dans l'éducation nationale est oubliée.

Revenons sur ces dernières années : Sarkozy reporte l’âge de départ de 60 à 62 ans et il invente la décote. Hollande arrive et il partage la poire en deux : il ne revient pas sur l’âge de départ à 62 ans mais change la règle pour les annuités.

Aujourd’hui, pour garder l’unité on évite de faire le bilan du quinquennat Hollande mais quand j’entends « la retraite à 60 ans » j’entends un peu d’hypocrisie.

Ceci étant là n’est pas mon propos, mais ma recherche permanente sur le tournant historique des années 80-90 : tournant économique avec l’informationnel, tournant politique avec la chute de l’URSS, tournant religieux avec l’Iran, tournant culturel avec une gauche qui se replie sur ses acquis sans s’inscrire dans le nouveau contexte.

En écoutant Polony-Noiriel la question qui n’est venue est celle de l’articulation entre ces tournants qui pour moi signifient qu’on a changé d’époque, et que les leçons de l’histoire font que l’histoire nous laisse sans leçons !

Est-ce que le point crucial est la chute de l’URSS, d’où les autres événements vont naître ?

Est-ce que le point crucial est la mutation économique qui fait que le financier prend le pas sur l’industriel ?

Est-ce que le point crucial est l’incapacité de la gauche à répliquer au capitalisme de la séduction ?

Je ne suis pas un adepte des hiérarchies même si en tant que marxiste j’ai tendance à porter le point crucial sur le terrain de « l’informationnel » mais je ne sais trop. J-P Damaggio