Castelsarrasin et l’histoire du radicalisme

D’un côté Montauban la protestante a toujours été un laboratoire de l’union de la gauche car en face la droite a toujours été puissante.

De l’autre Castelsarrasin la catholique a toujours été un laboratoire du radicalisme car la droite a toujours été faible.

C’est quoi un laboratoire du radicalisme ? L’articulation (ou l’équilibre) entre sa version de gauche et sa version de droite.

Sous la Troisième République Pierre Flamens a inauguré une forte version de gauche. Je me suis interrogé sur l’évolution avec l’arrivée de Faustin Cayrou en 1908 que le socialisme naissant a accusé d’avoir pactisé avec la droite. Il avait battu Gimat qui avait eu des difficultés dans son conseil municipal avec son aile droite.

Puis arrivèrent les élections de 1912 qui ont confirmé cette orientation puisqu’il y a eu deux listes radicale-socialistes, celle de Cayrou contre celle de Pottevin (sur la photo) très marquée à gauche.

Si bien qu’en 1919 Cayrou se retrouvera en simple conseiller, sur la liste Pottevin qui l’emporte totalement.

Cet article du quotidien catholique La Croix permet de comprendre le rapport de force interne aux radicaux.

19 mai 1912 Elections municipales. — Le 5 mai, deux conseillers seulement, MM. Déjean et Serres, de la liste Cayrou, avaient été élus. Voici les résultats du scrutin de ballottage de dimanche dernier : Liste Cayrou. — MM. Delbosc, 746 voix, Bédouret, 733. Cayrou, 717. Chauderon. 704. Potbleu, 700. Pun, 694. Ducons, 681. François Garrigues, 671. Verdier, Alexandre, 662. Miquel, 661. Bayle, 654. Bonnemort, 649. Cournut, 648, Dufis, 644. Ailhas, 632, tous élus. MM. Régis, 625. Labaisse, 618. Borderies, 616. Guillaume Verdier, 604. Bris, 559. Raby, 485.

Liste Pottevin (radicale-socialiste). — MM. Pottevin, 746 voix. Laparre, 687. Belbis, 673. Capayrou, 654. Brassier, 635, élus. MM. Gassios, 618. Pouzols, 590. Peyrusse, 588. Alibeau, 583. Gondalma, 572. Lautard, 569. Groc, 564. Barrière, 557. Passédat, 556. Jean Garrigues, 547. Badens, 546. Pagès, 543. Algayrès, 543. Gaffié, 539. Macabiau, 537. Jean-Guillaume Verdier, 522.

Liste partielle d'intérêts communaux. — MM. Alric, 694 voix, élu. De Beaufort, 621. Redon-France, 609. Vasilières, 603. Bastié, 589. Docteur Boé, 543.

Comme on le voit, la liste sortante du maire Cayrou fait passer la plupart de ses candidats. Elle est loin, certes, de répondre aux vœux des catholiques ; mais quoique affublée de la même étiquette radicale-socialiste que la liste Pottevin, elle n'en renferme pas moins des éléments plus modérés. Elle ne s'est pas réclamée, elle, du patronage de Combes, et elle ne marche pas à la remorque du Cercle bien connu dans notre ville par son sectarisme étroit et son anticléricalisme vieux jeu !

Mais ce qu'il nous plaît surtout de relever ici, c'est le succès de la liste Alric, composée d'hommes intègres et profondément dévoués aux affaires publiques, non moins que sincères catholiques. Non seulement son chef de liste passe brillamment — étant le seul des élus à gagner des voix sur le premier tour — mais il s'en est fallu de bien peu qu'il entrât au Conseil avec plusieurs de ses compagnons de lutte. La campagne trop courte qu'ils ont menée a révélé au peuple de Castelsarrasin ses vrais amis, et a prouvé que même sur les terrains prétendus ingrats il y a toujours quelque chose à faire. C'est de bon augure pour l'avenir. Honneur à ceux qui l'ont compris ! Nous nous réjouissons grandement de voir un homme de la valeur de M Alric, apporter au Conseil municipal sa grande connaissance des affaires et son talent bien connu de parole. Tous, adversaires et amis, conviennent que ce sera pour le plus grand bien de la commune et je ne sache pas de meilleur compliment à faire à l'heureux élu.

[le dénommé Alric sera largement battu en 1919 quand la liste Pottevin sera élue alors que la France vit une forte évolution à droite]