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Vie de La Brochure
27 juin 2023

Cayrou célèbre l'abbé Salvat

l'abbé salvat

Cayrou le républicain fils d'instituteur a toujours été célébré sur le journal très réactionnaire, La Croix qui lui donne la parole pour évoquer le passage de l'abbé Salvat à Montauban. JPD.

La Croix 31 janvier 1937

M. l'Abbé SALVAT à Montauban

Le jeudi 21 janvier, a eu lieu au théâtre municipal de Montauban, la causerie si impatiemment attendue de M. l'Abbé Salvat, sur Mistral et sa Provence, Une foule nombreuse parmi laquelle on remarquait la présence de Monseigneur Durand, camarade d'études du conférencier, avait tenu à prouver à ce dernier la haute estime dont il jouit parmi nous en même temps que l'intérêt suscité par le sujet annoncé. L'Abbé Salvat, en effet, n'est pas un inconnu dans notre région, bien loin de là. Il s'y est rendu populaire, grâce à ses causeries en langue occitane largement diffusées par la radio et hier, certainement, beaucoup de ses admirateurs qui ne l'avaient jamais vu, s'étaient rendus au théâtre pour faire avec lui une connaissance plus complète. En dehors de ses émissions radiophoniques, ce que beaucoup d'auditeurs ignoraient, c'est que, depuis de longues années déjà, l'Abbé Salvat, majoral du félibrige, est un apôtre de la langue occitane, un propagandiste ardent, un défenseur passionné de tout ce qui intéresse la vie méridionale : nos traditions, nos mœurs, nos coutumes; c'est que, en dehors de ses fonctions habituelles de professeur au Petit Séminaire de Castelnaudary, il consacre tous ses loisirs à l'enseignement de la langue occitane, afin de lui redonner sa pureté et son éclat d'antan, insouciant de tous honneurs et de tous bénéfices. Et ceci dit pour qu'on le connaisse mieux, dût sa modestie en souffrir, faisons un bref résumé de son intéressante causerie. Elle fut faite en langue occitane naturellement. Aurait-il pu s'exprimer plus harmonieusement et de façon à mieux servir sa cause ? Non, sans doute. Aussi fut-il religieusement écouté par tous ses auditeurs, grands et petits, car il y avait beaucoup de jeunes au premier rang qui ne purent réprimer un mouvement de surprise à l'exorde même de son discours. Pensez donc, dans un milieu d'apparence aussi sévère, de la part d'un prêtre à la mine austère, entendre parler « patois ». Quelle chose inaccoutumée ?... Cette impression première n'ayant point échappé aux sensibles antennes du conférencier, celui-ci en profita pour défendre et justifier aussitôt l'usage de sa langue maternelle. Puis il parla de Mistral avec amour, avec admiration, de Mistral, un des plus grands poètes français dont les œuvres sont si peu connues cependant. Il énuméra ses principales productions littéraires, peu nombreuses, puisqu'il ne faisait paraître un livre que tous les sept ans. Mais quel livre il offrait à l'âme de son peuple qui, grâce à lui, remontait à sa source et reprenait conscience de sa grandeur passée, de sa gloire en sommeil. Il évoqua Mireille, plus connue par Gounod que par son propre créateur. Il nous entraîna avec elle dans les paysages arides et brûlants de la Crau jusqu'aux Saintes-Marie de la Mer. Il nous fit traverser le Rhône si large et si impétueux et nous promena dans les Alpilles avec Calendau. Il nous fit enfin toucher du doigt l'œuvre si magnifique du chantre de Maillane, dont il est le continuateur modeste, mais combien enthousiaste et fécond en résultats. On sentait que le conférencier aurait voulu élargir le cadre de cette causerie dont la courte durée ne lui permettait pas d'utiliser sa vaste documentation. Mais le temps limité qui lui était imparti suffit amplement pour nous faire apprécier tout son talent et toute son érudition, Avant de terminer son magistral exposé, M. l'Abbé Salvat nous dit toute la foi qu'il avait dans la résurrection totale de sa chère langue occitane, grâce à l'enthousiasme débordant de félibres qui se révélaient chaque jour de plus en plus nombreux et grâce surtout à la voix inspirée de poètes, tels que : Prosper Estieu et Antonin Perbosc. Sa péroraison fut saluée par une salve d'applaudissements justement mérités, ayant réussi en quelques minutes trop brèves à faire aimer son terroir en le faisant mieux connaître et en exaltant dans son même parler le souvenir d'un de ceux qui l'ont le plus glorifié. H. CAYROU.

N. B. — Nous n'ajouterons qu'un mot au compte-rendu si documenté et si complet de notre compatriote, M. Cayrou, le félibre apprécié de notre région; et ce mot sera un éloge sans restriction pour tout le programme de cette fête. La « Schola » s'est montrée, une fois de plus, digne de sa réputation ; les jeunes actrices, très à l'aise dans leurs rôles; la crèche de Provence et ses petits santons délicieux de grâce et de gentillesse. Un ensemble charmant ; un public très nombreux, très sympathique. Tout cela pour aider des œuvres plus sympathiques encore : les Colonies de Vacances des « Hirondelles » et de la «Présentation».

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