Olympe de Gouges face à sa notoriété

Face à la notoriété : 1 – Réjouissons-nous, 2 – Méfions-nous.

Se réjouir puisque ça élargit le champ des connaissances.

Se méfier quand cet élargissement est un rétrécissement, suivant le principe de l’arbre qui cache la forêt.

En tant que tel, l’arbre a ses mérites mais les verres grossissants en font la limite.

Olympe de Gouges est connu pour sa déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. J’ai étudié sa notoriété y compris à travers le monde. Et chaque fois la déclaration en est la raison.

Quand en 1788 Olympe de Gouges écrit  son « projet d’impôt étranger au Peuple, et propre à détruire l’excès de luxe et augmenter les finances du trésor, réservé à acquitter la dette nationale. » avec cet exemple : « Un impôt encore aussi sage qu’utile, serait celui qu’on pourrait créer sur la servitude ; plus un maître aurait de valets, plus son impôt serait fort. »

N’est-ce pas une position digne d’intérêt ?

 Avec le cas d’Olympe nous sommes face à une opération permanente : admettre le féminisme pour mieux le manipuler. Et cette manipulation n’est pas seulement celle de l’idéologie dominante qui fabrique les notoriétés.

Quand la revue montagnarde Annales Historiques de la Révolution française traite Olympe « d’aventurière girondine » c’est un autre type de manipulation mais basée sur le même principe : l’arbre qui cache la forêt.

Il se trouve qu’Olympe a soutenu le roi et la Gironde car en effet elle fut une modérée… mais une révolutionnaire modérée. Situation impossible ? Oui sa déclaration des droits est révolutionnaire mais si on l’écarte de son féminisme social alors il s’agit d’une révolution de papier ! Pour comprendre réellement le côté révolutionnaire d’Olympe il faut observer toute la forêt !

Mais là nous sommes face à n problème global très grave. Plus nos sociétés vieillissent et, plus l’idéologie dominante infantilise ! Pour un enfant il est naturel de ne voir qu’un arbre dans la forêt et en grandissant son regard s’élargit. C’est Paul Ariès qui m’a fait prendre la mesure de la dite infantilisation généralisée dans laquelle nous vivons. Quand il fait chaud des journalistes répètent en boucle qu’il faut ouvrir les fenêtres la nuit, et les fermer le jour, et il faut être journaliste pour ça ? Quand il y a une tempête ils invitent à rester dedans etc.

Pourquoi cette infantilisation ? Pour obtenir la célèbre servitude volontaire ! Une infantilisation rendue d’autant plus possible que la technologie nous emprisonne ! J’ai connu le temps où je pouvais soulever le capot de la voiture pour réagir à une panne. Aujourd’hui la technologie d’une voiture est telle que l’ordinateur commande ! Même pour changer une ampoule c’est un tour de force !

Revenons à Olympe et au féminisme.

En 1789 naissent les trois féminismes classiques : celui social des tricoteuses, celui modéré et réaliste  d’Olympe, celui de la classe dominante de Madame Rolland. Les trois peuvent se rejoindre pour demander un juste droit au divorce.  Mais chacun a son rôle mais quand la déclaration des droits d’Olympe est célébré elle risque de réduire le féminisme à son côté politique or l’essentiel c’est de bien analyser la globalité du phénomène et ensuite chacun prend la position qu’il trouve la plus efficace.

Léon Abensour a étudié le féminisme sous la Monarchie de juillet et il a pu vérifier l’existence à cette époque aussi des trois féminismes : celui de Flora Tristan qui est le plus social, celui plus lié à Olympe et celui que nous dirions de droite qui stipule que les femmes doivent pouvoir être mieux éduquées... à faire la cuisine. La quetion traverse toutes les époques mais il se trouve qu'Olympe traverse les trois féminismes. On ne peut la réduire à son incontestable modération, on ne peut la célébrer que pour son incontestable sens de la révolution. Son parcours reste exceptionnel. JP Damaggio