Mon XIXe siècle : de Dieu au citoyen
Personnages du XIXe siècle que j'ai étudiés
Nom |
naissance |
Décès |
fonction |
Lieu N |
Lieu D |
1800 |
1881 |
Politique |
Moissac |
Moissac |
|
1810 |
1884 |
Ecrivain |
Lafrançaise |
Montauban |
|
1835 |
1892 |
Ecrivain |
Montauban |
Paris |
|
1854 |
1928 |
Ecrivain |
Caussade |
Moissac |
|
1834 |
1902 |
Ecrivain |
Moissac |
Moissac |
|
1830 |
1878 |
Politique |
Beaumont |
Genève |
|
Louis Taupiac |
1818 |
1891 |
Ecrivain |
Beaumont |
Castelsarrasin |
Jean-André Poumarède |
1815 |
1869 |
Ingénieur |
Réalville |
Monteils |
1867 |
1929 |
Journaliste |
Montauban |
Paris |
|
Charles Mazade-Percin |
1820 |
1893 |
Journaliste |
Castelsarrasin |
Paris |
Charles de Freycinet |
1828 |
1923 |
Polytechnicien |
Foix |
Paris |
Théodore Despeyrous |
1815 |
1883 |
Professeur |
Beaumont |
Faudoas |
L’abbé Marcellin |
1806 |
1888 |
curé |
Montauban |
Cayrac |
Jean-Baptiste Pérès |
1752 |
1840 |
Religieux |
Valence |
Agen |
1764 |
1844 |
industriel |
Montauban |
Montauban |
|
1819 |
1853 |
Cabaretier |
Bourg de Visa |
Jersey |
|
1849 |
1898 |
Géographe |
Réalville |
Réalville |
|
Basile Cassaigneau |
1821 |
1904 |
Médecin |
Lamothe-Cu. |
Beaumont |
A.-Athénaïs Mialaret |
1826 |
1899 |
institutrice |
Montauban |
Paris |
Le XIXème siècle est le siècle ou le pouvoir de "droit divin" est devenu, par de nombreuses luttes, de "droit citoyen". Une mutation phénoménale qui a suscité une créativité sans équivalent, sauf peut-être demain, celle qui nous fera à nouveau passer d’un pouvoir de droit citoyen, à un pouvoir de droit divin.
Si le pouvoir ne descendait plus du ciel sur la terre, comment le faire monter de la terre vers le ciel, pour le moins vers le ciel des autorités politiques ? Une seule règle possible, transformer l’éducation, qui, cessant d’être la parole du prêtre montrant le chemin à suivre, devenait la parole de l’instituteur faisant entendre la voix du peuple, le prêtre se limitant au conseil des âmes.
Sauf que l’histoire ne pouvait être aussi simple d’autant que la Troisième République a voulu nous faire croire que c’est avec Jules Ferry qu’est né l’instituteur en question.
En réalité, Guizot et la Monarchie de Juillet seront les premiers à l’installer dans le paysage, après 1830, et il est porteur d’un nouveau type de contradiction : le peuple étant ignorant, comment l’éduquer tout en l’écoutant ? Or l’éduquer a souvent pris le pas sur l’écouter ! Pour de bonnes et auvaises raisons.
La difficulté se doublait d’une autre : comment écouter ceux qui ne veulent rien dire, par ignorance de la langue par exemple ? La tendance «donneur de leçons» ne pouvait que prendre le dessus sur celui de capteur de leçons et la Troisième République a surtout créé l’instituteur donneur de leçons en échange d’un statut beaucoup plus enviable que le précédent. De 1830 à 1880 l’instituteur n’était rien d’autre que citoyen aussi modeste que le paysan son voisin, soumis à tous les aléas de la vie politique. En gagnant en indépendance ils s’éloignaient parfois du peuple.
Par chance pour le peuple, des membres de l’ancienne classe dirigeante, après avoir admis que le pouvoir de droit divin était néfaste, ont décidé de se mettre au service du peuple sans s’investir dans la mission scolaire, donc en échappant à la contradiction, éduquer ou écouter le peuple !
Cette classe de personnages nobles, bourgeois, parfois curés, parfois médecins, qui ont étudié et travaillé pour le bien de tous, et non pour la nouvelle classe cherchant le pouvoir, la classe capitaliste, sont à mes yeux de puissants révélateurs de ce combat démocratique si glorieux.
Louis Taupiac, celui que j'étudie à présent, en bourgeois aisé et avisé, fait partie de cette série de personnages que je tiens à célébrer. Sans être exhaustif (voir le tableau) j’en cite quelques autres qui ont occupé ma vie :
Mary-Lafon, fils de médecin de Lafrançaise, qui a tant fait pour la langue d’oc, les troubadours, et pour la création d’une rue qui à Montauban porte son nom.
Camille Delthil, rentier moissagais qui avec Pierre Flamens a consacré une énergie méconnue en faveur de cette éducation atypique du peuple.
Le docteur Basile Cassaigneau de Beaumont de Lomagne qui, tout en soignant le peuple, a su l’écouter.
L’entrepreneur Garrigou qui a fondé l’usine à fer de Bruniquel.
Le bourgeois érudit Poumarède, un Réalvillois qui a contribué à la naissance de l’industrie des phosphates.
L’ingénieur de Freycinet en lien avec la voie ferrée Castelsarrasin-Beaumont.
L’abbé Marcelin, curé qui, à courir dans les cours royales d’Europe, a compris que le monde se construirait avec le peuple.
Parmi tous ces personnages, certains ont puisé leur énergie dans la révolution de 1789 elle-même, mais d’autres, les plus nombreux furent, de différentes manières les enfants de la révolution de 1830. Les enfants de 1848 (le quarante-huitard) furent si longtemps sous le contrôle de l’Empire qu’ils n’apportèrent que très tard, et donc faiblement, leur contribution à la dite démocratie.
Très rarement ils sont morts là où ils sont nés ; le plus souvent ils ont participé aux batailles politiques. Certains chez les démocrates, d’autres non, mais tous avec cette ambition : rendre le peuple apte à se battre pour ses droits. Ceux qui n’étaient pas des démocrates plaidaient pour un catholicisme social. Uneseule femme, l'épouse de Michelet.
Ce travail concernant le Tarn-et-Garonne a son équivalent sans nul doute dans tous les coins de France. J-P Damaggio