Macron, champion en révolution

Je l'admets, à l'annonce de la candidature Macron j'ai imaginé un candidat autour de 5%. Mais cette élection présidentielle est pleine de surprise si bien qu'aujourd'hui Emmanuel Macron apparaît comme un président possible, plus possible que Marine Le Pen.

Par quel mystère ? Son pouvoir dans les médias ? Son art du grand écart toujours important en politique ? Sa capacité à capter les mécontents ?

Dans Le JDD il déclare :

""La politique, c'est comme la littérature, c'est un style, affirme l'ancien chouchou du Président. C'est une magie. Il faut définir le cœur de ce qu'on veut porter." Ça ne nous en dit pas beaucoup plus. Un membre de son tout premier cercle risque un diagnostic : "Ce qui se passe entre Emmanuel et les Français repose non pas sur une idée choc qu'il aurait mise sur la table, mais sur une capacité de fascination de sa personne qui est l'émanation de ce qui l'anime.""

 La révolution de Macron c'est la production de fascinations. Il est Danton : "De l'audace, toujours de l'audace, rien que de l'audace" ?

Pour être plus précis au cours de cet entretien faste il déclare :

"Comment se construit le pouvoir charismatique? C'est un mélange de choses sensibles et de choses intellectuelles. J'ai toujours assumé la dimension de verticalité, de transcendance, mais en même temps elle doit s'ancrer dans de l'immanence complète, de la matérialité. Je ne crois pas à la transcendance éthérée. Il faut tresser les deux, l'intelligence et la spiritualité. Sinon l'intelligence est toujours malheureuse. Sinon les gens n'éprouvent de sensations que vers les passions tristes, le ressentiment, la jalousie, etc. Il faut donner une intensité aux passions heureuses."

 Lève-toi et marche ! En Marche comme Emmanuel Macron.

Tel est son destin !

Révolution comme une "vision, un récit, une volonté".

Macron est un doué : "Il suffit de parler à un éleveur de Lozère, ou d'ailleurs, pour toucher du doigt l'aberration d'une organisation mondiale qui ne lui permet plus de vivre, l'obligeant à vendre ses bêtes à un prix nettement inférieur à celui d'il y a trente ans."

Il réussit cet exploit de parler peuple pour être bien au-dessus, très haut. Il prétend marcher par les chemins quand en fait il gravit des montagnes.

Un enfant de cœur avec des habits de pape.

Des constats éculés deviennent dans sa bouche des découvertes géniales.

Oui, l'effet Macron existe : il rend heureuse la fuite devant la politique.

S'il peut se permettre d'employer le mot "révolution" c'est qu'il peut pervertir totalement le langage : le chômage n'existe plus grâce à "un droit universel à la mobilité professionnelle". Première étape du "revenu universel d’existence" si cher à Benoît Hamon ?

En fait Macron est là pour combler un vide. Pur produit du système, il rassure certains, en ayant été capable de dire "ciao" au système.

Si la bulle Macron ne se dégonfle pas il sera la voix d'une France devenant de plus en plus inquiétante, une France que l'échec du quinquennat a totalement déboussolé. J-P Damaggio