Le Noël de Fujimori

Depuis des mois je souhaite évoquer El Caso Odebrecht qui fait suite à une enquête du département de justice des USA du 21 décembre 2016. Il s'agit de dirigeants de 12 pays qui ont payé des pots de vin à l'énorme entreprise brésilienne Odebrecht. Pour obtenir l'indulgence du tribunal, Odebrecht a donné le nom des corrompus. Parmi eux l'actuel président du Pérou.Le vendredi il risque la destitution à cause de ça et il est sauvé de justesse par quelques députés fujimoristes. Le lendemain l'ex président Fujimori condamné à 20 ans de prison, est déclaré en mauvaise santé. Et le jour suivant il est libéré. Pas besoin d'être sorcier pour deviner le lien de cause à effet.

Le Pérou se distinguait parmi tous les pays en ayant un président en prison (le voisin chilien n'a pas osé).

En 2000-2001 l'histoire du Pérou bascule et ce basculement est tellement symptomatique qu'avec douze lettres imaginaires à Fujimori j'annonçais l'ère des populismes dans un manuscrits qui est resté manuscrit. Un histoire totalement romanesque.

Depuis, le mot populiste a été mis à toute les sauces afin de lui faire perdre tout sens, or même s'il a plusieurs sens il est la marque d'une époque qui vise à cracher deux fois sur le peuple en le divisant : glorifier le peuple soumis pour détruire tout peuple insoumis.

Fujimori avait su s'appuyer sur le peuple soumis, pour détruire son opposition, et à cette fin, il avait détruit le terrorisme qui n'avait rien du peuple insoumis, mais était l'adversaire à sa mesure. Son originalité tenait au fait qu'il n'était pas un militaire.

Et aujourd'hui, sa libération est à la mesure du monde né des populismes, la victoire non pas de la corruption (qui était une de ses armes classiques à lui comme à tant d'autres) mais de la soumission du politique aux puissances financières internationales.

Juste après une belle réélection, Fujimori est tombé, car la CIA l'a lâché, comme la CIA tire les ficelles avec le cas Odebrecht. Les méthodes ont radicalement changé pour que tout continue pareil.

JP Damaggio