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Vie de La Brochure
11 octobre 2018

Arezki Metref à Toulouse

arezki metref

Dans le cadre des Journées culturelles Franco-algériennes de Toulouse celle du mrcredi n’est pas la seule que j’avais envie d’écouter mais faire le voyage à la capitale régionale n’est pas simple. Donc, tant pis pour l'hommage à Cheb Hasni, je me limite à l’évocation de ce débat du mercredi autour du thème suivant : « La presse française et la décennie noire en Algérie -1990-2000 : entre information et désinformation ».

Arezki Metref était l’un des intervenants (je parlerai des autres ensuite) et il était bien placé pour évoquer la question puisqu’il avait connu la presse algérienne jusqu’en 1993, puis la presse française, en tenant chronique dans Politis à partir de son exil. Lui comme d’autres démocrates il avait dû fuir la mort que les islamistes lui promettaient, tout comme des islamistes étaient venus en France pour fuir la mort que l’armée algérienne leur promettait. Sauf que les deux camps n’étaient pas traités de la même manière par les autorités françaises et les médias de gauche. Aux islamistes les honneurs et aux démocrates les injures ! Parmi ses souvenirs, Arezki évoquera ces islamistes installés en France qui lui montraient les papiers en règle, alors que lui devait batailler ferme pour les avoir ! Incompréhensible au pays de la démocratie ? Les rapports entre la France et l’Algérie constituent un tissu de contradictions par toujours simples. Et nous allons voir pourquoi.

Arezki le rappellera sans hésiter des gens de l’armée avaient infiltré le GIA tout comme le GIA était infiltré par des gens de l’armée mais ce fait « policier » ne pouvait en aucun cas masquer le projet politique des islamistes. Pouvait-on dédouaner les islamistes de leurs crimes au nom des méfaits de l’armée algérienne ? Dès son arrivée au pouvoir l’armée algérienne a continué les luttes d’influence issues de la guerre de libération. Pendant que le pays devenait à l’international un figure des mouvements de libération et des pays non alignés, à l’intérieur une politique de développement des droits des citoyens (en particulier dans l’éducation) était liée à ne politique de contrôle des libertés et après le coup d’Etat contre Ben Bella, Boumediene a toujours eu la crainte d’être à son tour victime d’un coup d’Etat.

En conséquence, quand en 1988 l’armée a tiré sur la foule des manifestants, elle n’a pas marqué un point dans les milieux de gauche français aussi quand les islamistes ont décidé d’user des armes après le refus de respecter les urnes qui lui avaient donné la majorité, la démocratie a été invoquée par soutenir les islamistes par une étrange coalition. Arezki Metref rappellera les conditions du débat : les islamistes ont toujours dit qu’ils n’utilisaient les conditions de la toute jeune liberté (le pluripartisme installé en 1989) que pour imposer leur charia.

Pour comprendre, quelqu’un le rappellera, il fallait sortir de l’affrontement militaire avec le GIA. C’est dans la rue, dans les écoles, dans les pharmacies, dans les entreprises que des militants islamistes intervenaient pour imposer les règles de la charia et ils furent battus. Même si politiquement, ce mouvement démocrate n’a pu accéder au pouvoir il a e un rôle majeur dans la société, par les syndicats, les journalistes, les écrivains, les luttes des femmes, les simples courageux du quotidien.

N’aurait-il pas fallu, en 1933, que l’armée allemande arrête Hitler demandait Metref ? Faut-il laisser la liberté aux ennemis de la liberté ?

Aux puristes de la démocratie se sont coalisés ceux qui avaient toujours une dent contre une armée qui avait battu l’armée française.

De ce fait à Politis où les puristes de la liberté ont toujours tenus pignon sur rue Metref tenait chronique car on n’osait pas le chasser mais en discussion constante avec Denis Seifert. Metref a publié les dites chroniques en livre avec une préface de Seifert qui rappelle les discussions internes au journal. Mais si à Politis il y avait encore discussion interne, au Monde et à Libération il n’y avait qu’une seule ligne : en Algérie les habitants à plaindre c’étaient les islamistes dont on allait jusqu’à justifier les violences sans nom. Arezki observera que l’ambiance changera un peu à partir de 2001 suite à l’effondrement des tours jumelles à New York. Sauf au bénéfice de ceux qui réduiront cette fois les islamistes à des êtres manipulés par la CIA ! Comme pour l’armée algérienne qui n’était pas une « oie blanche » a reconnu Metref, la CIA n’a pas été étrangère à la formation d’islamistes en Afghanistan qui ensuite sont revenus en Algérie. Sauf qu’on ne peut pas dire que le modèle majeur de l’islamisme, l’Iran de Khomeiny a été installé par la CIA qui, tout au contraire, si elle était aussi puissante qu’on le dit, aurait dû prévenir cet échec honteux pour les USA !

Arezki Metref insistera donc : le FIS n’a jamais caché son projet de société qui a été installé en Iran, et que d’autres ont tenté d’installer partout dans le monde musulman où il n’existait pas déjà comme en Arabie Saoudite. Metref a rappelé les valises de billets qui sortaient à Alger de l’Ambassade d’Arabie Saoudite pour aider les islamistes.

A la tribune il y avait d’autres témoins très différents puisque avec Metref et l’animateur, les trois autres étaient des Français au parcours surprenant.

Francis Pornon dont j’ai acheté un des livres « En Algérie sur les pas de jean Boudou », a témoigné de son parcours. ¨Prof de philo il a été en Algérie comme VSNA (volontaire du service national actif) c’est-à-dire coopérant. Il a rappelé ce paradoxe : il y a autant de jeunes français qui sont partis en Algérie pour aider le pays, que de pieds-noirs qui ont dû le quitter ! Il faudrait vérifier les chiffres. En conséquence quand il a vu de France la guerre faite aux civils il a souhaité revenir dans ce pays pour un reportage. Après hésitation l’Humanité a accepté de lui confier cette mission. Francis Pornon avait déjà une dizaine de livres à son actif (beaucoup de poésies mais surtout un roman sur Couthon le mal aîné en 1989 chez Messidor). Il a vécu au jour le jour le courage des citoyens survivants malgré tout.

Puis viendra le tour de Pierre Barbancey journaliste à l’Huma, né en Tunisie a-t-il indiqué, avec des parents qui ont été chagriné à la mort de Ben Bella. Il a cru ce soir là que sa fonction était de centrer la soirée sur le côté politique en répétant qu’on ne fait pas de la politique avec des émotions. Il dira que pour son premier reportage en Algérie, il avait ses convictions politiques mais qu’il y est allé en tant que journalistes pour témoigner des résistances. Pourquoi cette double face ? Car dans l’Algérie de l’Indépendance, les communistes n’ont pas été les derniers à subir les foudres du régime militaire. Avec Marie-France nous avions eu l’occasion de l’écouter à Avignon en tant que journaliste envoyé en Iran, et nous l’avions trouvé moins obsédé à répéter le mot «communiste» à tout bout de champ.

Georges Rivière, le Toulousain de l’équipe, était dans un autre contexte. Sans liens particuliers avec l’Algérie, c’est au contact des démocrates algériens réfugiés à Toulouse qu’il prend conscience du phénomène algérien. Il écrit un article sur le sujet publié sur le Monde libertaire. Il a été marqué par la manif des femmes à Alger le 22 mars 1994. Donc il a participé à l’organisation de la solidarité et à la diffusion de l’information avec Asma puis avec Pour, rassemblant des membres des réseaux de «porteurs de valises». Il perçoit dès le départ que le projet islamiste ne concerne pas seulement l’Algérie et ne vient pas que de l’Algérie. Mais en France il prend une résonnance particulière car la France est malade de l’Algérie.

C’est un peu le point qui rassemble tout les intervenants. D’ailleurs le mot de « psychanalyse » de la France sur ce point sera repris par Metref.

Et l’actualité ? Avant le débat Georges Rivière qui vit à présent en Algérie avec sa femme nous disait que la connaissance du passé n’apporte plus rien pour réfléchir au présent, ce à quoi j’ai répondu que le passé n’est jamais passé. A la fin de son propos il a fait observer que toutes les luttes menées ont été des échecs, malgré leurs mises en garde des années 90. Et c’est sans doute pour ça qu’il pense qu’il faut revoir tous ses modes de réflexion.

Dans tous les cas, le débat qui a surgi au sein de la gauche (il n’a rien été dit au sujet du Figaro) continue et Arezki a noté que le RCD - parti parmi les plus démocrates et opposés à l’islamisme - avait évolué en mettant en veilleuse son combat pour la laïcité. Laïcité et pays musulmans, un autre débat en soi pour traverser la Méditerranée de Paris à Alger. Je renvoie à mon article sur le droit de vote des femmes musulmanes dans l’Algérie française de 1945 à 1962. J-P Damaggio

P.S. Je n'ai pas bien noté le nom de l'animateur, prof d'économie à Toulouse qui est au milieu sur la photo et qui a su apporter sa pierre de main de maîtrre. Bravo à lui.

Je voulais mettre un lien internet pour les journées mais je n 'ai pas trouvé !

Liens vers Areski Metref sur Le Soir d'Algérie : un film ; compte-rendu de son dernier livre ; 

J'ai indiqué dans le débat qu'il écrivait sur Le Soir d'Algérie mais je suis un peu en retard, je ne trouve plus sa chronique qui a disparu aussi des archives. Puis en cherchant autrement je trouve ceci ; ICI.

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