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Vie de La Brochure
22 février 2019

24 février 1850 à Castelsarrasin

Sous la Seconde république Castelsarrasin fut une ville rouge. Le journal local, Le Messager n’était pas de cette couleur, mais apporte des informations utiles. En voici une et si on compare à l’article précédent on peut y lire les deux visions des démocrates : le 24 février la fête se fait entre eux, mais le 4 mai c’est la fête nationale (avant que ce ne soit le 14 juillet). J-P Damaggio

          CASTELSARRASIN. —2 mars -1850.

Dimanche dernier a eu lieu, à Castelsarrasin, l'anniversaire du 24 février 1848, et certes, parmi les réjouissances tant soit peu mesquines qui ont eu lieu à cet effet - nous citerons une messe, en action de grâces, qui a été célébrée dans l'église St. -Sauveur,  à laquelle faisait faute l'organiste qui nous manque depuis bien des années, et dont cependant, les appointements figurent ou ont figuré, quand même, sur certain budget.

Disons, ensuite, que nous avons remarqué avec peiné l'absence, presque totale, des garde-nationaux qui avaient été appelés à faire partie du cortège qui devait accompagner les autorités administratives et judiciaires à cette cérémonie religieuse. En effet, pas un seul chef de la milice citoyenne ne s'est présenté revêtu des insignes de son grade, et il n'a rien moins fallu qu'un maréchal-des-logis de la gendarmerie de la résidence prit le commandement d'un très-petit nombre d'hommes appartenant à la compagnie des pompiers, piquet au plus renforcé d'un effectif de 5 à 6 hommes de garde-nationaux du centre !... On ne pourra se dispenser de convenir avec nous qu'un tel manque de convenances n'a guère de rapport avec la politesse française.

Mais, en revanche, nous avons eu le soir, dans la salle de l'hôtel-de-ville, un bal magnifique, bien que l'étiquette en fût totalement bannie. Dès huit heures du soir la salle était garnie de l'un et de l'autre sexe. Un orchestre très-bien composé entraînait les danseurs par le choix et l'harmonie des quadrilles qu'il exécutait. Une mise élégante, sans faste et presqu'uniforme caractérisait la tenue du beau sexe. Des commissaires du bal, dirigés par leur président, n'étaient exclusivement occupés qu'à veiller aux rafraichissements qu'on distribuait aux dames, et, surtout, à ce que, parmi elles, aucune ne servit de tapisserie : attention délicate, la plupart du temps négligée, même dans certaines réunions prétendues très-policées....

Au plus fort de l'entrain, les mêmes commissaires ont délégué l'un d'entr'eux, le citoyen Manau, pour recueillir de la société, une collecte dont le produit s'est élevé à une somme de 55 fr. 45 c., au bénéfice des pauvres de la commune. Nous le disons avec attendrissement rien, ne nous a plus vivement ému que la vue de cette modeste casquette, tendue vers nos frères, pour recevoir le centime destiné à soulager le souffreteux…

Au résumé ce bal n'était composé que de gens honnêtes, parmi lesquels figuraient Montauban que de Moissac, cinquante délégués de bonne roche.

A quatre heures du matin, chacun s'est rendu fort tranquillement au sein de sa famille, sans aucune manifestation.

Voilà, quant à l'éloge de ce bal, ce que nous avons dû dire. Mais une chose dans l'action nous a paru sinon blâmable, au moins inopportune : Pourquoi avoir affecté de n'inviter à cette fête que des démocrates prétendus pur-sang ? — Pourquoi n'avoir pas cherché à fusionner les hommes d'opinions divergentes, afin qu'en nous fréquentant, et les uns et les autres, nous puissions arriver à une conviction vierge d'égoïsme? Pourquoi ? nous l'ignorons, mais nous en gémissons....

Nous ne passerons cependant point sous silence la remarque que nous avons faite, sous le rapport des décors improvisés de la salle, dans laquelle on voyait simplement figurer le drapeau de la Pologne flanqué de celui non moins glorieux de la France. Hors de là, point de tableaux à actions outrées en démagogie, tels qu'un de ceux que nous avions remarqué naguère dans la salle de bal d'une société démocratique étrangère à notre ville.

Ce tableau, d'une dimension peu ordinaire en fait de gravure, a pour titre Boissy-d'Anglas, et, pour sujet, la tête sanglante du député Legrand, présentée par des énergumènes de tout sexe à ce président de la convention. Il sera impossible de ne pas convenir avec nous, consciencieusement parlant, que la représentation d'un tel acte sanguinaire dans une soirée dansante, soit totalement déplacée, et de très-mauvais goût sous tous les rapports.

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