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Vie de La Brochure
25 mars 2020

Tony Hillerman face à James Lee Burke

Tony_et_Anne_Hillerman--2

photos : Tony et Anne Hillerman, James Lee et Alafair Burke

Il est banal de chercher à savoir si on est plutôt le fruit d’une société ou le fruit de sa propre liberté. Comme souvent il est possible de répondre, un peu des deux, plus ou moins. Suivant le proverbe tombé du ciel, Nul n’est prophète en son pays, la société ou la liberté (au choix) voudrait nous pousser à chercher le meilleur ailleurs. Vieille lutte née avec l’invention de l’agriculture quand le nomade est devenu jaloux du sédentaire (à moins que ce ne soit l’inverse).

Socialement le paysan s’enracine peut être à contre cœur et pour se persuader qu’il a fait le bon choix il célèbre l’ici contre l’ailleurs.

Fils de paysan devenu instit en un temps où le passage par l’université était inutile, j’ai été conduit à célébrer l’ici, mais sans oublier l’ailleurs, vu que la coopération en guise de service militaire, me porta ailleurs.

lee burke and Alafair

Or face au quotidien de la vie ordinaire en Louisiane comment ne pas rêver des merveilles du Sud-Ouest des USA, que les vacances venues, je suis allé visiter en écarquillant les yeux. La Forêt pétrifié, Les Sables blancs, les Hopis, les Navajos, autant de mots qui chantent sans oublier le Grand Canyon. Et puis c’est un lieu où l’espagnol est à chaque coin de rue.

En conséquence quand j’ai découvert que Tony Hillerman faisait du désert du sud-ouest des USA un lieu vivant, je ne pouvais qu’admirer son talent et au cours d’un second voyage, en ces lieux fantastiques, nous avons même ramené un livre de sa fille Anne (à suivre).

J’étais en Louisiane et je rêvais d’un ailleurs aux allures mexicaines sans imaginer un instant que la petite ville que je fréquentais dans ses moindres détails, de la laverie automatique à la bibliothèque, pouvait intervenir dans le cadre d’un roman comme Robicheaux.

C’est vrai, quand, après des années de galère James Lee Burke a pu enfin éditer ses livres, j’étais déjà loin de la Louisiane mais la date importe peu. Il m’est arrivé alors de passer dans la ville chère à William Faulkner car le Mississipi avait sa touche littéraire, mais pas la Louisiane.

J’ai donc découvert Lee Burke vingt ans après Hillerman, or l’art de Lee Burke – qui a eu aussi son ailleurs, le Montana – est d’une portée plus considérable que celui d’Hillerman. Tony est au pays sans eau et James au pays de l’excès d’eau. La société de l’un s’est faite à l’économie quand celle de l’autre a produit de la gabegie. Et la fille de James Lee sous le prénom d'Alafair est devenues aussi écrivaine. Avec ce point crucial, le statut de la violence made in USA. Si ce pays a porté aux sommets de l’art le roman noir, cela tient aussi au fait que la violence en est une dimension constitutive par sa diversité, son ampleur, sa généalogie. Or cette violence là est à l’ordre du jour planétaire, elle circule déjà dans le sang d’enfants de partout, certains tentant de s’en défendre par la violence religieuse d'autres par la drogue. Dans Robicheaux le pire des tueurs à un brin d’humanité : il ne supporte pas le moindre mal fait à un enfant. Comme si le sens humain pouvait à un moment prendre sa revanche. J-P Damaggio

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