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Vie de La Brochure
12 avril 2020

Montauban, 1936, les fêtes et le PCF

A travers l'image d'un peuple gagnant ses congés il est resté du Front Populaire le sens d'une fête. Roger Bordier n'intitule pas par hasard son livre sur la période : La Fête. Peut-on s'en tenir là ?

Rien n'autorise à couper la fête de la lutte, et la fête de 1936 d'années de luttes qui précédèrent. Il faut donc lire les informations suivantes en liaison avec les autres articles de cette chronique sur cette période.

La fête du Front Populaire à Saint Antonin sera notre première entrée en matière. Elle donna lieu dans La Dépêche à un vaste compte-rendu que nous avons pu confronter avec quelques souvenirs de Malou Rauzet.

Cette fête se présente en conformité avec une certaine tradition politique : le banquet et les discours. Il s'y ajoute le défilé du matin dans les rues de la ville. Il marqua les consciences par son aspect imposant. Deux députés du département étaient en tête et ce défilé était peut-être pour certains une revanche sur les processions catholiques. Mais les communistes où étaient-ils ? Ils étaient dans le défilé mais mesuraient déjà que les partenaires, forts pour célébrer la victoire électorale n'étaient pas chauds pour faire vivre un véritable Comité de Front Populaire comme le demandait le PCF. C'est Jean Marcenac qui sera envoyé par la direction du parti pour le représenter et celui-ci arrivant en retard put tout de même faire son discours tout aussi applaudi que les autres. "Le citoyen Feral" animateur de cette fête cru bon à la fin de donner rendez-vous à l'année suivante. Tout le monde sait que si le 12 juillet 1936 c'était encore l'euphorie, le 12 juillet 1937 elle s'était évanouie.

 De cette fête unitaire passons aux fêtes du PCF. Sur ce point, rien n'apparaît dans la presse de l'époque aussi je ne vais donner que quelques témoignages qui peuvent par définition contenir des erreurs et des imprécisions. Jean Durou tout d'abord évoqua avec moi des fêtes de la JC d'avant-guerre qui pouvaient se tenir à Caussade (café des sports) ou Septfonds. Il s'en souvient en tant que militant mais aussi en tant que musicien puisqu'il jouait du violon. Son père était lui aussi connu comme animateur de fêtes. Il se souvient aussi de fêtes à Verdun sur les bords de la Garonne. "Il y avait des choses magnifiques, tout le monde s'y mettait". De son côté, Henri Marconnier se souvient surtout du car qu'ils avaient organisés à partir de Puylaroque pour la fête fédérale d'Ardus où il y avait eu Renaud Jean. D'autres camarades confirmèrent l'ampleur de cette fête mémorable où il y eut un match de boxe avec en particulier le camarade Marcel Gros (fils d'André Gros) qui se défendit vaillamment contre un autre communiste du Lot. C'était en juillet 1937 et il y avait 4000 personnes.

 Concernant les fêtes de Verdun sur Garonne et d'avant la guerre un autre camarade de Saint Antonin se souvient d'y avoir fait le voyage avec Fernand Granier et d'être tombé en panne. Un autre de Laguépie confirme ce souvenir : "c'était si bien organisé qu'ils ne sont revenus que vers 4h du matin". Ces souvenirs fragmentaires ne permettent ni de dater ces fêtes ni d'en mesurer la fréquence. Celle d'Ardus incontestable, semble de 1937. Mais les autres ? N'existe-t-il pas quelque part des photos, des documents plus précis que la mémoire humaine et pouvant la solliciter ?

Nous savons qu'a travers les fêtes organisées par le PCF on peut analyser ses forces, son orientation, ses capacités mobilisatrices. Mieux connaître ce sujet pourrait aussi nous permettre de mesurer le sens de la fête populaire. Durou jouant du violon est une indication précieuse car témoignage d'une époque où la musique ne pouvait pas être mise en cage technologique (le disque). Ce fait devait en entraîner d'autres concernant le rapport des gens avec la fête et avec la culture. Et 1936, libérant des énergies brimées, peut apparaître comme le dernier cri d'un sens de la fête populaire. Celle-ci continuera sous d'autres formes et la France entière sait comment elle se perpétue à travers la fête de l’Huma mais, sur ce point comme sur d'autres, l'esprit de 36 peut apparaître comme une apothéose et comme un terminus. Toute la contradiction de ce moment historique peut peut-être se mesurer là. j-p damaggio

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