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Vie de La Brochure
23 août 2020

La lucidité selon Saramago

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Le romancier portugais José Saramago a écrit un livre intitulé : Essai sur la lucidité (la traduction française n’a retenu que La lucidité) (livre dédié à MVM) ! Pas plus qu’Histoire de Lisbonne n’est un livre d’histoire, cet essai n’est pas un essai. Saramago aurait aimé être philosophe mais finalement sur la fin de sa vie il est devenu un romancier… lucide.

Je viens d’écrire un livre célébrant la lucidité de Raoul Verfeuil et je prépare un recueil d’écrits célébrant la lucidité d’Alexandra David-Néel. Il me semble donc utile de revenir sur le sens de la lucidité.

Souvent on appelle René Char à la rescousse : «La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil». Certes la formule est blesse mais me laisse sceptique.

Il existe une lucidité de gauche et une lucidité de droite. L’exemple le plus marquant s’st produit en France en 1940 : d’un côté Pétain prenant acte de la puissance d’Hitler signe l’armistice (lucidité de droite) et de l’autre De Gaulle prenant acte de la puissance d’Hitler décide de fuir à Londres pour lancer une lutte de type nouveau (lucidité de gauche même pour un homme de droite).

La lucidité consiste à prendre acte d’une réalité après avoir recherché toutes les informations possibles pour mieux en tirer les conséquences.

Mais alors qu’est-ce que le contraire de la lucidité : pour l’exemple donné nous avons aussi deux versions : celle d’Hitler et celle de Staline, deux hommes qui ne pouvaient être lucides.

L’aveuglement est-ce le meilleur contraire ? A moins que ce ne soit l’illusion ou l’inconscience ?

J’avoue ne pas avoir réfléchi à la question. Pour Hitler on pourrait parler de délire et pour Staline d’ivresse du pouvoir.

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Mais revenons à Saramago. Le contraire de la lucidité serait la cécité (ou L’Aveuglement si on se réfère au livre précédent). Celle d’une femme dans Essai sur la lucidité.

Une cécité visible… chez des admirateurs du livre : « Saramago propose une œuvre qui est une attaque en règle de la démocratie, d'un pouvoir qui cherche absolument un coupable à un événement somme toute démocratique.»

Non le livre est une défense de la démocratie pervertie par un pouvoir qui se prétend démocrate !

Je préfère cette critique : « La Lucidité est donc un roman politique. Un roman qui est une dénonciation de nos prétendues démocraties.»

Le hasard a voulu que je croise dans la presse italienne, le 21 janvier 2004 un entretien entre Umberto Eco et José Saramago qui rappelle qu’il n’est pas un ex-communiste, «j’ai toujours été un communiste et je le suis encore, un communiste libertaire.» Et sur la démocratie il est très clair : « Restons-en à la réalité d’aujourd’hui. Paradoxalement je suis un communiste qui défend la démocratie. Je ne crois pas au centralisme ou au parti unique. Je pense que la démocratie c’est le moindre mal, et qu’il faudrait s’efforcer toujours de l’améliorer. Ce n’est pas ce qui se fait. » J-P Damaggio

P.S. La citation est un propos d'Umberto Eco à l'adresse de Saramago : "Tu t'es toujours défini comme communiste, mais antistaliniste et un peu anarchiste. Mais quel sorte de diable es-tu ?"

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