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Vie de La Brochure
18 décembre 2020

1889, avortement à Bruniquel

Un procès sans suite mais comme tous les procès il révèle une part de la vie rurale de l'époque.

JP Damaggio

La Dépêche 12 décembre 1889, COUR D'ASSISES DE TARN-ET-GARONNE

Audience du 11 décembre 1889

Présidence de M. DISPAN DE FLORAN, conseiller à la Cour d'appel de Toulouse. -

Dans le courant de septembre 1889, Jean Plantade, âgé de 69 ans, tisserand à Bruniquel, fut signalé à la justice comme se livrant depuis longtemps à des manœuvres abortives sur un grand nombre de femmes et de filles à Bruniquel et dans les environs. Le 5 octobre, la justice se transporta à Bruniquel et procéda au domicile de Plantade à une perquisition qui amena la découverte de plantes et de substances suspectes et susceptibles de procurer des avortements, et l'accusé, lors de son premier interrogatoire, n'hésita pas à faire connaître des noms d'un certain nombre de femmes qui avaient eu recours à lui pour se faire avorter. Elles furent interrogées, et s'il n'est pas établi pour toutes que l'avortement ait été consommé, leurs déclarations ne laissent aucun doute sur les habitudes de Plantade et sur la fréquence des tentatives de cette nature. C'est ainsi qu’il fut établi qu'une jeune femme Lamouroux avait demandé à Plantade de lui apporter des herbes pour se faire avorter, ce qui fut fait. Le remède n'ayant pas opéré, elle lui écrivit pour lui en demander d'autres qu'elle reçut exactement. Tous ses efforts n'eurent aucun résultat et elle accoucha vers la fin de février d'un enfant du sexe féminin qui ne vécut que sept jours. L'intention criminelle est donc pleinement établie en ce qui concerne la femme Lamouroux, mais l'avortement n'ayant pas été consommé, aucune poursuite ne saurait être intentée contre elle.

L'information poursuivant son cours, a révélé à la charge de Plantade deux autres avortements pratiqués sur la personne des femmes Brian et Pellet, veuve Borios. Plantade connaissait depuis longtemps Brian à Bruniquel ; des relations intimes s'étaient établies entre la femme Brian et lui, du consentement et en présence de son mari. La femme Brian se trouvait enceinte. Plantade lui indiqua des remèdes destinés à la faire avorter et les lui montra plusieurs fois en gardant leurs troupeaux. Elle pratiqua ces remèdes et elle obtint le résultat désiré. Vers le mois de juin 1888, un témoin, la femme Verdeille, qu'elle avait fait appeler, fit des constatations qui ne pouvaient laisser aucun doute sur un accouchement avant terme.

La femme Brian nie absolument le fait ; elle prétend qu'elle n'a jamais été enceinte; mais sa grossesse avait été remarquée, et le lendemain de son accident, pour détourner les soupçons, elle se rendait dans un champ pour y travailler, au grand étonnement delà femme Verdeille et d'un autre témoin. Des faits analogues se sont produits en ce qui concerne la femme Pellet, veuve Borios. Sa grossesse avait été remarquée en particulier par une sage-femme, Réal-Laville, qui s'étonna avec d'autres personnes de la voir subitement délivrée. Plantade reconnaît lui-même lui avoir donné des remèdes à deux reprises en 1888.

La femme Pellet, veuve Borios, déclare n'avoir jamais été enceinte. Après deux visites faites par M. le docteur Laçage ce dernier déclara qu'il en résultait des présomptions évidentes de grossesse.

Les femmes Brian et veuve Borios sont donc poursuivies pour crimes d'avortement, et Plantade pour complicité de ces crimes. Plantade a 69 ans, la tête toute blanche. Il a plutôt l'air bête que méchant.

Après avoir avoué à l'instruction, il nie, à l'audience, de la façon la plus énergique. Il déclare que lors des aveux il était tellement troublé qu'on lui faisait dire ce qu'on voulait. Il déclare cependant avoir donné divers breuvages aux femmes Brian et veuve Borios, et avoir eu des relations intimes avec elles.

La femme Brian nie absolument tous les faits. Il en est de même de la femme Borios.

M. Canot occupe le siège du ministère public. Dès le début de son réquisitoire, il abandonne l'accusation contre la femme Borios, pour insuffisance de preuves. Il demande ensuite une punition sévère contre Plantade et la femme Brian.

Me Buscon. chargé de la défense de Plantade obtient l'acquittement de son client.

Me Buffa fait aussi acquitter la femme Brian.

 

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