Marianne sur le TGV de la discorde

L’hebdo Marianne, par un long article d’Ella Micheletti, vient de se pencher sur le cas de la LGV Bordeaux-Toulouse.

Le_TGV_de_la_discorde

Il se présente comme un article équilibré entre le POUR et le CONTRE. Ce qui n’est malheureusement qu’une illusion !

1 – Je lis : « Pierre Hurmic, le maire EELV de Bordeaux, ne perçoit pas l'utilité du projet. Selon lui, les usagers ne gagneraient que 22 minutes entre les deux villes. Les promoteurs du Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest lui ont rétorqué dans La Dépêche du midi que la ligne permettra au contraire de gagner 56 minutes entre Bordeaux et Toulouse. »

Le propos de Pierre Hurmic est incompréhensible si on ne mentionne pas que le gain de 22 minutes est à lier avec l’effort de rénovation de la ligne existante ! La confusion a déjà été organisée suite à des propos de Yannick Jadot et la réponse de Carole Delga. Oui, la LGV permettra de gagner 56 minutes, mais pour ça, est mise à mal la ligne classique qu’on laisse se détériorer, et sans parler de la ligne majeure Paris-Toulouse par Limoges.

2 – « Pour Georges Méric, le président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, la ligne répond à une attente des habitants de son département, ce qui est vrai si l’on se fie à un sondage Ifop/La Dépêche de 2017 selon lequel 92 % des Hauts-Garonnais y sont favorables. Plus largement, d’après un sondage Ifop/Sud Ouest de 2018, 80 % des habitants de tout le Sud-Ouest l’approuvent. »

Il se trouve qu’aux municipales de Toulouse la liste d’Antoine Maurice clairement opposée à la LGV a fait 48% au second tour ! Je ne dis pas que tous ceux qui ont voté pour cette liste étaient contre la LGV ni d’ailleurs que tous ceux qui ont voté pour Moudenc étaient pour la LGV. Je dis seulement que cette référence aux sondages est biaisée. La question aurait pu être la suite : « Souhaitez-vous une forte augmentation des impôts pour avoir une LGV ?». Le duo Delga-Moudenc ont lancé avec grand renfort de soutien médiatique, de grandes pétitions pour la LGV... sans résultat. Ont-ils organisé un rassemblement place du Capitole pour soutenir leur projet ? Soyons clair, 2% de la population utilise le TGV pour se déplacer alors invoquer un soutien populaire c’est plutôt comique !

3 – « les partisans du projet estiment que l’extension de la LGV pourrait permettre de libérer des sillons. » Ce point technique est un argument classique : la ligne actuelle serait saturé ! Pendant l’enquête d’utilité publique même RFF (devenu SNCF-Réseaux) a cessé d’utiliser cet argument ! Là aussi avec les vieilleries qui servent sur la ligne existante l’argument peut être fondée, mais l’idée majeure des opposants c’est de dire que si on rénovait la ligne existante avec un matériel moderne de gestion des flux, non seulement le TGV a sa place (mais c’est vrai seulement à 240-260 km/h sauf que sur Bordeux-Toulouse le 320 km/h très cher aurait peu de place) mais tous les autres trains bénéficient des avantages.

Conclusion

C’est une anecdote que je répète ici : un jour deux journalistes de France 3 Toulouse ont voulu filmer l’emplacement de la nouvelle gare LGV de Bressols à côté de Montauban et qui se trouve à l’intersection avec la vieille ligne que nous aimons tant. Et là, miracle, un TGV passe. Et une journaliste de s’exclamer : « Mais le TGV il passe déjà ! » Mais oui le TGV arrive à Toulouse depuis 1990, date à la quelle la SNCF s’est activé pour détériorer la ligne historique Paris-Toulouse par Limoges plus courte de 160 km, que le passage par Bordeaux. Dans l’aménagement du territoire le choix pour Toulouse de privilégier le passage par Bordeaux assassine ainsi le centre de la France. Et quand le maire de Cahors et le président du Conseil départemental du Lot justifient le financement énorme de leurs institutions pour la LGV, au nom du fait que d’aller de Cahors à Paris en passant par Montauban et Bordeaux, est un progrès, j’en perds mes notions de géographie ! J-P Damaggio

P.S. Je précise que j'aime bien Marianne comme les lecteurs de ce blog ont pu le découvrir.