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Vie de La Brochure
12 février 2021

La Commune de Paris de Deluermoz sur Marianne et l'Humanité

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Chaque journal va célébrer sa Commune de Paris. Marianne vient de s’y essayer en allant interroger Quentin Deluermoz que je ne connais pas. J’apprends avec Wikipédia qu’en 2016, il co-fonde la revue trans-disciplinaire Sensibilités. Histoire, critique et sciences sociales avec Hervé Mazurel, Clémentine Vidal-Naquet, Christophe Granger et l'éditrice Chloé Pathé (Anamosa), équipe enrichie ensuite par Anouche Kunth et Thomas Dodman. L’entretien publié me paraît très utile car il est équilibré et en lien avec l’actualité et le monde. Je ne connais pas son livre important qu’il vient de publier et peut-être faudra-t-il que je m’y penche. Son livre a été présenté sur Le Monde le 12 novembre 20120. Peu après sur la chaîne Youtube de la très belle librairie de Bordeaux Mollat, avec qui il m’arrive souvent de travailler, on peut bénéficier d’un long entretien. L’Humanité a été la première à rendre compte du livre (voir ci-dessous).

Marianne comme le revue L'Histoire ajoute un portrait de Rossel qui n'est pas dans le sommaire.   JPD

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«Jeudi 15 Octobre 2020, L'Humanité, Jean-Louis Robert COMMUNE(S), 1870-1871

La Commune approche de ses 150 ans. Les publications seront nombreuses et avec le livre de Quentin Deluermoz, la première récolte est déjà très riche. L’auteur se situe dans le cadre des points de vue actuels de l’historiographie, en particulier sur deux plans : les rapports de l’historien au temps et à l’espace sont repensés. Ce qu’on appelle l’histoire globale tente de relire les événements, les processus à l’échelle de l’humanité. Ce penser-monde doit sortir l’historien de son franco-centrisme ou de son occidentalo-centrisme. Il ne s’agit pas seulement d’ajouter mais de relier avec le monde, de resituer dans le monde tous les jeux d’échelle. Avec ce premier outil, Quentin Deluermoz va à la rencontre de la Commune et du monde. Il fait ici des découvertes essentielles. On savait les liens de la Commune avec l’Internationale, les meetings de Londres, etc. On découvre l’écho de la Commune dans le monde. L’auteur nous montre que l’événement Commune de Paris est couvert massivement par les médias du monde entier, certes surtout négativement, mais une information tout de même assez riche circule. La Commune de Paris, c’est l’événement mondial de 1871. Mais tout se diversifie localement. Ainsi, en Roumanie, la Commune est vue comme une révolution républicaine de la liberté et de l’indépendance des peuples. Pour l’auteur, il y a là les bases d’une certaine reconfiguration des rapports diplomatiques et des conceptions de la nation. L’autre aspect ressort de « l’air du temps », un air qui est à la remise en cause des dominations, de la Kabylie à la Chine. L’autre approche est celle de la temporalité. On connaît l’ancien débat : la Commune fut-elle seulement un crépuscule (point de vue des libéraux) ou un crépuscule et une aube (point de vue des marxistes) ? L’auteur regarde la Commune, non dans ce débat qui renvoie à des tendances de longue durée, mais avec des temporalités plus discontinues, plus invisibles. Dans ses rapports au passé ou au futur, la Commune est issue et fabrique des rhizomes multiples. Ces rejets, boutures, emboîtements et connexions des temps, pour les percevoir, il faut descendre à la Commune d’en bas, aux pratiques multiformes. L’auteur, qui apporte ici une nouvelle brassée de faits, montre le millénarisme du rêve égalitaire, la résurgence de modes de violence (anticléricale des guerres de Religion) ou les reprises de la Révolution française notables sur les actions symboliques. L’ensemble est à relier à l’histoire générale, développement du capitalisme industriel et des luttes sociales, urbanisation, reconfiguration de l’État, mais aussi aux temporalités propres à la Commune : temps court, ébranlement révolutionnaire, culture de guerre… Les individus se retrouvent dans une multiplicité de situations. Cependant, cette diversité se cristallise dans une remise en cause des rapports sociaux et une recomposition politique, certes partielles et hétérogènes mais qui s’inscrivent dans des pratiques démocratiques et sociales vivaces. C’est de là que vont partir les nouveaux rhizomes que la Commune développe. C’est de là que cette révolution, trop souvent présentée comme un passé révolu, devient moderne, comme une aube du possible toujours incertain.

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