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Vie de La Brochure
16 avril 2022

L’avenir de Reconquête à partir du cas Moissac

Les législatives auront en autre résultat de décider de l’avenir de Reconquête et donc d’Eric Zemmour. Jusqu’à présent le FN-RN a vu disparaître aussi vite qu’elles étaient arrivées les dissidences d’extrême-droite. Marine Le Pen sera confrontée au même dilemme : laisser une petite place à ce mouvement en lui accordant des circonscriptions, ou au contraire lui couper les vivres (en se souvenant que les législatives décident du sort financier des partis). Le Tarn-et-Garonne sera un moyen parfait de juger de la situation. Sur la première circonscription Pierre Poma est déjà en campagne pour le RN. Mais sur la seconde ? Un candidat RN contre un candidat Zemmour cher à Romain Lopez et c’est l’échec des deux. Ce message sur Facebook de Bruno Lervoire est utile pour alimenter la réflexion. Grand chef du RN dans le Lot, passé par Sciences Po, attaché parlementaire RN à la Région, il est devenu chargé de communication à la mairie de Moissac puis a rejoint Zemmour. Aujourd’hui il jette l’éponge et s’en explique. J-P Damaggio  

Bruno Lervoire : Pourquoi j’arrête la politique.

En 2014, à la fin de mes études et au moment de la campagne des élections européennes, je décide de m’engager au Front National parce que j’estime que Marine Le Pen est la candidate la plus capable de porter mes idées patriotes et souverainistes au pouvoir. Je milite ainsi pendant plusieurs années au FN. Je participe à de nombreuses campagnes, assume de multiples responsabilités locales et suis candidat à plusieurs élections pour porter la couleur bleu marine.

En 2017, comme beaucoup d’entre nous, j’ai le vif espoir de la victoire. Mais après la cinglante défaite du second tour, suivie par le départ de Marion Maréchal et l’éviction de Florian Philippot, puis la transformation du FN en RN et les reniements successifs (en particulier sur les questions de souveraineté et d’identité), je commence à avoir de sérieux doutes.

En 2020, je me lance, malgré tout, dans la campagne des élections municipales dans ma ville natale de Cahors. Face à l’adversité (particulièrement forte dans cette commune), je tiens bon et je parviens, avec l’aide des militants locaux, à former la première liste RN de l’histoire aux élections municipales dans le Lot. Mais là encore, c’est un dramatique échec (à peine plus de 5 % des suffrages).

Je décide, encore une fois malgré tout, de poursuivre le combat. Mais en 2021, le parti en qui j’avais placé ma confiance décide de désigner en tête de liste lotoise aux élections régionales un parfait inconnu, parachuté depuis Paris, sans aucune attache avec le département. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je ne comprends pas que le parti censé défendre les valeurs d’enracinement puisse pratiquer à ce point le nomadisme politique. J’envoie immédiatement au siège du RN ma démission ainsi que celle de la quasi-totalité du bureau départemental. Je quitte le parti en avril 2021, attristé et déçu par les reniements successifs et les combines internes.

Comme par enchantement, Éric Zemmour arrive sur la scène politique quelques mois plus tard. Lecteur et spectateur assidu du personnage depuis la première heure, je choisis de le rejoindre dans son aventure présidentielle. Je ressens, pendant toute la campagne, une ferveur sans précédent autour de cet homme qui paraît si sincère et si déterminé. Je le rencontre à Paris (grâce à un ami bien intentionné) et je découvre un homme chaleureux, drôle et dénué de toute velléité carriériste.

Je participe ensuite à l’organisation de sa visite à Moissac pour l’annonce du soutien du maire, mon ami Romain Lopez, et je constate, après son « agression à l’œuf » devant l’entrée de la mairie, que sa réaction est à la hauteur de l’image que j’avais du personnage : il n’a aucune colère, aucune agressivité, aucune rancœur : il demande même à faire sortir « l’agresseur » de garde à vue pour échanger avec lui. Je suis alors totalement convaincu : c’est l’homme dont la France a besoin, un homme qui pense à la France avant tout et même avant lui-même. Je m’engage donc pleinement dans cette campagne pour faire élire l’homme qui m’avait donné, une décennie auparavant, goût à la politique.

Mais au soir du 10 avril 2022, la désillusion est totale. Les Français, qui avaient la possibilité d’élire un homme intelligent, droit, sincère et visionnaire, ont préféré voter « utile » pour des démagogues. Je suis rempli de chagrin et de désespoir. Je constate d’ailleurs qu’Éric Zemmour, lui-même, est au bord des larmes à la fin de son discours. Il annonce que ce n’est que le début de la reconquête et que l’aventure doit continuer. Je crois cependant qu’au fond de lui il pense la même chose que moi et que beaucoup d’autres : c’est terminé, les Français ont abandonné, ils ne croient plus en la France et pensent davantage à leur porte-monnaie qu’à l’avenir de leurs enfants. Eric Zemmour avait réussi à faire vibrer l’âme de la France pendant sa campagne mais il n’a pas réussi à faire vibrer les Français.

Je suis donc désormais persuadé que le sursaut ne pourra plus advenir par les urnes. Les vrais patriotes sont minoritaires et la démographie ainsi que la propagande bien-pensante jouent contre eux. Par fidélité, avant de démissionner de mes fonctions et de me retirer définitivement de la vie politique, j’assume mon rôle encore quelques jours en relayant localement l’appel d’Éric Zemmour à voter au second tour pour Marine Le Pen afin d’éviter cinq années supplémentaires de macronisme. Je le fais du bout des lèvres car je suis convaincu que cela ne servira à rien : même si Marine Le Pen arrive au pouvoir (ce que je crois fortement improbable) rien ne changera vraiment. Il y a trop de carences dans son programme et dans son entourage.

Trois jours après, en ce mercredi 13 avril 2022, j’annonce donc publiquement mon retrait de la vie politique. Il m’aura fallu huit années pour m’apercevoir que le combat démocratique était perdu d’avance. Les dés sont pipés. Et à ceux qui me jugeront, je répondrais par la célèbre locution : « Errare humanum est, perseverare diabolicum ». Et surtout, vive la France !

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Commentaires
L
Généralement je ne regarde pas les journaux de nos collectivités locales qui produisent tous de la propagande qui donne des boutons mais en effet à Moissac le dernier numéro est un modèle du genre.
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M
Une accumulation de platitudes dans cet article. Et en plus une hypocrisie rare. Avez vous vu le journal de Moissac: page de couverture pleine du portrait du maire et que des pages de louanges à l'intérieur. On croirait avoir a faire à une campagne électorale.
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C
« Errare humanum est, perseverare diabolicum ». Et surtout, vive la France////BRAVO à Monsieur Bruno Lervoire pour ses mots justes du: Pourquoi j’arrête la politique. Cordialement
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