La victoire de l’abstention

J’ai cru qu’au moins sur un point l’opération «Mélenchon premier ministre» aurait induit un fait positif, la mobilisation. On peut toujours penser qu’elle a au moins freiné la baisse mais le «mal» est plus que jamais là, surtout si on n’oublie pas que les «méchants» vieux sauvent la situation face aux «audacieux» jeunes qui se moquent de la question. Mais ils vont devenir vieux et peut-être que là, ils se mobiliseront !

 J’ai cru à une remobilisation car la crise sanitaire a démontré le rôle crucial de la politique. J’ai cru à une remobilisation car l’élection européenne l’avait laissé espérer.

 Non seulement le «mal» est profond mais à écouter les commentateurs les remèdes proposés sont ridicules donc ça va continuer.

 Avant le remède analysons les causes.

La politique est devenue un métier et pas plus que les Français ne veulent devenir agriculteurs pour sauver l’agriculture, ils ne veulent devenir électeurs pour sauver les élections !

Comme tout métier il s’exerce dans un cercle étroit, ici celui des couloirs des pouvoirs, quand pour les agriculteurs il s’agit de la Chambre d’agriculture. Qui sait comment fonctionne une Chambre d’agriculture avec un mode de scrutin pour élire des représentants des paysans, qui favorise largement la FNSEA ?

Ce cercle étroit comprend trois cercles de pouvoirs : celui des fonctionnaires de la politique, celui des agités des médias, celui des marketings divers, une élection est comme une marque de lessive. Et les trois tournent en rond de manière parfaite ! Cette élection le démontre bien.

L’opération « Mélenchon premier ministre » a fait le bonheur des médias car ils adorent réduire la politique à ce jeu politicien. Quoi un jeu politicien la retraite à 60 ans ou la retraite à 65 ans ? Cette carte avait été utilisée à la présidentielle, et Mélenchon avait perdu, alors pourquoi en faire une carte gagnante peu après ?

L’opération «Mélenchon premier ministre» est donc apparu pour ce qu’elle était un jeu politicien, et si le 19, Macron a une majorité relative, il aura des alliés possibles à droite ou même à gauche, alors que ce ne peut pas être le cas de la NUPES, l’alliance étant déjà faite.

Alliance, le mot est lâché !

 Le remède par la proportionnelle ?

La proportionnelle existe, en partie ou totalement, pour toutes les élections sauf la présidentielle (inévitablement) et les législatives.

S’agit-il d’élections avec des taux de participation important ? Non.

En fait pour sauver les législatives il faudrait supprimer l’élection présidentielle mais de ça il n’en est nullement question.

La proportionnelle a existé pour les législatives de 1986, Mitterrand étant le seul à avoir respecté cette promesse de campagne. A ce moment là le PCF étant la plus claire victime du mode de scrutin. Il fallait 50 000 voix pour élire un député de droite et 100 000 pour un député communiste. La proportionnelle n’a en rien changé la situation pour ce parti, au contraire. Avec une élection à un tour, le vote utile n’attend pas le second tour ! Il était faux de prendre les résultats d’un premier tour, comme résultat d’une élection à un seul tour. Le Front national avait été le grand gagnant.

 Aujourd’hui quel est le parti le moins représenté ? Si on regarde l’élection de 2017, le RN au second tour n’a même pas les moyens d’avoir un groupe à l’assemblée alors que le PCF qui pèse environ 3% avait le sien. Et c’est logique puisque ce parti depuis le départ refuse toute stratégie d’alliance or il est impossible de gagner au second tour (et donc de gouverner) sans alliances !

Le second tour permet aux électeurs de dire la politique d’alliances qu’ils souhaitent et ce droit me semble indispensable. C’est ce qu’on appelle le vote utile qui ne devrait servir qu’au second tour ! Sauf qu’à la présidentielle l’appel au vote utile existe… pour être au second tour.

Le 19 juin l’Andalousie vote dans une l’élection à la proportionnelle et il va en ressortir que la droite et l’extrême-droite vont être obligés de s’entendre pour gouverner la région comme la gauche, les écolos et une partie de la droite pour gouverner l’Allemagne.

La proportionnelle donne le pouvoir à une minorité.

A supposer que le résultat actuel du premier tour soit le bon entre Macron et la NUPES, il y aurait quasiment égalité donc deux ou trois députés, pourraient à eux seuls, faire pencher la balance. Est-ce de nature à remobiliser l’électorat ?

 J’ai aussi entendu Natacha Polony remettre en cause la limitation du cumul de mandats pour qu’un maire puisse être député car ainsi le candidat serait plus connu. Dans ma circonscription la candidate RN vient d’ailleurs, et a toutes les chances d’être élue !

 Le seul moyen pour éventuellement changer la donne, c’est la suppression du financement public des partis politiques qui fabrique les fonctionnaires de la politique. Les partis seraient alors obligés d’impliquer les citoyens dans le fonctionnement de leur organisation plutôt que de leur montrer un mépris marqué ! Le marketing deviendrait moins décisif et les médias aussi qui par ailleurs devraient subir des lois capables de les contraindre à être « laïques ». J-P Damaggio

Comments

[CARMEL]

MERCI ENCORE ET TOUJOURS. BRAVO POUR CETTE ANLAYSE ET CELLE DE VERDUN SUR GARONNE, tellement vraies et finement perçues, n' étant pas du coin 82 justement ****Cordialement