Démission au Conseil municipal de Moissac

La Dépêche est allée interroger Bernard Mouillerac, un conseiller démissionnaire. Précisons que de telles démissions sont fréquentes parmi les nouveaux élus qui n’imaginaient pas la vie municipale. Le plus souvent ils choisissent l’absence. Ce témoignage donne un élément sur l’ambiance locale. J-P Damaggio

 Article la Dépêche

Après deux années de bons et loyaux services, le Moissagais a décidé de quitter sa chaise de conseiller municipal suite à des conflits avec le maire et son équipe.

 À 75 ans, le retraité de l’immobilier Bernard Mouillerac a décidé de démissionner de son rôle de conseiller municipal. Celui qui n’a jamais été encarté et se décrit comme quelqu’un "de droite" nous confie les raisons de cette décision radicale. Interview.

 Pourquoi avez-vous choisi d’être conseiller municipal sur la liste de Romain Lopez ?

 La veille du dépôt des listes, ils se sont rendu compte que l’un des conseillers ne pouvait pas être sur la liste car il ne vivait pas à Moissac et n’y payait pas ses impôts. Du coup on est venu me chercher en me disant qu’il leur manquait quelqu’un et que je n’aurais qu’à être présent aux conseils municipaux et c’est tout. Je me suis retrouvé là un peu par hasard au final.

 Quel a été votre rôle de conseiller municipal ?

 Je devais être juste un nom et finalement, vu que j’étais agent immobilier avant, on m’a mis au foncier en me disant que rien n’avait été fait depuis 30 ans. Pendant deux ans j’ai beaucoup travaillé pour reprendre tous les dossiers, je faisais l’équivalent d’un trois-quart-temps. J’ai découvert dans le budget qu’ils avaient inscrit 300 000 € de ventes foncières donc il a fallu que je fasse pas mal de ventes sinon le budget n’était plus équilibré.

 Pourquoi avez-vous décidé de donner votre démission le 24mai dernier ?

 Je suis parti suite à un problème d’argent, de gestion de la municipalité que j’ai exposé il y a un an. J’ai monté tout un dossier pour solutionner cette problématique de copropriété qui aurait permis à la mairie de récupérer 12 000 €, et j’ai organisé une réunion entre le maire et les personnes concernées. Je les ai ensuite laissés prendre le relais. Quelque temps plus tard on m’a assuré que le dossier était réglé, mais en mai j’ai découvert que l’on m’avait menti et qu’on avait étouffé le dossier. Je leur ai dit que c’était des incompétents et des menteurs.

 Avec le recul, que pensez-vous de cette expérience en tant que conseiller municipal ?

 Je suis très déçu. Je me suis rendu compte qu’ils ne font que de la politique politicienne et que tout ce qui les intéresse n’est que leur carrière politique. Je suis quelqu’un d’entier, quand je fais quelque chose je vais jusqu’au bout mais là je ne pouvais plus supporter cette situation.

 Quel est l’état d’esprit au sein du conseil municipal ?

 Je suis le premier à partir mais je pense que d’autres y réfléchissent peut-être. Moi, dès le début j’ai dit que je ne voulais pas percevoir mon indemnité de conseiller car je n’avais pas besoin de ça pour vivre, peut-être que certains sont retenus par ça aussi. Ce qui est sûr c’est que je ne suis pas le seul à avoir constaté que quand on pose des questions on ne nous répond pas. Pendant les conseils municipaux on est juste là pour voter ce qu’on nous demande, on ne nous donne pas la parole. Une fois je l’ai demandée et on m’a dit qu’il valait mieux éviter. Une autre fois j’ai voulu voter contre une résolution car je n’étais pas d’accord et on m’a dit qu’il fallait rester unis et qu’au pire je n’avais qu’à aller aux toilettes au moment du vote. Finalement je ne suis pas venu à ce conseil.

 L’information de votre démission est passée inaperçue, pourquoi ?

De mon côté je n’ai pas cherché à faire d’esclandre. Du leur, ils ont essayé de me faire changer d’avis mais la décision était prise. Ensuite on m’a dit d’éviter d’en parler et quelques jours plus tard j’ai découvert que tous les conseillers ont été appelés un à un pour être informés mais qu’on leur a dit que je démissionnais car j’allais quitter Moissac. Bien sûr c’est totalement faux. Ce n’est qu’au dernier conseil qu’ils ont annoncé mon remplacement. Maintenant je compte bien profiter de ma retraite.

Recueillis par Loubna Chlaikhy