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Vie de La Brochure
17 novembre 2022

Georges Passerat et le siège de Montauban

Après avoir présenté la croisade contre les Albigeois (je ne dis jamais les cathares) Georges Passerat est venu à Castelsarrasin présenter, dans le cadre de l’ASPC, le siège de Montauban de 1621 et ses suites. D’ailleurs lui-même évoqua la parenté entre les deux événements quand il détailla les horreurs commises par les troupes du roi à Nègrepelisse sur la base de la fameuse formule de la croisade : « Tuez-les tous, dieu reconnaîtra les siens ». Ceci étant en réponse à une question il rappela que Toulouse est resté totalement catholique comme d’ailleurs Castelsarrasin alors qu’en 1200 le comte de Toulouse avait joué un grand rôle dans le camp albigeois. Preuve, s’il en fallait une, qu’on n’a pas assisté à une guerre du nord contre le sud (ou contre l’Occitanie diront d’autres).

Passerat a insisté pour rappeler qu’en 1621 les événements de Montauban furent des événements nationaux si bien qu’ils sont mentionnés dans diverses sources côté protestant ou côté catholique.

Il est bien sûr surprenant d’entendre un curé érudit évoquer en détails des drames qui font de la Saint-Barthélémy de sinistre mémoire (24 août 1572), un jeu d’enfant (peut-être par son caractèr" précurseur), et je pense même qu’il a minimisé les horreurs que les protestants ont pu commettre là où ils furent le pouvoir dominant. Sauf qu’il mentionna qu’en effet sur la commune de Montauban les églises rurales du moyen-âge n’existent plus ayant été détruites par les protestants, mais seules les églises furent détruites ?

Le choix du récit haut en couleurs a été celui des événements militaires or je pense que le côté militaire ne peut pas expliquer que Nègrepelisse où tous les protestants furent massacrés soit, au moment de la Révolution, une petite ville protestante, comme tant d’autres ! D’autant qu’il a été rappelé comment, après le rejet de l’édit de Nantes, la persécution contre les protestants a continué avec la répétition des horreurs.

Etant moi-même un défenseur de l’histoire événementielle je ne peux me plaindre d’un récit d’événements sauf que cette histoire n’efface pas l’histoire sur le long terme qui n’est pas moins importante.

Avant la conférence j’ai eu le plaisir de discuter un peu avec Georges Passerat qui a tenu à me montrer son article paru dans le bulletin de la société archéologique où il fait le bilan des historiens qui ont étudié le siège de Montauban et surtout son passage sur Mary-Lafon. Comme les lecteurs de ce blog peuvent le lire, j’y ai mis le récit du siège par Mary-Lafon et pour ma part, avec les limites et les prétentions exagérées que furent celles de cet homme (ce que dénonce Passerat) je considère que son récit est plus politique et à ce titre plus utile sur le long terme.

Sans citer Mary-Lafon j’ai tenu à la fin à rappeler les trois formes du protestantisme qui permettent de sortir de schémas sources d’incompréhensions. Le récit du siège fait apparaître une ville contre le roi et c’est vrai des autres places fortes et souvent le protestantisme a été réduit à la forme religieuse prise par la bourgeoisie ds villes. Sauf qu’une part de la noblesse a été protestante et ce fut le cas du château de Terride près de Castelsarrasin. Cette noblesse a permis d’apporter ses connaissances militaires indispensables pour tenir un siège. Un part de la paysannerie a été protestante. Quant aux pasteurs c’était leur métier d’être protestants.

Avec la révolte protestante nous ne sommes plus dans le cadre de jacqueries quand le pouvoir s’affrontait aux masses paysannes, mais par son caractère interclassiste nous sommes dans le cadre d’une révolte politique et sur ce point Passerat a raison de mentionner le fait que Montauban se considérait en 1621 comme une petite république. Sauf que ce point il faudrait le développer sauf à croire qu’il n’y avait de république que pour riposter aux forces du roi.

En fait la révolte protestante annonce avec deux siècles d’avance la Révolution française qui ne pouvait mettre un terme aux guerres de religion que par l’invention de la laïcité. La laïcité s’est ancrée dans le peuple de France à la mesure de l’ancrage religieux chez les uns et les autres, ancrage tel qu’il fallait trouver un moyen de coexistence. Il y a bien eu une guerre de religion en Espagne entre chrétiens et maures, mais pas une guerre au sein de la chrétienté. En Afrique du nord, pendant longtemps les religions ont cohabité y compris les juifs mais une cohabitation d’usage, non une cohabitation de droit, si bien qu’à un moment, l’usage a été balayé. Et les guerres de religion (qui sont toujours plus que des guerres de religion) sont toujours là en 2022 et elles nécessitent plus que jamais la laïcité comme solution. Dire la laïcité à la française c’est enfermer la laïcité dans un accident de l’histoire alors qu’il s’agit de l’histoire humaine par excellence, et tous les pouvoirs du monde ne peuvent donc la supporter. Sauf que comme les protestants (ou les juifs mais l’histoire est différente) ont pu traverser les siècles de persécutions car leur religion était au cœur de l’âme populaire, la laïcité malgré des siècles de persécution traversera toutes les épreuves car elle est au cœur du peuple insoumis. J-P Damaggio

  Quelques liens sur ce blog au sujet du siège

Le siège de Montauban et Bergis

Montauban après 1621

Le siège de Montauban vu du côté du roi

Le siège de Montauban par Mary-Lafon

Le siège de Montauban en 1621

Extraits d’un livre où on trouve le siège de Montauban

Louis XIII à Caylus, 1622

Séverin Canal, Castelsarrasin, 1621

Siège de Montauban et Benedetto

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