Le rugby sous l’Occupation

Me voici unifiant une passion ancienne pour le rugby et mon retour vers l’histoire de l’Occupation. Je m’y suis déjà penché à travers quelques pages de mon livre sur Michel Sitjar. Mais avec la lecture du livre Couvre-feu sur l’Ovalie, je peux approfondir le sujet.

Francis Meignan a réalisé une étude minutieuse de la question mais une étude plus destinée au monde du rugby qu’au simple citoyen, par les détails donnés sur les rencontres sportives.

Ceci étant il est précieux de suivre cette dure époque 1939-1945 à partir de ce sujet marginal, le rugby.

Même aujourd’hui quand on dit rugby, on pense rugby à XV, alors qu’il existe aussi le rugby à XIII mais ce dernier quasiment absent des grands médias est totalement marginalisé.

Ce n’était pas le cas en 1940 quand Vichy prend la direction des affaires d’un pays rabougri. Le rugby à XIIavait le vent en poupe quand le XV était à la dérive.

Dès le 22 août 1940 le rugby à XII est rayé de la carte de France. Pourquoi ? Pour une raison qui fait sourire aujourd’hui : ce n’était pas un sport d’amateurs !

Au rugby la guerre amateurs/professionnels a pris une tournure grave à partir de 1895 et je ne vais pas en faire ici l’histoire et plus particulièrement l’histoire de son hypocrisie.

Dès octobre 1940 les décisions sont claires : « Les sports professionnels sont tous supprimés. Un délai de trois ans est accordé au football, à la boxe et la pelote basque. Pour les autres, tennis, lutte et rugby à XIII c’est à effet immédiat, le temps que le commissaire général puisse aviser les fédérations concernées. »

Le rugby à XIII va donc se fondre dans le rugby à XV.

Il est étrange de constater qu’au moment où Vichy crache sur les Anglais, soir retenu un des principes célébrés par les Anglais, l’amateurisme en sport qui cependant était célébré aussi en France avec Pierre de Coubertin en vedette.

Le rugby à XV serait la pureté des origines face « à la pollution de la dissidence ». Et ce débat se poursuivra pendant des décennies même après la Libération !

Pureté des origines ou pouvoir médiéval de patrons de clubs qui ne pouvaient admettre le fonctionnement plus démocratique de la dissidence, fonctionnement que d’ailleurs le XV devra reprendre au fil des années.

Voilà comment l’extrême-droite contribua à chasser le fric du sport au nom de «la beauté du geste» et la gauche l’y introduisit au nom du droit de tous à participer aux compétitions !

Après 1940 des évolutions vont se produire que Francis Meignan décortique mais le tableau général restera le même. Bien sûr les événements historiques vont jouer leur rôle en particulier la fin de la zone dite libre. Le pays se réunifiant la dimension zone nord/ zone sud pouvait disparaître. Il est amusant de constater que la finale de la Coupe de zone nord en 1943 opposa Bordeaux à Dax, quand celle de zone sud opposa Agen à Pau. Entre les deux, le match Bordeaux-Agen donna la victoire à Agen qui avait perdu la finale du Championnat contre Bayonne.

J-P Damaggio