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Vie de La Brochure
3 mars 2023

Qui était Jean-Ursule Devals ?

Il m’est arrivé de croiser Jean-Ursule Devals. Au moment de sa mort je note cette polémique qui me permet de découvrir que la signature sur la Revue du Tarn-et-Garonne J-M.L. n’a rien à voir avec Mary-Lafon mais c’est le pharmacien J Milliès-Lacroix. A suivre. J-P Damaggio

 Courrier du Tarn-et-Garonne septembre 1874

MM. Devals fils nous adressent la lettre suivante :

Monsieur le Rédacteur,

Dans son dernier numéro, la Revue de Tarn - et-Garonne a publié une « Causerie, » signée J.-M.-L., dont les lignes suivantes ont attiré notre attention :

« Devals, que nous avons bien connu, était légitimiste et clérical de naissance. Plus tard ses idées se modifièrent, mais, sinon dans l’intimité, il n’en laissa rien paraître. Ainsi nous l’avons vu plus d’une fois persiffler avec aigreur l’aristocratie et s’éprendre d’une enthousiaste admiration pour les idées philosophiques de M. Larroque, au point que nos sentiments spiritualistes en étaient effrayés. On prétend que les extrêmes se touchent; il faut bien le croire. Néanmoins, soit qu’il n’eût pas la volonté de rompre avec ses anciens amis, soit qu’il n’eût pas le courage de son évolution, il reste et restera dans le souvenir de ses contemporains comme l’un des plus fidèles porte- fanion du cléricalisme et de la légitimité. Bien mieux, explique qui voudra cette étrange nature, il s’est montré dans certaines circonstances, ardent, passionné, mais plutôt pour des individualités que pour des principes. Ce qui est certain, c’est que ses convictions politiques, s’il en eût, furent peu profondes, et qu’il préféra, sous tous les régimes, la douce habitude de la soumission approbative au courage civique qui nous porte à blâmer hautement ce que notre conscience réprouve. »

 Nous nous sommes présentés hier chez M. Milliès-Lacroix, pharmacien à Villebourbon, auteur de l’article, et nous lui avons demandé des explications sur les termes dont il s’est servi dans ses appréciations sur notre père. M. Milliès-Lacroix nous a adressé, le soir même, la lettre suivante, que nous vous prions de reproduire dans les colonnes du Courrier :

« Montauban, le 28 septembre. « A Messieurs Devais fils.

 « Je ne supposais pas que l’article nécrologique que j’ai consacré à Monsieur votre père dans le dernier numéro de la Revue de Tarn - et-Garonne, pût blesser vos sentiments filiaux. Puisqu’il en est ainsi, je le regrette, car pendant 33 ans j’ai eu avec lui les meilleurs rapports ; et ce n’est pas au moment où ses enfants sont affligés par un deuil récent, que j’aurais l’intention de faire injure à sa mémoire. Je crois qu’on doit la vérité aux morts dans la limite des convenances. Si à mon insu, je m’en suis écarté, puissent ces quelques lignes adoucir votre douleur. Devais ainé a été un savant utile; il appartenait à la critique de juger son œuvre. Il fut, il y a 25 ans, un des chefs du parti légitimiste à Montauban. C’est de cette dernière appréciation que vous avez été froissés. Vous le savez, pour porter un jugement politique sur un homme, tout dépend du point de vue où on se place. Il se peut d’ailleurs que je l’aie mal jugé d’après des épanchements intimes, mais certes ce que je n'ai pas voulu dire, c’est qu’il n’ait gardé au fond du cœur le culte de ses premières croyances, pas plus que je n’ai voulu nier son courage à déployer son drapeau de légitimiste: c’eût été nier l’évidence. Seulement un mot, une phrase équivoque ont pu vous faire mal interpréter ma pensée. Ce que j’ai voulu seulement constater en parlant de Devals, c’est d’abord qu’en présence de certaines affirmations républicaines faites dans l’intimité, j’avais eu parfois des doutes sur la profondeur de ses convictions, ensuite que dans les dernières années de sa vie, — celles de l’Empire — absorbé par ses travaux scientifiques et ses devoirs d’archiviste, il avait complètement abandonné le terrain de la politique militante. Je regrette encore une fois, Messieurs, de n’avoir pas été plus clair, et déplore un pareil malentendu. Aussi, tout en réservant les droits de la critique, je trouve le sentiment qui vous anime si respectable, que je n’hésite pas, avant l’apparition du prochain numéro de la Revue, à vous adresser cette lettre explicative. Agréez l’expression de mes meilleurs sentiments. J. Milliès-Lacroix. »

 

Nous n’avons pas à rechercher si l’intimité, dont parle M. Milliès-Lacroix, a existé ou non, mais le fait fût-il vrai, son article et sa lettre elle-même nous prouveraient que notre père avait fort mal placé sa confiance. Agréez, etc.

F. Devals. H. Devals.

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