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Vie de La Brochure
30 mars 2023

Pennacchi et le pailler

 Canal Mussolini est une histoire de paysans et en guise d’étape dans cette plongée dans l’Italie rurale cette pause sur le pailler. Dans ma famille l’élevage ne comptait pas en conséquence c’est chez mon voisin et cousin que j’avais l’occasion d’admirer le pailler. Dans le blé tout est bon comme dans le cochon et de toute façon c’était une société où tout était bon. Donc la paille du blé c’était la vie et la mort : la vie car la paille se transformait en fumier avec les déjections des animaux et la mort car, comme c’est indiqué à la fin, le pailler pouvait brûler en un instant. Et comme le roman n’a pas vocation documentaire c’est suite à un incendie criminel du pailler que nous en avons la description. Et cette description est magnifique pour moi. J-P Damaggio

P.S. Je voulais mettre une photo d'un pailler mais introuvable sur internet

 

Canal Mussolini page 89

«Heureusement, ma grand-mère savait que les paillers sont dangereux. Elle tenait ce savoir de ses frères et elle l’avait aussitôt transmis à mon grand-père charretier quand ils s’étaient mariés. Chaque année, à la moisson, elle expliquait à ses enfants au fur et à mesure qu’ils grandissaient: «On plante d’abord un grand poteau bien droit au milieu, on dépose tout autour des couches de paille et on monte progressivement. » La première couche doit être bien plate. Il ne s’agit pas de jeter la paille pêle-mêle à la fourche. Dans ce cas, le pailler se tord, le poteau ne peut pas le soutenir, il ploie d’un côté et tout s’écroule. Il faut étendre la paille en couches de la même épaisseur afin que le pailler soit équilibré. En bas, les hommes se relaient en utilisant les chars comme plates-formes: un coup de fourche de la terre au char, et un autre du char au sommet du pailler, la fourche bien droite et le bras tendu. Le pailler atteint le sommet - très haut - et rapetisse au cours des jours suivants, au fur et à mesure que le poids le tasse et qu’il sèche. Si vous avez mal travaillé, il penche et s’effondre au bout de quelques jours. En revanche, si vous avez suivi la règle, il reste debout et solide toute l’année, rapetisse au fur et à mesure que vous allez chercher de la paille à porter à l’étable, et ce jusqu’à la mi-juin quand il n’y a plus de paille, même plus un brin pour vos bêtes. C’est alors qu’on moissonne le blé, qu’on le bat, et que naît un nouveau pailler - il renaît - pour l’année à venir.

Bon, chaque fois que, à la moisson, mes oncles plantaient le poteau destiné au pailler, ma grand-mère criait: «Plus loin, plus loin, mettez-le plus loin », car elle savait, et nous le savions tous, que les paillers sont dangereux. Ils s’enflamment comme un rien - la paille, c’est pire encore que l’essence -, et le feu les dévore en un instant. »

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