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Vie de La Brochure
7 avril 2023

Antonio Pennacchi et les vaches

nom de vache

Dans Canal Mussolini Pennacchi raconte l’histoire d’une famille de paysans métayers fascistes qui vont devoir quitter leur région du nord pour les marais Pontin que Mussolini a fait assécher. Dans le Nord ils avaient des vaches qu’ils appelaient par un nom de ville et que le propriétaire leur a prises. Le gouvernement va leur donner une propriété dans les marais asséchés où ils découvrent une nouvelle race.

Quand j’étais gamin dans ma ferme il n’y avait qu’une seule vache pour faire plaisir à ma grand-mère mais chez mes cousins le troupeau était important et en effet voir les vaches répondre à l’appel de leur nom c’était émouvant pour moi. Aujourd’hui dans la maison que nous habitons, le sellier est en fait une ancienne étable et il y a les noms des vaches toujours affichés. D’où cet élément du patrimoine. Le paysan ne savait pas trop écrire le nom de Négrette… Et enfin, la variété des vaches est toujours très impressionnante.J-P Damaggio

 

375px-Maremma_z01

« Les vaches sont très intelligentes, et mes oncles se sont toujours bien entendus avec elles. Elles avaient toutes un nom - je me le rappelle depuis l’enfance - dans notre étable de l’Agro pontin. Nous étions arrivés sans bêtes, ou presque, puisque les comtes Zorzi Vila nous avaient volé les nôtres. Mais un ou deux jours après, l’Œuvre nous a conduits à Doganella, dans une réserve où étaient réunies je ne sais combien de milliers de têtes de bétail. Une mer, un énorme enclos qui faisait Mmmeuuuh, mmmeuuuh. On les entendait de loin, on les entendait de la voie Appienne, et une fois sur place on avait vraiment l’impression d’avoir affaire à une mer sale, dont les vagues, formées par les croupes et les cornes, s’agitaient sans cesse. Des milliers et des milliers de vaches de Maremme entassées. Nous ne connaissions pas cette race. Chez nous, il y en avait d’autres, plus à viande ou plus à lait, avec des cornes normales, non ces trucs immenses et pointus, arqués sur la tête. Au début, c’était intimidant. Puis on s’habitue, et les vaches de Maremme se changent elles aussi en êtres humains, en membres de la famille. Elles ne sont pas très bonnes pour le lait, elles en font trop peu. Pour la viande non plus: elles ont toujours l’air de sacs d’os, y compris quand on les gave. En revanche, elles sont inégalables pour le travail. Plus vous les tirez, plus elles tirent. Attelées à la charrue, au char, à la herse ou à ce que vous voulez d’autre, elles ne refusent jamais; plus vous les tirez et plus elles tirent. Mieux qu’un tracteur. Elles méritent un monument. L’Œuvre nous a dit: «Entrez dans l’enclos, prenez six bêtes et retournez chez vous. » Mes oncles se sont exécutés en titubant, s’assurant à chaque instant, d’un geste de la main, qu’ils étaient prêts, que la chose ne pourrait que bien se passer: les Peruzzi avaient toujours la situation en main, y compris au milieu de ces vaches de Maremme qui n’avaient jamais été attelées ni traites pour la plupart. Mes oncles ont commencé à les toucher l’une après l’autre, à leur parler à l’oreille, à regarder leurs dents, à leur tâter les tétines, à lever leurs pattes pour examiner leurs sabots, et au fur et à mesure que l’examen les satisfaisait, ils disaient «Vas- y ! » à mon oncle Turati, qui emmenait la bête en question et l’attachait avec une corde à l’extérieur de l’enclos. »

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