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Vie de La Brochure
1 juillet 2023

Qui était Frédéric Cayrou ?

chez le dentiste

Le 30 juin au matin je me suis levé avec dans l’idée de traduire un texte de Frédéric Cayrou. J’achevais un livre à son sujet et j’ai pensé que cet effort pouvait m’être utile. J’y ai pensé à cause d’un récit que j’ai lu plusieurs fois mais qu’il m’était difficile de traduire de l’occitan à cause d'expressions et mots que je ne connaissais pas, et de plus il y a des mots que je comprends très bien mais sans avoir l’équivalent en français !

Recopier d’abord les cinq pages du récit lu à la radio quand il devait avoir 55 ans, puis entamer une traduction me permirent de saisir que ce texte symbolisait totalement Frédéric Cayrou. Il raconte une fête à Castelsarrasin du temps où il avait vingt ans donc au début du XXème siècle or cette ville est très connu pour l’immense fête de la Saint Alpinien. Et si Cayrou précise que gamin il a été profondément marqué par cette fête, il préfère en raconter une autre, celle toute petite de son hameau Saint Martin Bel Cassé qui n’était autre que la fête de tous les villages. J’écris plus petite puisqu’elle était plus petite mais là n’est pas la question. Pour Cayrou, comme pour moi, le plus et le moins importent peu !

Cette fête que nous décrit Cayrou et dont je donnerai à un moment la traduction est à la fois ordinaire et extraordinaire. La fête de la Saint Alpinien était organisée par la municipalité et les commerçants, alors qu’au village elle était, si je puis dire, autogestionnaire. L’important n’est pas de savoir s’il y a plus d’animations, de plus grandes qualités avec plus de monde mais de noter la sincérité de l’événement qui en fait la beauté, la simplicité qui en fait la justesse, l’enthousiasme qui en fait l’originalité. Les musiciens ne sont pas toujours très bons musicalement mais ils sont eux aussi à la fête.

Indirectement la question qui est posée est celle de la consommation. A la Saint Alpinien il y avait et il y a toujours, d’un côté les consommateurs et de l’autre les vendeurs. A la fête de Saint Martin tous sont acteurs de la fête et ce fait apporte une immense fraternité non que tout le monde soit d’accord mais tout le monde est dans la fête. Il ne signale pas par exemple que quand les musiciens passaient de maison en maison pour jouer un morceau certains demandaient L’Internationaleet d’autres La Marseillaise. Chacun était de la fête à sa façon. Les adeptes du plus et du moins sont les adeptes d’une hiérarchie. Cayrou est du côté de la communauté mais pas celle d’aujourd’hui devenue communautariste où tous les membres sont de la même « religion » mais celle réelle où le commun est l’agencement des différences, où les différences se vivent dans l’égalité. A Saint Martin la communauté est paysanne avec des exploiteurs et des exploités mais la fête est celle de tous malgré tout. Et ceux qui s’excluent de cette fête car ils se sentent supérieurs, sont dans leur monde qui n’est pas le monde.

Cayrou préfère retenir le cas de la fête de Saint Martin car il est nostalgique de ces temps anciens qu’il voit disparaître. Il s’accrochera jusqu’au bout à la défense de l’occitan et même en 1952 il répètera que cette langue existe encore sur les lèvres des paysans mais il sait très bien après son travail aux USA entre 1914 et 1918 que la civilisation nouvelle nous viendra de là-bas et le superflu deviendra la règle ! Il n’est pas du genre à penser que c’était mieux avant (la nostalgie passéiste) mais du genre à penser que la civilisation ne va pas seulement vers du meilleur (la nostalgie courageuse). Lui, le vétérinaire, porteur de la science et du progrès, sait parfaitement que la culture populaire, que les traditions, qu’il faut faire reculer car réactionnaires, portent aussi en elles un sens de la vie, une beauté que le progrès risque de massacrer. L’histoire lui a donné raison. Aujourd’hui, on parle par exemple de recyclage en écologie : dans le monde cher à Cayrou tout était recyclé car rien ne devait être gaspillé. C’était là un des fondements de la communauté de pensée.

J-P Damaggio

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