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Vie de La Brochure
6 mai 2017

Gloire aux Pyrénées

En ce vendredi 5 mai 2017, je quitte à Béziers un colloque sur Félix Castan. J’aime peu cette ville et Robert Ménard n’y est pour rien. La sortie vers l’autoroute n’est pas des plus simples. Les nuages sont bas et l’air sombre comme mes neurones. Rien à voir avec le colloque dont j’essaie de me remémorer les meilleurs moments.

Je n’ai ni radio, ni musique et déjà sur l’autoroute malgré la somme de camions qui font peur, je me fais mon propre film, je repense à la joie que m’inspire toujours le mot Pyrénées. Dans le colloque c’est d’abord Roland Garrigues, ancien maire de Montauban qui rappelle que c’est là qu’en 1943, Félix Castan croisa un marxiste teinté de christianisme.

Par chance, dans la salle, Cécile Noilhan a souhaité des précisions car Castan était au titre du chantier de jeunesse assez loin de Bagnères. Là encore, par chance, Anne Castan était présente et a pu préciser l’enchaînement de faits : il était dans l'Ariège, mais il avait une cousine à Lourdes qu’il allait voir, et de là il pouvait aller jusque dans la région de Bagnères où vivait ce paysan dont il avait l’adresse par une connaissance de Labastide Murat, qui l’entraîna sur les rudes pentes du marxisme.

Puis après Roland Garrigues, à titre anecdotique Henri Terral cita Henri Lefebvre.

A l’heure du repas, j’ai discuté avec Henri Terral qui avait un grand amour pour le livre de Lefebvre, Pyrénées un livre réédité chez Cairn mais sans les photos. Un livre magnifique où il y a une absence : Lourdes.

Un livre qu’à ce jour, je n’ai pas.

J’ai pu ensuite, au cours de mon intervention, en revenir aux Pyrénées, à Henri Lefebvre et à la vallée de Campan. Dans la salle Philippe Martel confirma la belle thèse de Lefebvre sur Campan. C’est le philosophe qui m’éclaira sur cette anomalie qui s’appelle : La principauté d’Andorre. Gamin déjà, au cours d’un voyage avec mes parents, je me demandais comment et pourquoi il pouvait exister un tel petit «pays». La vallée de Campan, comme le Val d’Aran aurait pu être une petite république. Avant la révolution chaque vallée était un monde en soi, fait de solidarités, de libertés, d’art de vivre. L’Andorre est un vestige de cette histoire.

Comment ne pas se souvenir du cas Jacques Duclos, héritier de cet univers, transporté à Paris où, en le confrontant aux luttes ouvrières, il se transformera en communisme bien français. Je ne suis pas un admirateur du personnage à cause d’une écriture de ses mémoires épurée de toutes les épines auxquelles il a pu se frotter, mais il est tout de même l’homme de la campagne électorale de 1969, le premier candidat communiste à l’élection présidentielle. Et il a su, avec son accent rocailleux comme les pierres des Pyrénées, faire entendre un humanisme qui toucha le cœur de millions de personnes. Dans un genre un peu différent, j’ai retrouvé le même accent dans la voix de Jean Lassale, ce berger, fils de berger d’une autre vallée pyrénéenne plus proche du cher Navarrenx au cœur de la vie de Lefebvre.

Je ne vais pas conter ici mes innombrables souvenirs pyrénéens, de la Cerdagne au Pays Basque, je retiens seulement dans le cadre de cet article ce côté politique qui, sans surprise à mes yeux, a fait de l’Ariège un des rares départements où Mélenchon a été en tête. Je n’ai pas les résultats de 1969 mais je suis prêt à parier que Duclos y a aussi été en tête.

L’Ariège où en 1793, tous les députés étaient Montagnards, comme en 1849 et où ils sont tous socialistes aujourd’hui. Et quand le PS a eu la majorité au Sénat, c’est un sénateur de l’Ariège qui en a pris la direction, un homme dont on m’assure que vivant avec une Cubaine il a un peu oublié la politique. Certes un socialisme et non un communisme car ce dernier n’a pas su capter cet héritage hérétique. Ce qu’il a fait un temps à Bagnères.

Je me demande pourquoi ceux qui ont découpé la Haute-Garonne ont tenu à lui laisser un pied dans les Pyrénées faisant de ce département un dessin si allongé.

Je connais ceux qui ont lancé la belle revue Pyrénées et sans aucun soutien institutionnel visible, elle est là toujours vivante, toujours très riche, toujours destinée à nous faire connaître ce coin de France jamais présenté à sa juste valeur, à cause de la forte concurrence des Alpes.

Comme le reste de la France, les Pyrénées ont beaucoup changé ces dernières décennies, mais elles gardent un aspect de fausse frontière avec l’Espagne, une ouverture vers les étoiles avec le Pic du Midi et un univers qui fait la joie du Tour de France. Gloire aux Pyrénées. J-P Damaggio

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