Fernando Agostinho, Maître verrier Bruniquel

La revue gratuite Le Midi qui accompagne souvent la presse régionale le dimanche publie un bel article sur Fernando Agostinho. A une épopque, il m'est arrivé d'aller plus souvent chez son voisin le garagiste de Bruniquel que dans son atelier. Pourtant une fois j'ai passé la porte d'entrée et comme beaucoup de personnes je suis ressorti fasciné par l'artiste et ses oeuvres. On peut le retrouver ICI. ICI et sur bien d'autres liens.

Fernando Agostinho, Maître verrier

Bruniquel (Tarn-et-Garonne)

Dans son atelier au pied des châteaux de la cité médiévale, Fernando Agostinho vit de son art depuis près de 35 ans. Une passion familiale, héritée de ses père et grand-père, qu'il transmet désormais à son fils Yoann. [ Texte :Florent Duprat. Photos : Manu Messin]

 À 62 ans révolus, même s'il ne les a pas encore fêtés avec ses amis, Fernando Agostinho a une riche carrière de souffleur de verre. L'homme, né au Portugal, s'est installé dans son atelier en 1987, pour ensuite laisser libre cours à ses créations.

Ses débuts «Ago », comme il est surnommé par son épouse, est un fils et petit-fils de souffleurs de verre. «Mais eux travaillaient à l'usine. J'ai été le premier à quitter l'usine pour l'artisanat. En 1987, je me suis installé dans mon atelier », retrace Fernando Agostinho. Son antre d'expression se situe en bas du village médiéval, où l'on peut y admirer les deux châteaux de Bruniquel, datant du Xlle etXllle siècle. « J'ai commencé par des créations plutôt classiques. Mais cinq ans plus tard, j'ai eu envie d'exprimer autre chose. » Il passe alors de l'artisanat, qui continue à le faire vivre, à l'art.

Son style : «Décalé, sans hésiter ! Je pars dans des délires un peu fantasques parfois, c'est vrai... », rigole le jeune sexagénaire. Au début des années 1990, Fernando s'inspire beaucoup des bandes dessinées. «Mes deux premières pièces ont été réalisées pour le salon international à Paris : une voiture et un immeuble, que j'avais nommé le HLM. Ça a marqué les galeristes qui n'avaient jamais rien vu de tel !, explique le Tarn-et-Garonnais. Je me suis dit qu'il y avait une place à prendre dans ce créneau. » Ses œuvres peuvent surprendre, interroger, faire réfléchir. «C'est finalement ce qui compte dans notre travail. À partir du moment où il y a une émotion, on a gagné ! » Parfois, l'artiste s'inspire également de l'actualité. Il a ainsi réalisé une œuvre en hommage aux victimes des attentats de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015.

Sa technique : Fernando Agostinho souffle le verre dans le four principal de fusion à 1 100 °C - qui nécessite 1,5 tonne de gaz par mois, avant de le passer dans un four de réchauffe à 1 200 °C, puis un dernier tour dans un four de recuisson à 500 °C. « Sans quoi le verre n'est pas stabilisé, il risque alors d'exploser ». Une fois ses formes en verre créées, Fernando passe dans du travail à froid. «Une discipline qui demande du calme et de la précision.»

La transmission : Le verre est véritablement une histoire de famille chez les Agostinho. Le fils Yoann représente la quatrième génération de souffleur. «Je n'étais pourtant pas favorable à ce qu'il débute dans ce secteur», avoue l'artiste. Parce qu'il sait mieux que quiconque les difficultés pour vivre de sa passion. «On met bien une dizaine d'années avant d'acquérir une certaine maturité technique qui permet de vraiment s'exprimer.» Une décennie que Yoann, l'héritier, vient de fêter au côté de son père après des études au Cerfav de Nancy. L'aîné de la fratrie pratique, lui, le street art. La mère, Nathalie, a travaillé notamment dans des galeries d'art.

Le lieu à voir : «Je suis très attaché à Bruniquel, un village assez tellurique, très fort magnétiquement et chargé d'histoire. J'aime aussi beaucoup cette rencontre entre le causse et le végétal. En dehors de la région, j'aime me balader au bord de l'océan au Portugal, là où j'ai mes racines. Ça me permet de me ressourcer. »