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Vie de La Brochure
2 mars 2022

Extrême-droite aux Amériques

Il m’arrive d’être critique avec la gauche latino-américaine car cette dernière se trouve face à des contradictions qu’elle a du mal à assumer, mais, tout faux pas est observé à la loupe, par une extrême-droite à l’offensive comme partout. D’où l’idée de reprendre cet article qui brosse un tableau juste. Elle a besoin de brandir le risque du communisme pour se donner des ailes. Ce fut le cas au Pérou où Pedro Castillo a été présenté comme un communiste en puissance or aujourd’hui, malgré des concessions à ses adversaires, il n’arrive pas à gouverner ! Observons que si le RN est peu branché Amérique latine ce n’est pas le cas de Vox. J-P Damaggio

 Charlie Hebdo JEAN YVES CAMUS

Il flotte comme un parfum de contre-révolution dans les droites latino-américaines. Sans agiter le spectre des armées sortant des casernes et du retour aux dictatures militaires, il faut s’arrêter sur la peur panique qui s’empare de la droite dure du continent face à l’hypothèse d’une gauche gagnant la présidence colombienne, après celle du Chili, et d’une défaite de Bolsonaro lors des prochaines élections au Brésil.

Ces droites dures se regroupent donc, avec un appui extérieur venu d’un «grand frère» espagnol, le parti d’extrême droite Vox. En 2020, une «charte de Madrid» a vu le jour, impulsée par Vox et José Antonio Kast, le candidat défait à la présidentielle chilienne de décembre2021. Objectif : «identifier, détenir et juger les agitateurs radicaux » et créer une «coalition internationale contre le radicalisme de gauche ». Vox a également pris langue avec la grande formation mexicaine de droite, le Parti d’action nationale (PAN), adversaire de l’actuel président, Andrés Manuel Lôpez Obrador.

Le 19 février se déroulait à Bogota un nouvel épisode du front commun ibérico-américain des droites radicales : la conférence du Forum de Madrid (Foro Madrid), dont l’objectif affiché est de réunir ceux qui, «indépendamment de leur idéologie, partagent la défense de la liberté, de la démocratie et de l’État de droit». Gentil slogan, Les droites mais complété par une suite qui sonne comme un appel à la réactivation du plan Condor ou de la Ligue anticommuniste mondiale, puisque le forum se donne pour but de « faire prendre conscience de l’avancée de l’extrême gauche et de son système de gouvernement qui a échoué, ainsi que d’élaborer une contre- riposte aux stratégies des forums de Sao Paulo et Puebla ». Or le forum de Sao Paulo, créé en 1990 par la gauche brésilienne, réunit les formations progressistes actuellement au pouvoir en Argentine, en Équateur, en Bolivie et au Mexique notamment [info qui n’est pas à jour pour l’Equateur]. Si certains de ses membres regardent vers Cuba, les sandinistes et Maduro, le groupe de Puebla est social-démocrate et soutenu par le PSOE espagnol [la liste des partis est pour certains pays phénoménale].

Aux manettes de cette « internationale blanche » se trouve la Fondation Disenso, dirigée par le très réactionnaire leader de Vox, Santiago Abascal, et l’eurodéputé Hermann Tertsch. Ses ennemis principaux sont Gustavo Petro, le candidat progressiste et favori de la présidentielle colombienne du 29 mai, et le Brésilien Lula, du Parti des travailleurs, qui recherche pourtant un accord avec Geraldo Alckmin, son ancien rival centriste, pour défaire Bolsonaro. Comme pendant la guerre froide, Vox et ses alliés latino-américains jouent la dramatisation des enjeux. Selon eux, les Colombiens auront à choisir rien de moins qu'«entre un modèle qui défend la propriété privée ou le retour au communisme ». Petro, ancien guérillero devenu maire de Bogota puis sénateur, fait peur, en particulier à la droite locale représentée par le Centre démocratique et son candidat, Oscar Ivan Zuluaga. Côté péruvien, ce sont les disciples de l’ex-président ultracorrompu Alberto Fujimori qui ont rejoint l’initiative. Bolsonaro a envoyé à la conférence de Bogota son ancien ministre des Affaires étrangères Ernesto Araujo, un trumpolâtre climatosceptique. Et l’opposition argentine a dépêché le député Ubertarien Javier Milei, nouvelle star populiste de Buenos Aires avec son parti La liberté avance. Ne nous y trompons pas : c’est bien une organisation contre-révolutionnaire qui se dessine. 

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