Extrême-droite en Italie

Je ne poursuis pas mes études sur l’extrême-droite pour agiter la peur de ce courant, pour négliger les autres courants ou pour je ne sais quoi encore…

Je le fais seulement pour informer et chacun fait ce qu’il veut de la dite information.

L’Italie est un pays de référence sur la question (après la France) qui peut se permettre aujourd’hui d’avoir deux partis d’extrême droite qui dans les sondages arrivent à 40% !

Fini les Cinq étoiles et en avant La Lega et Fratelli d’Italia. Les deux veulent s’unir mais n’y arrivent pas.

Pour La Lega Matteo Salvini est bien connu. Il a transformé son parti séparatiste en une formation nationaliste et Steve Bannon, l’ancien conseiller de Donald Trump, suprématiste blanc et antisémite, y a vu un véritable « coup de génie ».

Son meilleur score historique est de 17,4% en 2018 au moment de la grande victoire des Cinq Etoiles. Il devient ministre et en 2019 il se croit assez fort pour devenir premier ministre. C’est la gauche qui en profite par un changement d’alliances des 5 étoiles.

En février 2021 il décide de soutenir le gouvernement de Mario Draghi et ouvre la route à Fratelli d’Italia qui reste dans l’opposition.

Giorgia Meloni qui a fondé Fratelli d’Italia en 2014 monte en grade. En 2020, alors que sa formation connaît une forte hausse dans les intentions de vote en Italie, elle est élue présidente du Parti des conservateurs et réformistes européens. (un parti d'extrême-droite ?)

Voilà comment les questions européennes croisent les débats au sein de l’extrême-droite. Salvini est dans le camp du RN mais Meloni dans le camp de Vox… et de Zemmour s’il pesait quelque chose (à travers Marion Maréchal).

Les divisions au sein de l’extrême-droite sont classiques car il est difficile de concilier les nationalismes. Si j’ajoute que Giorgia Meloni est fille de communiste romain, on devine que la question des origines intervient. Salvini a fait sa gloire en dénonçant Rome (mais c'est fini). Comme Zemmour elle est journaliste mais à la différence de Zemmour le système électoral lui a permis, en tant que réélue députée lors du scrutin de 2008, de devenir ministre pour la Jeunesse dans le quatrième gouvernement dirigé par Silvio Berlusconi. Âgée de 31 ans lors de son entrée au gouvernement, elle est alors la plus jeune ministre de l'histoire italienne jusqu’en 2011 !

Car en effet le système électoral fait que, comme partout en Europe l’extrême-droite accède à des postes de responsabilités politiques, y compris à des postes de ministres ou de président comme en Hongrie.

J’écris extrême-droite mais comme pour le face à face Marine-Zemmour difficile de dire si l’un est plus à droite que l’autre ! Aujourd’hui Giorgia Meloni se dit à la fois conservatrice et de centre droit.

Si pour certains Forza Italia de Berlusconi fut un parti centriste qui a remplacé la centriste démocratie chrétienne, dans les faits, petit à petit le centre a disparu en Italie, puis la droite aussi, « la gauche » tentant alors d’occuper cette place jusqu’à cesser d’être la gauche, sans que sur sa gauche quelqu’un puisse occuper la place de l’ex-PCI.

Dans cette évolution il faut pointer la centralisation des machines politiques. A la Lega le passage de Bossi à Salvini s’est traduit pas une élimination de ce qui pouvait être pouvoir décentralisé, ce qui dans l’Italie républicaine est plutôt surprenant. La culture du chef est devenue primordiale et si avec Giorgia Meloni c’est celle de la cheffe c’est encore mieux. Il ne faut pas oublier que Berlusconi qui a contribué à sa promotion n’a pas hésité à l’insulter quand elle a créé son propre parti et qu’elle a voulu devenir maire de Rome ce qui était considéré comme impossible pour une femme enceinte.

Alors la vie politique italienne c’est la blonde Giorgia au langage choisi contre le terrible Salvini aux discours tonitruants ? Rien de beau à l’horizon. J-P Damaggio