Mélenchon face à Le Pen en 2°012

Je reprends ici un article du 5 Mars 2012 :

 Je l’ai déjà écrit mais un article du bras de droit de Mélenchon m’oblige à revenir sur le sujet. Je veux dire que j’ai déjà écrit que je votais Mélenchon mais que je trouvais ridicule sa façon d’affronter le FN. Si d’autres avant lui n’avait pas, sans succès, emprunté le même chemin, je me tairais, mais François Delapierre, avec l’article ci-dessous publié dans le journal du PG, montre qu’il n’a rien appris du passé. Je suis d’accord avec l’idée émise : « la confrontation avec le FN est centrale et non annexe comme le pensent ceux qui veulent enfermer le débat politique dans les limites du bipartisme.». Mais que faire ?

D’abord ne jamais crier victoire avant d’être au bout de la bataille ! Depuis vingt ans, ils ont été des milliers à annoncer la fin du FN et aujourd’hui nous savons où nous en sommes : un FN plus fort que jamais car je rappelle que si le sondage à 18% est juste, il donne un résultat jamais atteint par la FN à une présidentielle.

Ensuite ne jamais crier victoire suite à un débat télévisé. C’est faire un honneur immense à la télévision dont tout le fonctionnement global renforce, indirectement, le mode de pensée du FN ! Tout d’un coup, une émission télé jouerait contre le quotidien de la télé ? (j’ai noté, il y a un tract qui a été relayé mais où ?). A qui faire avaler cette couleuvre ? Car le quotidien de la télé c’est la simplification du débat, la priorité au fait divers, les attaques en règle contre la raison démocratique, autant d’éléments qui font le jeu du F.N.

Il ne s’agit cependant pas seulement de forme, même si la forme est révélatrice du contenu du message. 

Comment expliquer au moment où Sarkozy continue de regarder plus à droite qu’au centre (or il a autant de voix à prendre d’un côté que de l’autre) que le FN soit à la ramasse ? Les idées du FN ne seront en échec qu’après un lent et profond travail d’explications car elles restent dans le courant des temps présents. Autrefois, le PCF avait expliqué son déclin par le fait que la société virait à droite. L’explication était un peu courte et en même temps réelle d’autant que dans le monde le phénomène s’est aggravé. Pourquoi ce virage à droite ? Car la gauche authentique rame pour se reconstituer en alternative crédible. Voilà pourquoi les citoyens pensent d’abord pour « le changement » au PS, puis au MoDem puis au FN et seulement enfin au Front de gauche. « Continuer le travail » qui consiste à creuser sa propre tombe ne semble pas enthousiasmant même si je comprends que l’article ci-dessous, moins qu’une analyse globale, se veut un encouragement à la mobilisation. JPD

P.S. François Delapierre est décédé trop tôt. Généralement intelligent, mais avec le FN il est devenu ridicule. L'histoire a tranché.

 Quand Marine a coulé article de mars 2012

L’effondrement de Marine Le Pen en direct sur le plateau de l'émission de France 2 «Des paroles et des actes», refusant de débattre avec Jean-Luc Mélenchon, a révélé la faiblesse de la candidate du FN. L'offensive [du Front der gauche] a été lancée le 18 janvier dans un discours de Jean-Luc Mélenchon à Metz et relayée sur le terrain par un tract du Front de Gauche à 8,5 millions d'exemplaires. Au bout de six semaines seulement elle a perforé la baudruche Le Pen.

Hier Marine Le Pen était jugée respectable par le consensus des commentateurs. Aujourd'hui beaucoup redécouvrent le fonds fasciste, raciste et antisémite du FN. Hier elle était jugée redoutable débatteuse. Aujourd'hui on éprouve ses immenses lacunes. Marine Le Pen avançait dans un océan de complaisance, moucheté de rares îlots de réprobation silencieuse. La première résistance véritable l'a mise en difficulté. Et l'appel du Font de Gauche à lui reprendre le terrain idéologique a commencé à réveiller la grande masse antifasciste de notre peuple qui se trouvait sans mots d'ordre ni porte-parole.

Nous pouvons nous réjouir du résultat obtenu. Pour le Front de Gauche, le FN est un verrou essentiel du système politique que nous voulons refonder par une révolution citoyenne. C'est le haut niveau du FN dans les sondages qui entretient à gauche comme à droite un vote utile qui protège I'UMP et le PS en conduisant une majorité de la population à ne pas voter selon ses convictions. C'est le FN qui détourne l'attention de l'oligarchie en déconsidérant le vote populaire auquel l'idéologie dominante l'a assigné et en nourrissant des débats de diversion sur l'immigration ou l'islam. C'est lui qui mine la conscience de classe et fracture la force populaire en divisant le peuple de France selon la diversité de ses origines. C'est pourquoi la confrontation avec le FN est centrale et non annexe comme le pensent ceux qui veulent enfermer le débat politique dans les limites du bipartisme.

Notre problème n'est donc pas de savoir si cette émission a été un débat avorté ou un moment inédit de télévision. Il est que le coup ait porté. C'est le cas. Ridiculisée aux yeux des siens, Marine Le Pen a vu immédiatement son leadership mis en cause par son père, qui a clairement laissé entendre qu'il aurait, lui, accepté de débattre. Après avoir copié les mots du Front de Gauche, avoir vainement tenté d'imiter notre tournée des usines, le FN se divise maintenant sur la meilleure manière de nous contrer. C'est une invitation à continuer le travail.

François Delapierre