Arriver devant le RN aux européennes ?

Depuis 1984 la question cruciale n’est pas d’arriver devant le FN-RN mais de le faire reculer.

Mélenchon a quitté le PS juste avant les Européennes de 2009 car il savait qu’avec le Front de gauche il aurait un poste d’élu.

Cinq après, le Front de gauche n’a pas progressé alors Mélenchon crée LFI et aussitôt le PCF peut dire que Mélenchon n’est plus unitaire mais trois ans après, le vote des militants fait que le PCF soutient Mélenchon à la présidentielle. Serait-il devenu unitaire ?

Puis aux Européennes de 2019 LFI prend la gifle comme à toutes les élections intermédiaires. La campagne de LFI axée sur la liste anti Macron fut totalement erronée.

Aussi rien de surprenant si LFI veut éviter à nouveau cette gifle car le score à la présidentielle n’est pas un score LFI mais un score «utile», Mélenchon étant le mieux placé pour être au second tour.

 Donc aux Européennes de 2024 pour Mélenchon l’essentiel c’est d’avoir une liste NUPES. Un objectif irréalisable mais répété pour permettre à LFI d’apparaître comme la force unitaire.

Marianne vient de publier un dossier non pas sur la gauche Mélenchon face à la gauche Cazeneuve, mais face à la gauche Ruffin.

Si la bagarre était entre NUPES et RN il est facile de constater que d’un côté il y a 4 partis, et de l’autre 1, partis tous divisés en interne !

Les divisions au sein du RN peuvent-elles aider Zemmour ? Les dissidences à l’extrême-droite ont toujours été sans résultat et Florian Philippot pourtant très connu en a fait les frais (0,6% aux europénnes de 2019). Zemmour peut encore aux Européennes passer la barre de 5% et s’incruster dans le paysage.

Mais les divisions au sein du PS, du PCF, d’EELV et de LFI sont beaucoup plus importantes sans pour autant parler de gauches irréconciliables. La preuve, il s’agit là de quatre partis qui ont signé le même accord pour les législatives ! Et depuis ils travaillent à l’Assemblée.

Pourtant le dossier de Marianne, très bien construit montre comment Ruffin et Mélenchon se positionnent de façon très différente sur des sujets cruciaux.

Que peut-il se passer en 2027 ? Mélenchon sera candidat, j’en suis persuadé. Ce grand admirateur de Mitterrand fera comme lui en 1988 : il attendra le dernier moment pour dire que sans lui ça serait l’explosion de candidatures. Jouer la carte de l’homme indispensable. Donc faire semblant qu’il pourrait ne pas être candidat, sans dire qu’il ne le sera pas ! Ruffin peut-il être candidat tout de même ?

2027 c’est loin et sert à faire oublier l’élection la plus proche : les sénatoriales de… 2023 ! Le mode de scrutin est double : à la proportionnelle dans les grands départements (où il pourrait y avoir des listes unitaires), et sans proportionnelle où là aucune union n’est possible. Le projecteur braqué sur les Européennes sert aussi à masquer les Sénatoriales où la dernière fois, LFI a refusé de participer, sauf dans deux cas de dissidences comme dans l’Ariège.

Le RN caracole en tête mais ce fut aussi le cas aux sondages ds Européennes de 2019 quand tous le donnaient gagnant alors qu’il a fait à peine mieux que la liste macroniste. L’autre erreur fut celle du score d’EELV toujours donnée à moins de 9% et qui a fait 13%. Inversement le score de LFI a été moins important que les sondages qui sont allés jusqu’à 9% pour un score de 6%. Pour le reste le score de 6% pour le PS (malgré un score de 3% pour la liste Benoît Hamon qui après ça a disparu de la vie politique) et de 2,5% pour le PCF furent les scores annoncés.

Pour la droite cependant, son score a été très inférieur aux sondages. 8% au lieu de 13% annoncés.

La difficulté des sondeurs tient au faible taux de participation.

Bref, en 2019 le RN est arrivé en tête d’un poil, ce qui n’a pas empêché Mélenchon de faire un bon score à la présidentielle suivante… mais le RN aussi ! J-P Damaggio