Des présidentielles aux législatives
Une fois de plus on pose la question de la baisse électorale de FI de la présidentielle aux législatives. La question n'est pas posée aux autres candidats comme le FN et la droite. Et dans l'idée de remettre en cause la position adoptée pour le second tour des présidentielles. Donc je le repète, en 2012 Mélenchon a aussitôt appelé à voter Hollande et de la présidentielle aux législatives la chute en pourcentage est du même ordre. Le problème n'est donc pas circonstanciel mais structurel à cause du délai entre les deux élections. Pourquoi ne pas les mettre le même jour ? JPD.
Thomas Guénolé est politologue, maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique (CEVIPOF). Il est l'auteur de Les jeunes de banlieue mangent-ils les enfants? (éd. Le bord de l'eau, 2015) et La mondialisation malheureuse (éd. First, 2016).
FIGAROVOX.- Entre la présidentielle et les législatives, le pourcentage de voix de La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon a fondu de 20% à 11%. Son refus d'appeler à voter Macron au second tour de la présidentielle, et sa polémique avec Bernard Cazeneuve sur l'homicide du manifestant Rémi Fraisse, expliquent-ils cette baisse?
Thomas GUÉNOLÉ.- Un certain nombre d'analystes et de journalistes politiques soutiennent cette thèse. Mais c'est un cas typique de surinterprétation des faits: car ceux qui donnent cette explication n'ont rien d'autre à avancer que leur intime conviction. En réalité, par rapport à la présidentielle, tous les blocs politiques ont perdu des voix aux législatives. Mais certains ont baissé encore plus fortement que d'autres, parmi lesquels La France insoumise. Pour autant, en réalité les Insoumis ne sont pas passés de 20 à 11% des suffrages exprimés: Jean-Luc Mélenchon ayant été soutenu à la présidentielle à la fois par LFI et par le PCF, il faut additionner leurs suffrages aux législatives pour comparer ce qui est comparable. On obtient alors une baisse de 20 à 14% des voix, et non pas de 20 à 11.
Or, les enquêtes post-électorales indiquent qu'un quart des électeurs de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle n'ont pas voté pour lui par adhésion : c'était un «vote utile» de gauche, après avoir vu Benoît Hamon s'écrouler dans les sondages. La présidentielle une fois passée, La France insoumise a donc perdu immédiatement ce quart de voix. Ajoutez à cela que les jeunes et les plus pauvres, qui étaient surreprésentés dans le vote Mélenchon au premier tour de la présidentielle, ont tendance à s'abstenir davantage que la moyenne aux élections législatives. Vous obtenez ainsi des causes tangibles, étayées, et sans surinterprétation infondée, pour expliquer l'hémorragie électorale du bloc mélenchoniste.