Tartanac, le bonheur par le rugby
Gérard Tartanac, paysan communiste de Sérignac (82) aimait l’écriture. Ici il raconte en vers, un match de rugby, du temps où le club de Beaumont de Lomagne avait une équipe de premier plan et un demi de mêlée international (ah ! la famille Barrau !). Le rugby de « village » était la règle. Ce texte a été publié sur les Nouvelles du Tarn-et-Garonne, l’hebdo communiste, pour un spécial Beaumont de Lomagne. Je ne sais ce qu’en pensèrent les lecteurs mais je crains que beaucoup aient trouvé prétentieux de vouloir écrire en vers, et déplacé de le faire dans un hebdo dont la fonction était la politique. Mais ce détour par le rugby respire le bonheur. Souvent en France on aime que chacun reste à sa place… J’ai la sensation qu’aujourd’hui on a perdu bien des audaces d’hier… J-P Damaggio
P.S. Il est des noms de joueurs oubliés tout comme les exploits de Lavelanet mais tout aficionado peut suivre le match..
Gérard Tartanac, poème repris dans le N° 66 23 décembre 1973.
Le match fut d'abord difficile
Les adversaires étaient habiles
Et ils surent jouer du pied
Pour pouvoir marquer les premiers.
Guillas a bu jusqu'à la lie
Un vin trop fort de Malvoisie
Mais des quarante cinq a passé
Trois points qui ont beaucoup comptés.
Pourquoi fallut-il que Bonastre
Connut un si profond désastre
Pour avoir entre des Barrau
Levé la jambe un peu trop haut.
C'était pour monter bien plus vite
Il cogna sur un satellite
Et deux astres se rencontrant
Font un coup de sifflet strident.
Les quatorze qui demeuraient
Pondirent sans lui un essai
Le talonneur ratissait
Et le coq concrétisait.
L'arrière, calme, transformait
Et le score s'égalisait
Les quinze avaient livré l'assaut
Blancs comme la neige d'en haut.
C'était du travail collectif
Obscur ou non, tout constructif
Que l’on soit sur le banc de touche
Ou bien que la gloire vous touche.
L'arbitre prit pour un baudet
Un joueur de Lavelanet
Le soleil jaune se couchait
Et dans le noir, LANNES ruait ?
Les Beaumontois sautèrent si haut
Au second essai de Barrau,
Qu'ils respirèrent l'air des cimes
Ils avaient côtoyé l’abîme.