Italiens à Toulouse en 1947

Reportage sur ce journal le 19 juillet 1947 au sujet de la présence des Italiens à Toulouse. Cet article rappelle l’immigration de 1946, il fait comme si les Italiens soutenant Mussolini n’avaient pas existé, il insiste sur le désir d’intégration (mais je ne connaissais pas le prix de la naturalisation) et sur le nombre. JPD

TOULOUSE ; TOUR DE BABEL • Comment vivent les étrangers dans notre ville 2o.ooo ITALIENS ...mais dont les enfants» pour la plupart» sont ou seront Français

UNE ENQUÊTE de MARC FRANCIS

APRES l'émigration espagnole, au double visage économique et politique, vient par ordre d'importance l'immigration italienne. Celle-ci ne peut plus avoir de caractère politique nettement déterminé. Elle est devenue uniquement économique. Il y a une vingtaine d'années, l'afflux des Italiens dans la région toulousaine fut important, Après avoir cessé presque complètement, un nouveau courant d'émigration se crée avec l'appui des autorités italiennes et françaises pour amener en France la main-d'œuvre qui fait actuellement défaut.

UN PERE : « JE SUIS ITALIEN... MAIS VOILA CINQ FRANÇAIS »

Les Italiens de France se sont adaptés très facilement et leur assimilation définitive à la vie française n'est qu'une question d'années. Ce père de famille me disait en montrant ses cinq enfants : « Moi je suis Italien, mais voilà cinq Français » et n'était l'abondance des vermicelles et pâtes qui transformaient le potage en une « soupe » très épaisse, ou le plat de «pollenta», sauce tomate (sorte de bouillie de farine), visiblement servi en mon honneur, il aurait été impossible à une personne non avertie de conclure qu'elle dînait avec une famille italienne.

Le père m'entretenait, en hésitant légèrement sur les mots, de problèmes sociaux. Ouvrier dans une manufacture de tissage, il avait les mêmes préoccupations qu'un travailleur français.

Il me disait aussi combien le montant des frais et droits de naturalisation est élevé — 30.000 fr. environ. Cependant, il avait profité des possibilités offertes par la loi pour accorder à ses enfante la nationalité française dès leur naissance. Ce Toscan, employé du bâtiment avait, comme 95 % des Italiens de Toulouse, signé pour la France pendant les douloureux événements de 1940. Cet entrepreneur a participé à la Résistance et au maquis. Il me cite des exemples où, sang l'aide de fermiers italiens, le maquis des environs de Toulouse n'aurait pu être ravitaillés.

REPARTIR

Juste et très sensée a été l'appréciation portée par un restaurateur d'origine italienne sur ses compatriotes : « Il en est des émigrés italiens comme des Français; il y en a de tous. Bien sûr ! il y a un certain type d'émigrant italien mais c'est avant tout un homme qui vient en France pour travailler. Un Jour, peut-être, à force de volonté, il sera riche ou assez riche et pourra alors réaliser ce rêve de beaucoup d'Italiens en France : revenir dans son pays natal et y passer ses derniers jours »,

ITALO-FRANÇAIS

Cet autre Italien m'a fait remarquer combien sont fréquents les mariages entre jeunes des deux nationalités et il s'est fâché quand j'ai prononcé à son sujet le mot d'étranger. « A la guerre, j'ai été volontaire; depuis vingt ans je travaille en France; Je suis naturalisé et citoyen de la République française, J'ai le droit d'être considéré comme un Français de naissance ».

 COMBIEN D'ITALIENS ?

Quel est le nombre d'Italiens dans la ville ? Ce dirigeant d'une Association groupant tous les mouvements de résistance italiens s'est gratté la tête à cette question. Un jeune homme a évalué leur nombre à 25.000; le dirigeant a dit 15.000 et ils se sont mis à discuter pour savoir s'il fallait compter ceux de la banlieue ou uniquement ceux de la ville. Ils ne sont pas tombés d'accord sur le chiffre exact des Italiens de Toulouse. Disons... 20.000. »