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Vie de La Brochure
4 février 2015

En Algérie avec Slimane Azem

 

En Algérie aussi on pense à Slimane. Sur le journal Liberté. Jean-Paul Damaggio

 

SLIMANE AZEM (1918-1983)

Il y a 32 ans nous quittait le poète de la chanson kabyle de l’exil

“Hirondelle ! Étale tes ailes et fonce dans le ciel pour me ramener les nouvelles du bled”, un refrain nostalgique et significatif chanté par Slimane Azem qui a été arbitrairement privé de poser le pied sur le sol qui l’a vu naître. Le natif d’Agouni-Guéghrane, dans la daïra de Ouadhia, le 19 septembre 1918 n’était pourtant ni un politicien ni un amateur du mousquet pour subir ce sort. Il n’avait que sa langue et sa voix, sa poésie et son instrument. Des années durant, il a conjugué l’amour, l’exil et la condition de l’être humain et son incurie ainsi que tant d’autres thèmes de la vie pour constituer un riche répertoire porté à jamais dans les cœurs. Il a quitté ce monde au crépuscule du 28 janvier 1983, à l’âge de 65 ans, à Moissac (Tarn et Garonne, France), loin des siens et de sa terre natale. Da Slimane n’a pas été épargné, dès son jeune âge, par le cataclysme de l’exclusion, de la pauvreté et de la mélancolie en s’éloignant de sa Kabylie. A peine adolescent, il s’envola, en 1937, pour la France où il sera ouvrier, durant deux ans, avant d’être mobilisé à Issoudun (département de l’Indre).

A sa réforme, en 1940, il rejoindra le métro, qu’il évoquera plus tard dans ses jérémiades sur l’ostracisme, avant d’être enrégimenté dans le Service du travail obligatoire (STO), de 1942 à 1945. De retour à Paris, il s’affairera dans la gestion d’un café dans le 15e arrondissement, avant d’être découvert par Mohamed El-Kamal, célèbre chanteur et spécialiste du jazz, pendant qu’il se produisait pour la première fois en compagnie d’un orchestre amateur, et qui l’invitera à prendre part à son groupe qui se trouvait en tournée.

En 1951, Da Slimane enregistre sa première chanson A Moh a Moh, dédiée au poète kabyle Si Moh Ou Mhand. Après quoi, Madame Sauviat, unique disquaire spécialisée de l’époque, le présente à Ahmed Hachlaf qui était directeur artistique du répertoire arabe auprès de l’édition Pathé-Marconi. Slimane Azem a chanté par la suite l’identité, la patrie, l’exil, les valeurs sociales et ce sort qui s’est longuement acharné sur sa personne à tel point qu’il était interdit d’antenne en Algérie. Cependant, si l’exil a certes fait souffrir Slimane Azem, cette situation difficile lui a tout de même inspiré les plus beaux hymnes à la patrie et des vers inégalés sur la claustration de l’émigré et aux déboires auxquels il est contraint. Slimane Azem est aussi auteur de plusieurs sketchs amusants avec son complice Cheikh Nordine, comme Madame, encore à boire ! Au cours des années 1970, il s’installe à Moissac –un hameau qui lui rappelait sa Kabylie natale et son village– où il est enterré.

Aujourd’hui, 32 ans après sa disparition, sa mémoire nous inspire un aphorisme de Kateb Yacine selon lequel “On peut retirer ses terres à un homme, mais on ne pourra jamais retirer la terre du cœur d'un homme!”

R. S

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